Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Pétillant, judicieux, tragique et comique à la fois, « Petit abécédaire de l’apocalypse heureuse » est un bonbon acidulé fondant en bouche. Sous ses faux-airs de clown au nez rouge, l’humour au garde-à-vous, cet essai voire pamphlet est la prononciation à la virgule même de notre monde.
Rien n’est laissé au hasard. Le compte à rebours est lancé : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
Absolument pas dans le jugement, ni la morale, ce texte est la démonstration de nos ambiguïtés et de nos contradictions. Essentiel, précieux, sociologique, il est également d’une intuition politique grave.
Pascal Fioretto brise les carcans avec raffinement et finesse. D’aucuns se sentent concernés. Tous, nous sommes complice avec cet essai crissant comme de la glace et remarquable.
Gorgé de malice, notre monde est dépeint, tout en déliquescence. Ici, il reçoit un coup de règle sur les doigts. La subtilité est un lâcher de crayons de couleur. Les diktats sont décortiqués. Nos habitus aussi. Ce pourrait être aussi un crucial livre sociétal. Un modèle pour les hautes sphères politiciennes. Écoutez Pascal Fioretto : « E. S’[e]ffondrer : À l’idée que la Fin commence bientôt, certains d’entre nous entrent en dissonance cognitive et sautent dans leur 4X4 pour aller embrasser les arbres… Et puis il y a les esprits forts qui, au lieu de faire semblant de croire que ça va finir par s’arranger grâce aux États généraux de la mobilité douce et au Grenelle de la soutenabilité écocitoyenne durable, ont compris qu’il n'y avait plus rien à faire et qui le font ».
Quid des survivalistes, des collapsologues, « s’attendre à des émeutes, pires que le jour du Black Friday chez Zara. Il y aura des coupures d’eau, d’électricité et même de Netflix ».
La déambulation est burlesque, jubilatoire et viscéralement brillante. La trame jongle entre un style d’une haute intelligence et la capacité hors norme et perfectionniste de démontrer tous nos travers et les paradoxes qui accentuent la fin du monde. L’ubuesque de nos comportements et de nos doctrines de vie.
« L : Trouver son [L]ieu de vie : Nous n’avons finalement pas choisi le Perche mais cette immersion dans le « foncier atypique » nous aura au moins appris que le prix au mètre carré varie en fonction du voisinage immédiat : néoruraux surdiplômés en crise de la trentaine ou agriculteurs glyphosato-dépendants ?… De la vie culturelle alentour : concerts de musique baroque ou cours de danse country ? ».
L’abécédaire est le reflet même de nos corpus idéologiques. Tous, nous avons notre propre façon d’être dans l’apocalypse, celle qui advient subrepticement. Pascal Fioretto jongle avec l’autodérision. On sourit de nos malheurs à venir, de nos chutes et de nos manichéennes attitudes.
« Mieux vaut donc porter un masque quand les traitements commencent et faire comme les oiseaux, fermer notre gueule ».
Quid de notre alimentation, de l’intelligence artificielle, des cryptomonnaies, de l’écriture inclusive et tutti quanti. Nous marchons dans une forêt et tant pis si les branches des arbres griffent nos convictions. Pascal Fioretto est un funambule sur le fil de la vie. Il ne vacille pas. Il a compris le sens du vent, la violence des dangers sournois, et les périlleuses arrogances.
« La vie matérielle est devenue smart. Téléphone, compteur électrique, automobiles, montres, tous rivalisent de pénétration et de réflexion ».
Éclatant de véracité, implacable, satirique, surdoué, cet essai est le dernier avertissement avant le Grand Effondrement. Géopolitique et l’anthropologie souveraine. « S’il y en a qui doivent être furax à propos de la Fin programmée de la planète, ce sont les peuples autochtones, ces gardiens vigilants et bénévoles de 80%de la biodiversité mondiale qui utilisent en toute parcimonie les ressources naturelles, tutoyant le vivant du plus petit ouistiti au plus grand baobab, négociant patiemment avec les forces invisibles qui veillent sur l’ordre et l’harmonie du créé . Ils vont devoir se fader l’Apocalypse comme tout le monde, sans même avoir profité des avantages de la croissance illimitée : autoroutes, 5G, retraite à points... ».
Lucide et indépassable, le pouvoir d’une littérature qui rassemble l’épars de notre terre en faillite. Un manifeste, un livre d’utilité publique. Prenez soin des illustrations de Stéphane Trapier, toutes explicites et de connivence avec notre époque « désespérante et drôle ».
Lisez ce livre, offrez-le sans modération. C’est un petit bijou de pure délectation. Publié par les majeures Éditions Herodios.
