"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans l’avion qui la conduit de la Slovénie où elle vit depuis 60 ans à Paris, première étape de son voyage vers les souvenirs, Lisa Vidmar est envahie par l’angoisse. Depuis sa dernière visite à Paris en 1934, elle a traversé et subi les épreuves d’une guerre, s’est mariée, est maintenant veuve. Nous sommes en 2010. Il est des coïncidences qui permettent à des projets de se réaliser et à des histoires de revivre. Alors que Lisa Vidmar songe à renoncer, Evelyne Guénod réalise sa dernière journée de travail à bord du même avion. La rencontre entre les deux femmes va établir le premier lien qui permettra à Lisa, rescapée de la shoah, d’évoquer très progressivement son passé à l’aide d’outils mémoriaux personnels, de retrouver sa famille à Dijon sa ville natale et de découvrir des secrets enfouis.
« Petite Lisa » est un roman immersif, une fiction historique qui plonge le lecteur dans les pratiques des essais médicaux réalisés par de célèbres médecins nazis ou des médecins et femmes juives prisonnières travaillant aux services des nazis dans les camps de concentration, notamment au sein du block 10 à Auschwitz. Il met en exergue les expériences les plus sordides et les relations tissées entre les membres du personnel aux ordres de Mengele au risque de leur propre extermination en cas de désobéissance. Ce sont des pages difficiles, non pas à lire car l’auteure n’en rajoute pas, mais qui rappellent tant de faits relatés par des victimes tant dans la littérature que dans la presse, sources désormais non seulement importantes mais nécessaires en l’absence des témoins aujourd’hui pour la plupart disparus.
A contrario, dans cet enfer, pouvaient sourdre des relations amicales ou d’amitié, plus fortes que la douleur. Grande lectrice des récits sur la Seconde Guerre Mondiale, même si je ne me lasserai jamais de me documenter sur cette période de l’Histoire, ce sont surtout les sentiments et les émotions, la capacité de résilience, la force de faire front face aux épreuves, la volonté de déjouer ou de tendre un piège, qui m’ont beaucoup émue. Il s’agit pour moi de la grande force de ce roman. Et lorsque « le Roi des Aulnes » tend un fil d’humanité et relie le Docteur Winckler et Petite Lisa, le pouvoir de la poésie opère et touche forcément le lecteur !
Enfin, l’écriture sobre de Rachel Mourier rend ce livre accessible aux jeunes qui approfondiront leurs connaissances historiques tout en découvrant l’extraordinaire Petite Lisa dans son témoignage, certes fictif, mais inspiré de faits bien réels. Une façon très pédagogique d’attiser la curiosité des générations des enfants et petits-enfants des « baby-boomers ».
En rangeant la maison de sa grand-mère récemment décédée, Cécile trouve d'anciennes cartes postales d'un certain Pierre, de Montauban.
Or sa grand-mère de qui elle était très proche ne lui a jamais parlé de ce Pierre, non plus qu'à la famille.
Elle mène alors son enquête et découvre un secret de famille.
Une belle histoire relationnelle entre une grand-mère et sa petite fille.
Des personnages pleins de bons sentiments, de beaux décors bretons.
Ce fut une lecture plutôt agréable.
Ce qui m'a par contre agacée, c'est que l'auteure nous redit souvent quelque chose que l'on sait déjà, comme si elle voulait être sûre qu'on a bien compris.
Donner chair aux fantômes
Pourquoi cette vielle dame quitte Ciringa en Slovénie pour venir en France ?
Dès les premières lignes le lecteur sent qu’elle est fragile et perdue dans ce monde où tout vous presse. Après avoir imité les gestes des autres passagers elle est enfin à bord de l’avion. Évelyne, hôtesse de l’air effectue son dernier vol et elle est émue par la fragilité de cette dame.
Elle va la rassurer le temps du vol mais cela va aller plus loin.
Le malaise est palpable, à chaque étape, une chose est sûre les mots ne passent pas la frontière des lèvres de cette dame.
Une chaîne va se former, faite d’empathie et du hasard qui va mettre les bonnes personnes sur sa route.
« Ce n’est pas très surprenant, beaucoup de survivants de cette génération se sont construits par omission. Mais la résilience a ses limites. Il faut qu’elle libère sa mémoire…Il n’est jamais trop tard. »
Le lecteur va découvrir l’histoire de « la petite Lisa », petite fille juive, l’histoire de ce Block 10 et des expériences nazies.
Un livre qui nous montre qu’il est essentiel de recueillir ces témoignages de survivants qui n’ont jamais parlé, autant parce qu’il est difficile de dire l’horreur mais aussi et surtout parce que peu étaient disposés à entendre.
Inutile d’en dire plus, c’est un roman témoignage sur l’indicible.
Très accessible par sa forme, un livre qui peut ouvrir des portes aux jeunes générations qui auraient envie de savoir.
Dans une actualité qui nous brûle chaque jour un devoir de mémoire n’est jamais de trop.
Je remercie Masse Critique Babelio et les éditions du Seuil pour ce privilège.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/05/20/petite-lisa/
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