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Lorsque j’ai ouvert « L’angel que renais », j’ai immédiatement été charmée par les photos noir et blanc de Franc Bardou, ces statues, ces bas-reliefs représentant des personnages bibliques côtoyant des démons mais aussi des anges. Et puis, en contrepoids à ces portraits sur papier glacé, les poèmes de Paulina Kamakine, lumineuses allégories écrites sous l’aile tutélaire de l’Ange.
En digne héritière des trobairitz, Paulina Kamakine célèbre le sacré et l’amour grâce à la Poésie si nécessaire pour « porter le flambeau de cette terre ».
Le troubadour Bernart Marti écrivait : « qui bels motz lass’e lia de bel’art s’es entremes. » (celui qui sait lacer et lier de belles paroles s’occupe d’un bel art.) Oui, la poétesse lace, enlace, tresse ses mots dans un souffle de liberté qui nous cueille et nous baigne dans l’eau pure de l’Amour.
« Angel que renais, torna a l’alba
sa vocacion tan seminala
de sailar d’amor tota causa,
tot èsser viu, tot païsatge,
fins al grelhar de la mercé. »
Ange qui renaît, rends à l’aube
sa vocation si séminale
de parer d’amour toute chose
tout être vivant, tout espace,
jusqu’au retour de la merci.
L’Amour marche de concert avec l’anarchie du poète, et nous ouvre ce pays « où l’être éveillé refuse enfin obstinément de servir d’absconses illusions. »
Suivant les méandres de la vie, elle nous invite à une traversée parfois obscurcie de ténèbres. L’absence et le deuil se faufilent entre les mots « car si loin sont partis ceux qu’on aimait antan. »
Souffrance et solitude se conjuguent avec l’absence, tout au long de ces vers qui, pour être parfois sombres, sont aussi porteurs d’espérance.
L’écriture ne se montre jamais tapageuse pour célébrer la puissance des sentiments, mais elle peut être impétueuse comme torrent lorsqu’il s’agit d’exprimer ce désir de vivre dans la lumière. « Dans le sourire de la pluie / je retrouve enfin ta lumière »
« Dins lo sorire de la pluèja
Ta lutz adara m’es rendura. »
Je suis allée, avec regret, au plus facile en lisant la traduction française, ma connaissance de l’occitan n’étant que trop fragmentaire mais j’ai goûté au rythme, à la texture de la langue d’oc, notre langue originelle si chère à la poétesse qui proclame : « Descends sur nous, ô notre langue ancienne, sève des anciens, nouvelle source d’eau limpide »
« Davala sus nosautres, ô, lenga
anciana saba dels ancians,
nòva font d’aiga sempre linda. »
« J’ai fait ce vers sans savoir qui / le finira ni l’entendra » nous murmure la poétesse à la toute fin du recueil
« Fait ai lo vèrs, sense saber qui
l’acababarà ni l’entendrà… »
Á nous à présent de nous emparer de « ce vers de pur silence » et de le faire entendre.
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