"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
11 septembre 1844, apparition. Heyum Lehmann arrive de Rimpar, Bavière, à New York. Il a perdu 8 kilos en 45 jours de traversée. Il fait venir ses deux frères pour travailler avec lui. 15 septembre 2008, disparition. La banque Lehman Brothers fait faillite. Elle a vendu au monde coton, charbon, café, acier, pétrole, armes, tabac, télévisions, ordinateurs et illusions, pendant plus de 150 ans. Comment passe-t-on du sens du commerce à l'insensé de la finance ? Comment des pères inventent-ils un métier qu'aucun enfant ne peut comprendre ni rêver d'exercer ? Grandeur et décadence, les Heureux et les Damnés, comment raconter ce qui est arrivé ? Non seulement par les chiffres, mais par l'esprit et la lettre ? Par le récit détaillé de l'épopée familiale, économique et biblique. Par la répétition poétique, par la litanie prophétique, par l'humour toujours. Par une histoire de l'Amérique, au galop comme un cheval fou dans les crises et les guerres fratricides. Comment prendre la suite de Yehouda Ben Tema qui écrivit dans les Maximes des Pères : « Tu auras cinquante années pour devenir sage. Tu en auras soixante pour devenir savant » ? Nous avons 1207 pages et 30 000 vers pour devenir instruits, circonspects, édifiés. Groggy. Public Adulte.
1844, Un homme, fils de marchand de bestiaux, partit de Bavière, il s'appelait Heyum Lehman. Quand il arriva à New-York il devint Henry Lehman, plus simple pour l'agent d'immigration qui ne comprenait pas. Son arrivée à New-York m'a donné un sentiment de renouveau et de liberté, d'un nouveau monde qui ouvre grand les bras et d'autre chose de vertigineux sans pouvoir définir quoi. le pays de tous les possibles sans doute.
Le texte est très étrange, écrit comme un poème sans rimes, avec parfois beaucoup de répétitions, des moments très drôles aussi, et on avance dans l'histoire des frères Lehman un peu sans s'en rendre compte, happé par le récit. On les voit peu à peu faire fortune grâce à leur incroyable talent pour la spéculation, d'abord à Montgomery en Alabama, puis à New-York, la cosmopolite, le Graal !... avant la guerre de sécession qui met l'économie du pays par terre. Mais il y a des gens que rien n'abat et qui repartent de plus belle. Il y a une histoire de cerveau, de bras, de patate et de toupies qui m'a énormément amusée.
Étonnante famille qui sait calculer jusqu'à son temps de sommeil pour faire fortune. L'histoire Lehman Brothers est fascinante. Heyum Lehman, arrivé le premier aux États-Unis, a commencé à gagner de l'argent puis a fait venir ses frères, Emmanuel et Meyer. Les trois se sont mariés, ont eu des enfants et on a l'impression que l'unique but de leurs vies à tous était de travailler beaucoup et penser beaucoup pour gagner de l'argent, toujours plus d'argent, et à chaque génération ils étaient suffisamment doués et visionnaires pour y arriver. Doucement mais sûrement ils opèrent leur ascension sociale avec pugnacité, diversifiant sans cesse leurs champs de spéculations. Cependant, leur joie de vivre semble inversement proportionnelle à l'élévation de leur fortune. Ils sont sérieux et taciturnes. Des vrais croque-morts.
Pourtant ils donnent tous la sensation d'avoir un petit pète au casque, chacun fêlé à sa manière, ce qui rend l'histoire assez réjouissante. Comme par exemple la façon dont Arthur choisit sa future… Équations, algorithmes et autres formules mathématiques. C'est tellement drôle ! Ils sont fous ces Lehman !!! D'ailleurs leurs épouses sont toujours choisies de façon très pragmatique. Il semble même qu'elles ne servent qu'à la reproduction.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que je les ai tous trouvés antipathiques, tous ces riches, ces femmes de riches, ces gosses de riches. de pères en fils ils sont d'un cynisme sans borne, sans scrupules et totalement machiavéliques, sans oublier les cent-vingt règles infâmes qui régissent leur philosophie familiale qui mettent au pas le rêveur si par inadvertance il y en a un. Mais au fond, des gens qui ne pensent qu'au fric peuvent-ils être sympathiques ? Et quelle étrangeté ces hommes qui ont tellement d'argent qu'ils n'en dorment plus…
On traverse la guerre de sécession et l'abolition de l'esclavage, la première guerre mondiale, la prohibition, le krach boursier de 1929, la deuxième guerre mondiale, la reconstruction, le maccarthysme, la guerre du Vietnam, l'assassinat de JFK, et la chute finale de l'empire Lehman, avec un intérêt qui ne faiblit jamais.
