Le témoignage de Vanessa Springora est déjà l'un temps forts de cette année littéraire
Le témoignage de Vanessa Springora est déjà l'un temps forts de cette année littéraire
Le Consentement a été une révélation pour moi, et je suis ravie d’avoir découvert Patronyme.
Dès l’incipit, nous comprenons la portée de ce texte :
« Il m’est plus facile de te le dire, maintenant que tu es mort : tu as toujours été pour moi un personnage intrigant. Toute ta vie, tu as tenté d’être quelqu’un, tu t’es inventé de multiples personnalités, une aura et une légende aussi fictives que l’était l’histoire de notre nom de famille. Tu es mort seul sur ton vieux canapé élimé, et tu ne m’as laissé qu’un mystère, ce champ de ruines qu’a été ta vie. »
Il s’agit d’une plongée dans les méandres de l’Histoire et des origines, d’un texte kaléidoscopique. En effet, Vanessa Springora nous entraîne dans une quête/enquête intime et vertigineuse, à la croisée des chemins entre généalogie, histoire et identité.
« Joseph K., le héros du Procès de Kafka, l’a compris avant tout le monde : l’enfer, c’est l’administration. »
Le récit s’ouvre sur la mort de son père, cet homme qu’elle n’a jamais vraiment connu et dont elle doit vider l’appartement, devenu une caverne aux secrets. Mais ce qui commence comme une tâche administrative se transforme rapidement en enquête haletante lorsque l’autrice tombe sur des photos troublantes de son grand-père paternel, vêtu d’un uniforme nazi. Ce déclencheur ouvre la porte à une recherche personnelle et universelle. Vanessa Springora retrace avec minutie l’histoire d’un grand-père mystérieux, confrontant archives, témoignages et souvenirs familiaux pour démêler vérité et mensonge. La Tchécoslovaquie déchirée, l’absurdité des totalitarismes… autant de tragédies du XXe siècle que l’autrice, en digne héritière des réflexions de Kafka et de Kundera, revisite avec acuité et émotion.
« Si je n’ai pas réussi à combler toutes les lacunes de la vie de mon grand-père, je sais ce que ce voyage m’a appris. Cette ombre que je sentais toujours me précéder, c’est celle de la violence des hommes qui n’en finit jamais de ruiner des vies, de tout saccager, et qui revient inexorablement frapper à nos portes.
Cette enquête n’a pas effacé mes peurs. Croyant me pencher sur le passé, je n’y ai trouvé que les échos d’aujourd’hui. En remontant le cours du temps, c’est le présent qui m’a rattrapée, ce champ de ruines que nous laissons à nos enfants, un monde qui s’achève dans l’impasse et les convulsions. Les spectres de l’histoire continuent de façonner le présent. L’histoire “avec une grande hache”, comme l’écrit Perec. »
Mais Patronyme n’est pas qu’un récit historique. Il nous interroge sur la transmission familiale, ces fils invisibles qui relient les générations et parfois nous enserrent. L’autrice nous livre une méditation sur le poids du passé et la difficulté d’échapper à l’ombre de ses ancêtres.
« Certains pans de leur vie resteront à jamais imbriqués. Chacun individu, qui le veuille ou non, est le dépositaire d’une histoire qui ne lui appartient pas, et dont il ne connaîtra jamais que les contours, une histoire estompée par le temps, remodelée par l’obscur fonctionnement de la mémoire, par les récits qu’on a bien voulu lui en faire. »
Patronyme fascine par la richesse de ses références et l’intelligence de son propos, et touche par sa profonde humanité. Ce qui aurait pu rester un récit purement personnel est en fin de compte une réflexion collective sur l’héritage, le silence et les blessures transmises à travers les générations.
Un texte bouleversant, à la croisée des genres, à lire pour sa capacité à interroger notre rapport à l’Histoire et à nous-mêmes.
#Patronyme #NetGalleyFrance
Le père de V Springora est décédé 6 jours après la sortie réquisitoire de son roman « Le consentement ». Est ce un léger sentiment de remords, mais au moins le sujet de son second roman était trouvé.
Le besoin fugitif de connaître l’origine de son patronyme et donc au-delà, son père et son grand-père est devenu au fil du temps une quête frénétique en Europe de l’Est en particulier. Si frénétique , si détaillée que l’ennui s’est installé dans ma lecture, j’avoue avoir lu pas mal de pages en diagonale.
En fait , des photos avec des brassards redoutés montraient son grand-père .
Le roman se termine sur une petite partie de moraline propre à rassurer les lecteurs.
On commence par le décès d’un père absent et mythomane pour aboutir à un grand-père au passé si mystérieux, par suite de la trouvaille d’une photo de lui avec un sigle SS sur sa tenue.
Commence alors des recherches et des découvertes dans cette famille taiseuse, qu’elles soient en France, Tchéquie ou Allemagne.
On suit bien volontiers son autrice.
C’est vif, prenant, intéressant, on ne s’ennuie jamais et cerise sur le gâteau c’est très bien écrit.
#Patronyme fut vraiment une lecture passionnante et j’en remercie vivement #NetGalleyFrance.
Vanessa Springora est de retour pour cette rentrée littéraire d'hiver 2025. Après "Consentement", récit autobiographique où l'auteure révélait sa liaison, alors qu'elle était une adolescente de 14 ans, avec l'écrivain Gabriel Matzneff, âgé de 50 ans.
Après la mort de son père Patrick, Vanessa Springora découvre des documents et photo notamment de grand-père, Joseph, portant des insignes nazis sur une tenue d'escrime. Déserteur tchèque, a-t-il été enrôlé de force dans l'armée allemande, comme le raconte la légende familiale ?
Ce récit intime sur les traces de sa famille, République tchèque, Allemagne et France. Un nom forge une identité, l'écrivaine le démontre avec force, courage et émotion dans une vérité parfois éprouvante. Secret de famille pesant, histoire vrai, témoignage, identification d'un père absent depuis dix ans.
La plume est fluide, une histoire universelle, une quête familial fascinante, des questionnements et de l'émotions.
"Si je n’ai pas réussi à combler toutes les lacunes de la vie de mon grand-père, je sais ce que ce voyage m’a appris. Cette ombre que je sentais toujours me précéder, c’est celle de la violence des hommes qui n’en finit jamais de ruiner des vies, de tout saccager, et qui revient inexorablement frapper à nos portes."
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