François Rollin, le génial acteur, le maître de l'humour absurde, le dieu du décalage et du non-sens -on ne sait, jamais s'il me lit, il faut que je sois à la hauteur et digne d'au moins un smiley ou un pouce levé, si tant est que Sa Grandeur daigne intervenir sur un blog somme toute modeste-, François Rollin disais-je, écrit un livre de mémoires, de ses rencontres avec les plus grandes personnalités françaises, puisque, humble et pas du genre à se faire mousser, il ne fait que citer ses amis-stars internationales qui ont intercédé auprès de lui pour qu'il trouve un moment dans son agenda surchargé pour discuter avec Sophie Marceau, Gad Elmaleh, Catherine Deneuve, Dany Boon, Isabelle Adjani, Laurent Ruquier, Fanny Ardant, Jean Gabin, Vanessa Paradis, Jean Dujardin, Florence Foresti, Christian Clavier, Carole Bouquet, Gérard Depardieu, Nathalie Baye, Arnaud Tsamère, Sophie Davant, Alain Delon, Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil, Isabelle Huppert, Omar Sy, Marion Cotillard, Philippe Etchebest, Juliette Binoche, Fabrice Luchini et Sarah Bernhardt.
Écrire que ce livre est drôle est un euphémisme, il est hilarant, d'une hilaration -je néologise-, qui ne fait point s'esclaffer bruyamment -quoique parfois, je n'en fusse pas loin-, mais bien se tordre les boyaux, se dilater la rate, se froisser la luette -je néologise également dans les expressions. Absurde, mythomane et mégalomane, François Rollin est tout cela et l'assume. Je ne dévoilerai rien des turpitudes, étranges hobbies ou manies, des passions et des bassesses qu'il prête à ses collègues et admirateurs de sa personne, encore que je pourrais dire des trucs sur la mégalomanie de Dany Boon qui bien que maltraité, écrit la préface. Un petit truc : si vous lisez lentement, vous pourrez entendre la voix de l'auteur vous raconter ses histoires, son ton sarcastique et décalé.
Pour conclure, citons l'illustre illustrateur, Stéphane Trapier, auteur également de l'excellent Mes plus grands succès, qui illustre donc -c'est son job- magnifiquement ce délire délirant de gros mytho.
Une bien belle découverte !
J'ai eu la chance de gagner ce livre grâce à un anagramme de ma composition :
Unis à la mort
L'amour saint ?
Mais il y en avait un autre encore mieux à mon sens :
"Tu m'aimeras toujours ?
Surtout jamais, morue !" de Nadine Giraud
Y'a de quoi s'amuser ! Mais faut se creuser les méninges. Haha !
En tout cas, je déguste ces anagrammes, je les picore, au gré de mes envies.
Ils sont coquins, crus, engagés, humoristiques ou poétiques... mais toujours ingénieux !
Le thème est l'amour au sens large.
Certains sont "juste" des anagrammes.
D'autres sont agrémentés d'un texte plus fourni.
Toujours un plaisir à la lecture, même si bien sûr, certains ont ma préférence.
"Langue de Molière
Génie de l'amour" ?
Ce recueil semble bien l'illustrer.
Compilation des œuvres de Stéphane Trapier, illustrateur de presse (Télérama, Le 1 Hebdo, XXI, Le Monde, ...) et auteur de bandes dessinées parues notamment dans Fluide glacial. Entre deux illustrations vintage détournées, on suit l'histoire de Giscard et de Giscarda sa femme, sous les traits des propres parents de l'auteur, tandis que lui-même est un Manu Mac'on, héros d'un monde sans R, qui s'exprime et pense sans cette lettre.
J'eus l'occasion il y a quelques semaines de compulser quelques planches virtuellement et l’expérience ne me satisfit point. Mais dès que je tins en mains la version papier, je fis une autre tête et me régalai aussitôt. La couverture du livre un peu rembourrée et ce dessin incroyable me plurent d'emblée, ce qui me conforta et me conforte toujours dans l'idée que je suis un homme à toucher du papier, à tourner des pages et non point à tapoter un écran pour les faire défiler, surtout lorsqu'il s'agit de bande dessinée.
Stéphane Trapier s'amuse avec des références musicales et cinématographiques de son enfance, et j'ai les mêmes -dont parfois, je ne suis pas très fier- ; il fait se télescoper des illustrations de grands films avec des extraits de chansons françaises : Gabin dit à Ventura, par exemple "C'est pourtant clair : je vous dis d'aller siffler là-haut sur la colline !" Il peut aussi être question des grandes préoccupations sociales, comme la retraite, mais mises en scène avec Superman et des Martiens, un seul dessin, très drôle. Décalage et donc rire.
Et la mise en scène des Giscard sous les traits des parents de l'auteur, avec un Giscard à l'ancienne, un peu machiste et une mère qui subit mais envoie des vacheries est irrésistible :
Elle : "A quelle heure arrivent nos amis pour dîner ?
Lui : Mais... Tu sais bien qu'on n'a pas d'amis...
Elle : Quel dommage ! J'avais préparé une blanquette de cons. C'est comme une blanquette de veau, mais préparée pour des cons. Tant mieux pour toi ! Tu vas pouvoir manger leur part."
Les dessins empruntent à plusieurs genres : la bande dessinée de SF vintage, l'illustration type affiche, le détournement d’œuvres et de personnages célèbres, la couleur, le noir et blanc.
Hilarant, décalé, absurde. J'adore.
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