C'est fascinant de voir le monde qui rétrécit à mesure que la technologie avance. Voir les femmes trouver leur place dans le monde du travail, voir naître le droit du travail et des droits sociaux…
Le destin de ces hommes d'affaires qu'ont été les Lehman est absolument vertigineux. Et alors, quel style ! Quelle écriture !! Quel humour !!! Je suis sûre que, racontée autrement cette histoire m'aurait profondément ennuyée. Mais quel talent !!! Car, me faire avaler 900 pages de l'histoire d'une dynastie de banquiers, c'est du grand art !
J'ai trouvé époustouflante l'histoire de ces 3 frères, les Frères Lehman (avec un seul n) Juifs Allemands, arrivés de Bavière aux États-Unis en 1844 avec peu et qui ont su créer un empire. En partant d'un petit commerce en Alabama pour arriver à Wall Street en rois de la Finance ! Une épopée incroyable sur fond d'Histoire Américaine.
En revanche, j'ai eu du mal avec le style de Stefano Massini et ai donc mis un certain temps à venir à bout de ce pavé.
Difficile de résumer ce récit tant la forme est originale et les messages au second voire troisième degré.
Pendant plus de 800 pages, des vers qui ne riment pas s'enchainent ; l'auteur va assener, illustrer, raconter la banque Lehman de la genèse, en 1844, à nos jours.
Il faut se concentrer ; on sourit parfois, on est affligé souvent, on découvre tout le temps.
Cette banque, c'est aussi une famille et, comme dans toute les familles, le pire côtoie le meilleur.
Alors oui, il y a quelques longueurs car le mode narratif s'enlise parfois et ronronne sur la durée mais franchement c'est un roman à part.
Un sujet sérieux, moderne et qui fait réfléchir.
Biographie des frères Lehman assez réussie. Comment monter un empire mondial et 3 générations, jusqu'à la chute en 2008
Pour faire court : Ne passez pas côté !!!!!
Pour faire plus long,voici un résumé !
Avec un humour subtil ,omniprésent et parfois en équilibre avec une belle ironie non dépourvue de sensibilité Stefano Massini nous emmène vers 840 pages de récit quasi biographique sur LA banque Lehman Brothers qui connu un sort funeste lors de la crise de 2008.
Divisée en trois partie (Livre I :Trois frères,livre II :Père et fils livre III: L'immortel ) On entre dans cette histoire comme dans un livre magique rempli de symbole et de références qui nous donne l'impression qu'on nous livre un secret . Un peu comme ces codex anciens qu'on tiens avec des gants
Dans le livre 1 on assiste à la genèse du sujet .
Henry fraîchement arrivé en Amérique fait venir ses deux frères ,Emmanuel et Mayer. Leur principe de base est simple MAIS fondamental :il suffit de vendre ce que l'homme est OBLIGER d'acheter .Commence alors le commerce de Coton,de sucre puis de café....Toute l'ascension viens de cette capacité à faire fructifier et diversifier les horizons . "S'enrichir n'est pas un commerce,c'est une science .Soyez rusés,mais également prudents" dit Abraham le père des pères fondateurs de l'Empire qui a déja connu une faillite lors de la guerre de Sécession (qui a cessée,ça c'est sur !)
Apres la mise en place des fondations ,il faut construire les murs et c'est dans le Livre II ;Père et fils qu'on parle de succession (qui elle ,ne fait que commencer !)
Le commerce devient une banque et au fur et à mesure de la lecture on assiste à une belle dégustation de réflexions sur les métiers de la banque toutes plus pétillantes et véraces les unes que les autres .Les murs sont posés et bien posés avec la création de Walt Street . Page 373,tout est résumé par le discours de Philip (fils d'Emanuel ) page 375 ;on vous explique le principes des intérêts et page 390 on vous enseigne les dogmes de la réussite pour terminer page 468 par le pourquoi du comment du fonctionnement de la bourse (si toutefois vous suivez !) et ...ce n'est pas fini car selon les dires d'Abraham :" La véritable affaire ne se fait pas avec les raisonnements mais avec les yeux,les mains,le nez !". Alors commence le Livre III .
