"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1844, Un homme, fils de marchand de bestiaux, partit de Bavière, il s'appelait Heyum Lehman. Quand il arriva à New-York il devint Henry Lehman, plus simple pour l'agent d'immigration qui ne comprenait pas. Son arrivée à New-York m'a donné un sentiment de renouveau et de liberté, d'un nouveau monde qui ouvre grand les bras et d'autre chose de vertigineux sans pouvoir définir quoi. le pays de tous les possibles sans doute.
Le texte est très étrange, écrit comme un poème sans rimes, avec parfois beaucoup de répétitions, des moments très drôles aussi, et on avance dans l'histoire des frères Lehman un peu sans s'en rendre compte, happé par le récit. On les voit peu à peu faire fortune grâce à leur incroyable talent pour la spéculation, d'abord à Montgomery en Alabama, puis à New-York, la cosmopolite, le Graal !... avant la guerre de sécession qui met l'économie du pays par terre. Mais il y a des gens que rien n'abat et qui repartent de plus belle. Il y a une histoire de cerveau, de bras, de patate et de toupies qui m'a énormément amusée.
Étonnante famille qui sait calculer jusqu'à son temps de sommeil pour faire fortune. L'histoire Lehman Brothers est fascinante. Heyum Lehman, arrivé le premier aux États-Unis, a commencé à gagner de l'argent puis a fait venir ses frères, Emmanuel et Meyer. Les trois se sont mariés, ont eu des enfants et on a l'impression que l'unique but de leurs vies à tous était de travailler beaucoup et penser beaucoup pour gagner de l'argent, toujours plus d'argent, et à chaque génération ils étaient suffisamment doués et visionnaires pour y arriver. Doucement mais sûrement ils opèrent leur ascension sociale avec pugnacité, diversifiant sans cesse leurs champs de spéculations. Cependant, leur joie de vivre semble inversement proportionnelle à l'élévation de leur fortune. Ils sont sérieux et taciturnes. Des vrais croque-morts.
Pourtant ils donnent tous la sensation d'avoir un petit pète au casque, chacun fêlé à sa manière, ce qui rend l'histoire assez réjouissante. Comme par exemple la façon dont Arthur choisit sa future… Équations, algorithmes et autres formules mathématiques. C'est tellement drôle ! Ils sont fous ces Lehman !!! D'ailleurs leurs épouses sont toujours choisies de façon très pragmatique. Il semble même qu'elles ne servent qu'à la reproduction.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que je les ai tous trouvés antipathiques, tous ces riches, ces femmes de riches, ces gosses de riches. de pères en fils ils sont d'un cynisme sans borne, sans scrupules et totalement machiavéliques, sans oublier les cent-vingt règles infâmes qui régissent leur philosophie familiale qui mettent au pas le rêveur si par inadvertance il y en a un. Mais au fond, des gens qui ne pensent qu'au fric peuvent-ils être sympathiques ? Et quelle étrangeté ces hommes qui ont tellement d'argent qu'ils n'en dorment plus…
On traverse la guerre de sécession et l'abolition de l'esclavage, la première guerre mondiale, la prohibition, le krach boursier de 1929, la deuxième guerre mondiale, la reconstruction, le maccarthysme, la guerre du Vietnam, l'assassinat de JFK, et la chute finale de l'empire Lehman, avec un intérêt qui ne faiblit jamais.
C'est fascinant de voir le monde qui rétrécit à mesure que la technologie avance. Voir les femmes trouver leur place dans le monde du travail, voir naître le droit du travail et des droits sociaux…
Le destin de ces hommes d'affaires qu'ont été les Lehman est absolument vertigineux. Et alors, quel style ! Quelle écriture !! Quel humour !!! Je suis sûre que, racontée autrement cette histoire m'aurait profondément ennuyée. Mais quel talent !!! Car, me faire avaler 900 pages de l'histoire d'une dynastie de banquiers, c'est du grand art !
Le projet Manhattan est le nom de code qui désignait les recherches menées aux Etats-Unis pour produire la première bombe atomique de l'histoire. Alors que la menace nazie s'étend sur l'Europe, un seul mot d'ordre, y parvenir avant les Allemands. Ce grand saut dans l'inconnu sera l'oeuvre d'une poignée de physiciens de génie, pour la plupart juifs hongrois.
Cette histoire on commence à la connaître mais c'est sans compter sur le plaisir de retrouver Stefano Massini et ses vers libres qui sont sa marque de fabrique.
Avec son talent singulier, il parvient à rendre lisible et humaine, une aventure qui a changé la face des rapports de force entre les nations. Jamais il n'écrit un livre de physique ou de géopolitique, il ne fait que parler des hommes.
Et la forme enrichit le fond. Massini mêle les registres, martèle des répétitions qui imposent un rythme au récit. Les mots résonnent comme au théâtre avec musicalité et poésie. Tout cela teinté d'échos bibliques et d'infimes touches d'humour.
C'est bien sûr riche et documenté mais c'est surtout sensible. J'en aurais bien pris le double.
J'ai trouvé époustouflante l'histoire de ces 3 frères, les Frères Lehman (avec un seul n) Juifs Allemands, arrivés de Bavière aux États-Unis en 1844 avec peu et qui ont su créer un empire. En partant d'un petit commerce en Alabama pour arriver à Wall Street en rois de la Finance ! Une épopée incroyable sur fond d'Histoire Américaine.
En revanche, j'ai eu du mal avec le style de Stefano Massini et ai donc mis un certain temps à venir à bout de ce pavé.
“Manhattan Project” c’est le nom sous lequel est connu le programme lancé en 1942 par les Etats-Unis en vue de se doter de la bombe atomique. Programme qui débouchera sur les drames de Nagasaki et Hiroshima et changera durablement l’équilibre mondial.
Le livre de Stefano Massani entreprend de conter les prémices du projet. Nous sommes en 1938. Quatre jeunes physiciens juifs hongrois ayant fui leur pays et les risques liés à la montée du nazisme, se retrouvent à New-York. Inquiets de la possibilité que l’Allemagne se dote de l’arme nucléaire, ils se mobilisent et mobilisent leur réseau pour mettre sur pied ce programme dont Robert Oppenheimer sera l’un des symboles.
Difficile de se retrouver dans ce livre si on n’est pas déjà familiarisé avec cet épisode de l’histoire des Etats-Unis. Et le choix de l’auteur d’écrire son livre comme un poème en vers libres n’aide probablement pas.
Plus que le programme américain pour se doter de la bombe atomique, Stefano Massani semble ici s’intéresser aux caractères des quatre hongrois qui ont chacun leur manière de vivre leur exil et les mêmes interrogations quant à l’usage qui pourrait être fait de l’arme nucléaire.
Un parti-pris intéressant mais qu’il est difficile de suivre à cause d’une écriture où les répétitions se multiplient ainsi que les images stylistiques et les références religieuses. On a assez vite l’impression de tourner en rond sans entrer dans le vif sujet.
Le livre se lit très vite, trop vite, alors que le sujet mérite beaucoup plus de profondeur, d’explications et de pédagogie. On a très vite l’impression que le récit ne se base sur aucune réalité tangible, aucune recherche historique, aucune documentation alors que chacun de ces personnages a pourtant existé et a joué un rôle essentiel dans la mise au point de la bombe.
C’est vraiment dommage car on sent très souvent l’émotion et les interrogations qui pourraient naître de ce récit poindre entre les strophes mais qui ne se déploient pas au cours du récit. Une lecture frustrante donc.
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