Une sélection à haute valeur historique et humaine, 100 ans après la fin de la guerre 14-18
Une sélection à haute valeur historique et humaine, 100 ans après la fin de la guerre 14-18
L’insoumis
Ce livre est une merveille pour les amoureux des chats et de la nature, que ne l’ai-je lu plus tôt ? Merci à Babelio et au challenge multi-défis de m’avoir permis de découvrir ce roman-récit où l’auteur raconte l’histoire d’un petit chat noir né en ville, dans un grenier et qui, peu à peu, va découvrir le monde qui l’entoure. Ce petit chat noir effronté, aventureux même, et ce dès son plus jeune âge : il méprise Frère Blanc, plus timoré, qui lui, reste sagement auprès de sa mère… Clémence qui s’occupe de la maison d’un docteur l’attire, l’adopte et le prénomme Rroû … L’été venu, les voilà qui partent à la campagne, dans la grande propriété du médecin, au bord de la Loire. Pour Rroû, c’est une révélation ! Il y a tant à découvrir, tant à explorer, tant à apprendre ! Au cours de cet été magique, Rroû devient un chat adulte, se livre à des chasses mémorables, à de féroces batailles avec d’autres mâles, et découvre l’amour avec la belle Câline… Comment peut-on penser qu’à l’automne il pourrait rentrer en ville ? Une nuit de novembre, il n’y tient plus et s’enfuit… Grisé par sa liberté, Rroû n’imagine pas tous les tourments qu’il va vivre pendant cet hiver tragique, au bout duquel, quasiment mort il retourne à la Charmeraie où il a été si heureux … Le docteur et Clémence l’y retrouvent, le soignent, le sauvent, mais Rroû est un insoumis, Rroû est un chat libre…
L’écriture de Maurice Genevoix est simple mais extrêmement riche et vivante. Tout au long de ma lecture, j’ai eu l’impression d’être Rroû (et aussi Clémence !)… Les deuxième et troisième parties sont, de mon point de vue, les plus réussies.
J’ai également beaucoup aimé la préface d’Anne Wiazemsky, lue en postface pour ma part…
Hymne à la liberté et à la nature, ce livre m’a enchantée autant qu’il m’a fait pleurer…
Entrer dans ce livre, faire l’apprentissage de la nature et de ses richesses, de ses odeurs, de ses bruissements, car elle a un beau langage dame nature, c’est un voyage extraordinaire que nous offre la plume de Maurice Genevoix.
Les terres appartiennent Monsieur le Comte et Tancogne estson fermier général qui régit tout, terres et hommes, ils sont nombreux à sa botte.
Volat dit le Malcourtois est son métayer et il n’apprécie pas la dernière recrue de son employeur qui n’est autre que le gars Fouques dit Raboliot parce qu’il a une figure de lièvre et qu’il braconne abondamment, c’est une seconde nature chez lui, l’amour de la nature allié au frisson de l’interdit. De plus Raboliot est le cousin de la femme du garde-chasse Firmin Tournefier.
Cela va-t-il le freiner dans ses activités hors-la-loi ? Pas du tout.
Il va jouer avec le feu longtemps mais Bourrel est un acharné, un fier qui n’aime pas que l’on se joue de lui. Raboliot ce dit un petit tout petit face aux vrais voleurs Tancogne et Volat qui ont mis en place un trafic d’une autre envergure. Oui, mais Raboliot est un gibier de choix, trop libre l’animal.
Mais voilà qu’il est pris :
« D’abord parce qu’il s’agissait de lui. Que ce procès l’atteignît, lui, Raboliot, et tout était déjà changé. Depuis le temps qu’il braconnait, il ne s’était jamais fait prendre ; le soir où il avait tendu au bois de la Sauvagère était un soir comme tant d’autres : il était anormal, absurde qu’il se fût laissé prendre ce soir-là. Il avait calculé juste, senti juste ; ce soir-là comme tant d’autres, il était sûr de ses conjectures, des précautions qu’il avait prises, de tous les pas qu’il avait faits. Quelque chose était survenu, qui se dérobait à sa quête. »
Raboliot est épris de sa liberté, la Sologne c’est son habitat, il en connait tous les coins et recoins, les odeurs, les bruits, les variations au fil des saisons. C’est l’air qu’il respire, la nourriture qui le tient en vie, c’est son langage, celui du corps et des sens. Et il est toujours accompagnée de sa chienne Aîcha, fidèle entre tous.