Dans cette partie c'est la rencontre avec le caractère intime des fondateurs déjà débutée à la fin du livre II qui parle du "départ" de Dreidel (avec une déclaration sublimissime sur le lexique de situation avec cette conclusion parfaite :" Et vous,quel mot aimeriez vous utiliser ? .Déclaration qui mérite à elle seule un beau temps de réflexion ) On entre dans la sphère plus intimiste . Un échange savoureux de drôlerie page 550 entre un père et son fils (Philip et Bobbie) nous permet de prendre le virage de la crise de 29 avec une certaine élégance pour atterrir dans les méandres de la seconde guerre sans trop de dommage même si l'eau à endommagé certaines fondations .
Les investissements géniaux dans le 7eme art,l’électronique et bien d'autres domaines nous feront voyager dans un secteur novateur de la publicité et sans le savoir les frères Lehman mettront sur pied le principe même du Storytelling (principe marketing qui consiste à raconter une histoire autour d'un produit ) bien avant que le nom lui soit attribué .
Tout est avant-gardiste ,tout est incroyablement bien élaboré jusque dans les débuts de l'animation,de la bande dessinée où les super -héros aident l'humanité à adoucir les rudesses de la vie car :" Quand le monde pisse dans son froc,il faut des héros aux super pouvoirs !" et c'est sur cette ultime étape du traiding (qui aboutira à la crise de 2008 ) que cette même banque qui avait refusé d'investir dans le Titanic ira s'échouer aux confins de la prétention ascensionnelle à plus l'infini sans envisager l'amertume d'un naufrage.
Pourtant ,ils n'étaient pas sans savoir que "Préparer du jus de citron n'est pas un métier éternel :on finit par presser la peau plutôt que la pulpe " et que malgré tout le génie ,le savoir l'inventivité et le courage dont ils ont fait preuve ,la vie restera faite de hauts et de bas.
Une roman coup de cœur qui reste remarquable par son volume(même si la lecture en est toute légère) par son humour polymorphe incroyable de subtilité (bande dessinée,rêve prémonitoire ,originalité de textes ) et par sa profondeur d'analyse et de réflexion magistralement écrite.
A mon avis ,une oeuvre incontournable qui pourrait être prochainement d'actualité sur bien des plans .
J'ai pris mon temps et j'ai bien fait. Parce qu'un livre comme celui-ci, franchement, on ne vous en sert pas tous les jours !
Maintenant, il me faut le chroniquer et je me sens tellement « petite » face à une telle œuvre que je ne sais par quel bout commencer !
Alors, faisons simple, commençons par le commencement…
Il était une fois un fils « de marchand de bestiaux » nommé Heyum Lehmann qui quitta Rimpar en Bavière et arriva à New York le 11 septembre 1844. Il avait perdu 8 kilos en 45 jours de traversée. L'officier du port écrivit sur les registres « Henry Lehman » et lui souhaita « good luck ».
C'est beau l'Amérique !
Il était une fois des amis juifs allemands qui dirent à notre Henry : « On gagne de l'argent avec ce qu'on est bien obligé d'acheter » (logique!) Et un vieux rabbin aux yeux qui louchent d'ajouter : « un poisson vit dans l'eau et l'eau ne se trouve pas seulement dans la mer. » (CQFD)
Et avec ça, Heyum Lehmann, pardon Henry Lehman, devrait se débrouiller !
Moi, j'aurais pleuré et je serais rentrée chez moi aider mon père à élever ses bestioles…
Eh bien figurez-vous qu'on retrouve celui qui, pour le moment, n'a pas franchement l'étoffe d'un héros, dans une petite boutique de Montgomery, Alabama, au milieu de tissus « étoffes enroulées/ étoffes brutes/ étoffes enveloppées/ étoffes repliées/ tissus/ linge/ chiffons/ laine/jute/ chanvre/ coton./ Coton. / Surtout du coton »
Un coton un peu spécial, le « blu di Genova », autrement dit « bleu de Gênes », qu'on ne prononce pas très bien, là-bas, en Amérique, et ça donne quelque chose comme « blue-jeans ».
Une marchandise « first choice », du solide, de l'inusable.
Bref, Lehman est « une bonne adresse » et ça se sait !
