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Les Éditions des Femmes - Antoinette Fouque ont mis à l'honneur Silvana Ocampo l'écrivaine argentine avec la parution le 13 avril dernier de ce recueil de vingt-quatre nouvelles et de deux courtes fictions : ça a été l'occasion de découvrir ce pan de littérature du pays sud-américain en même temps que la plume d'une des auteures la plus importante de son pays. En lisant les quelques lignes de la biographie de Silvina Ocampo, j'ai eu comme l'impression d'y voir la figure de Virginia Woolf, un siècle plus tard, une femme avant-gardiste, indépendante, figure essentielle de la littérature et du féminisme argentin, l'auteure étant décédée en 1993. Artiste complète, elle a étudié l'art pictural à Paris avant de se consacrer à la littérature.
Deux parties composent ce recueil : la première qui regroupe 24 nouvelles dont la nouvelle éponyme, Les Répétitions, la seconde contient les deux romans courts. Enfin, une sorte de postface complète ce recueil, son rôle est de donner plus de précisions sur la réécriture des textes. De fait, il faut d'abord saluer le pointilleux et exigeant travail éditorial qui a rassemblé des textes épars et les a remis dans un ordre chronologique alors même, comme ils le précisent en introduction, aucun d'entre eux n'a été daté par l'autrice. Il faut un peu de hauteur pour lire les textes : adapter son champ de vision, de lecture, à celui de la poétesse, un peu comme des lunette 3D, pour contempler les mondes qu'elle bâtit, bien loin de la simplicité et de l'unicité d'une vision objective. Comme, dans La femme immobile, ce terrain qui épouse la silhouette d'une femme endormie puis la métamorphose, sous le prisme de l’imagination débordante et créative, de la narratrice, en une sirène. Une imagination qui embellit, colorie, sublime la platitude d'un quotidien, terne et sans intérêt, en des moments d'exaltation : l'imagination de l'artiste, autant littéraire que picturale, est à son apogée, les nuages noirs deviennent un "grand encrier d'encre noir", elle prend les paysages qu'elle redessine et transcende, y rajoute un peu d'intensité, leur donne vie.
Dans chaque nouvelle, il y a cette petite touche picturale, distillées par le défilé de ces images, constituées par ces bribes de détails d"'un matin translucide et nacré", des métaphores souvent filées. Cette réalité alternative et complémentaire, attachée, comme son ombre, à cette réalité tangible, éthérée et intouchable, donne du relief à cette dernière, sombrement incarnée par les objets pragmatiques, froide et dure, retranchée dans les limites de leur surface tangible. Silvina Ocampo se joue de la réalité, de celle qu'un stéréoscope donne à voir, elle la tord, la déforme, selon un prisme de vision. Les deux courts romans s'articulent autour de ce thème de la vision tronquée, en particulier Jacinto Malvi, qui se centre autour d'un personnage non-voyant et médium : on ne trouvera pas plus ambivalent, et peut-être plus parlant du parti-pris de l'auteure. La véritable perception du monde ne dépend pas que de sa paire d'yeux, mais d'une capacité à le ressentir et à le discerner.
La place de la femme y est primordiale, protéiforme, elle prend une multitude de formes et de masques, sirène, araignée, fée. Et toujours, au centre de tout, cette question de l'identité, changeante, miroitante, au gré des nouvelles, où elle s'amuse à fabriquer des trompe-l’œil, à l'image de la ville de sable, qui d'une métropole se change en ce qu'elle est, sous le prisme de l'écriture, une ville à taille d'enfants faite de pâtés de sable. C'est ce jeu avec les perspectives que j'ai préféré, je crois, qui se décline dans presque chacun des textes, cette division du moi, d'un visage refait qui fait d'un homme aux deux visages, d'un jeu d'amitié ou amoureux en trio. On pourrait, peut-être, même considérer certaines nouvelles comme des expériences d'un artistique : la voix d'un homme cause d'un dégoût et d'une torture, l’expérience de l’obscurité, celle de l'imagination qui donne vie à un monde fantasmagorique ou les œuvres d'art prennent vie. On y sent toujours une force intangible, supérieure, invisible, incompréhensible qui vient contrarier la réalité pure, qui influe mystérieusement sur la nature des choses. C'est cette sorte de réalisme magique qui intervient de façon plus ou moins franche selon les textes.
Le talent de Silvina Ocampo a été reconnu très tardivement, dès les années 1980, car elle a longtemps été esquivée par son amitié avec Borges et le talent de ce dernier. Auteure très taciturne, elle s'est peu exprimée à l'oral, laissant l'honneur à ses écrits de s'exprimer. L'influence féministe est indéniable, elle met en avant les femmes et leurs ressentis, s'éloignant de l'image féminine et simpliste et proprette, elle s'entache à dévoiler les coins sombres de la femme. (...)
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