Et lorsque qu'une jolie demoiselle se casse la figure en tentant d'ouvrir la porte un peu difficile de la boutique et qu'elle s'entaille la joue, on lui propose généreusement des mouchoirs, pour qu'elle se nettoie. « J'en ai à 2 dollars, à 2,50 et à 4. »
Celle qui deviendra la femme de notre goujat fonce d'un pas ferme jusqu'à lui et s'essuie avec la cravate du malotru. C'est qu'elle a du caractère Rose Wolf !
Comment les deux frères d'Henry : Emanuel et Mayer, débarquèrent et modifièrent de quelques coups de pinceaux l'enseigne au-dessus de la porte qui devint « TISSUS ET HABITS LEHMAN BROTHERS », comment il arriva ce qui arriva à l'un des trois…, comment ils vendirent le coton de 24 plantations puis se séparèrent, l'un à Montgomery, l'autre à New York, 119 Liberty Street : « 24 fournisseurs de coton au Sud/ 51 acheteurs au Nord », c'est tout un programme, et vous ne me croiriez pas, alors, je n'en dirai rien...
Et en plus de cela, vous vous en doutez, la grande Histoire va mettre son nez dans la petite : la guerre de Sécession, le Nord contre le Sud et au milieu, les Lehman Brothers « comprimés/ encastrés/ tel un gobelet de verre », puis l'abolition de l'esclavage, la crise de 29, les guerres… Vous ne pouvez imaginer le tourbillon qui s'en suivit...
Après le coton, le charbon, après le pétrole, le sucre, après le café, le tabac, après le fer, le gaz ETC,ETC, ETC : puis vint LA BANQUE, LA SACRO-SAINTE FINANCE, celle qui gouverne le monde et fait avancer les hommes.
Comment les frères répétèrent inlassablement à leur progéniture, celle qui prendra la relève, que « le financier ne doit pas/ lâcher prise un instant/ qui s'arrête est perdu/ qui reprend son souffle est mort/ qui s'installe est piétiné », je vous laisse le découvrir ! Qu'ils le sachent, les futurs Frères Lehman (en réalité cousins), que ces mots soient gravés dans leur coeur et dans leur âme !
Ce texte, écrit en vers libres (ils se lisent très facilement!), porte en lui un souffle puissant qui retrace l'odyssée d'un homme de rien ou de pas grand-chose, entreprenant la conquête de l'Amérique et décidé à s'y lancer corps et âme avec ses deux frères. Et c'est fabuleux ! Parce que leur histoire, véritable épopée moderne, est totalement incroyable et que l'écriture nous transporte, à travers ses répétitions qui rythment le texte, ses litanies rappelant les psaumes bibliques, les prières, les chants, sa poésie, ses listes folles (celle par exemple des 12 épouses parfaites possibles selon Philip Lehman… HILARANT!), ses inventaires (les 120 règles du miroir). Tous les tons, tous les genres, tous les registres sont convoqués, même la BD !
Et surtout, ce qui domine, c'est l'humour, omniprésent, décapant, irrésistible, fou, tragique parfois. Les portraits des personnages relèvent souvent de la caricature, les traits sont grossis et le burlesque devient irrésistible !
Tout le monde connaît ce qu'il est advenu de la banque Lehman Brothers en 2008 lors de la crise des subprimes, or personne ne sait ce qui s'est passé avant, qui furent ces hommes et comment ils se hissèrent au sommet.
Enfin, et pour finir, on vous sert sur un plateau, une Histoire de l'Amérique (pas rien!) et un cours d'économie haletant, drôle et compréhensible (si, si, c'est possible !)
Un texte magistral comme on en lit peu !
LIRE AU LIT le blog
QUI eut dit que l histoire d une banque puisse etre si palpitante? ce roman de 800 pages, raconte comment les freres lehmann , jeunes juifs emigres de baviere qui ouvriront leur boutique en alabama en 1845, developperent leur affaire jusqu a se trouver à la tete de la plus puissante banque americaine qui fit faillite il y a 10 ans
s massini a transformé cett histoire vraie en mythe, il nous fait comprendre comment le capitalisme a transformé l occident en société de consommation
c est aussi uene saga familaile pleine de personnages irresistibles , poetique comme les scketchs de buster keaton, dramatique comme un film des freres coen
génial
bonne lecture
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