L’auteur nous plonge dans cette vie simple et rude avec un vocabulaire qui épouse parfaitement chaque situation, qui dit au plus juste chaque personnage, le lecteur ne peut confondre Tancogne, Valot ou Raboliot.
« Mais pour un vrai braco, les nuits d’or sont nombreuses l’hiver. Cela dépend du flair de l’homme, de sa souplesse à saisir, chaque nuit, la complicité qu’elle lui offre : noire et venteuse, la nuit aurait appelé le falot du lanternier ; brumeuse et pâle, bruissante de pluie fine sur la jonchée des feuilles, elle aurait guidé le chasseur vers les grands arbres où les faisans perchés posent des ronds noirs sur les branches ; neigeuse, elle aurait conduit à la lisière de quelque bois, en telle place de bon affût d’où l’on voit les lapins et les lièvres boultiner, affamés, sur la friche blanche. »
Les dialogues montrent les rapports entre les hommes, leur place, leurs habitudes de vie, la roublardise de certains (pas toujours ceux que l’on croit), la truculence d’un langage imagé.
Il y aura entre Raboliot et Bourrel dit le merle bleu, une brute, un ennemi dangereux, des passes d’armes et une course poursuite sans merci.
Quel plaisir de retrouver cette écriture nourrie, cette exaltation de la liberté (qui est un fil conducteur récurrent chez l’auteur), cette réalité comme une substance qui vibre, palpite, ce terroir charnel.
Le lecteur se laisse porter et emporter par ce décor somptueux, et cette quête jusqu’au boutiste.
Hommes et animaux vont à la rencontre de leur destin, au bout de leur course la découverte du mystère de la mort ?
C’est somptueux par la forme et le fond.
Je vais continuer par La forêt perdue et La dernière harde, cette trilogie sur la vie sauvage.
Je vais y retrouver la nature où chaque chose fait sens, à sa place, sa fonction, où j’entendrai le bruissement des feuilles, le chant des rivières, le brame du cerf et je serai enveloppée du parfum de la terre profonde.
©Chantal Lafon
Rroû est un beau chat noir adopté par Clémence, la vieille bonne d'un médecin.
Il s 'acclimate assez bien, mais lorsque ils partent dans la maison de campagne, alors là, c'est le bonheur absolu pour lui.
Il découvre tout, la vraie nature, la chasse, la liberté, les premières amours.......
Ce n'est plus un vulgaire jardin clos de murs, c'est l'espace infini, c'est la vraie vie.
De retour après les vacances, il s'enfuit.
Il date de quatre-vingt-dix ans ce roman, mais il est toujours aussi beau et aussi vrai.
Quelle excellente connaissance des chats et quel amour pour eux !
Tout est parfaitement décrit du comportement des chats.
Ah l'indépendance et la liberté !
Capital pour un chat.
Et c'est écrit, certes d'une manière très classique, mais avec beaucoup de poésie et une immense tendresse.
On retrouve le style et l'univers de Colette.
Une vie de chat racontée par un auteur de talent, que rêver de mieux.
Envie de relire Maurice Genevoix pour sa belle écriture.
S’étant perdu lors d’une promenade dans la campagne le narrateur, par ailleurs écrivain, rencontre Fernand d’Aubel qui le reçoit chez lui puis le remet sur le bon chemin. De cette brève rencontre, le narrateur gardera un souvenir vif mais il ne reverra Fernand d’Aubel que dix-sept ans plus tard, sur la demande de celui-ci qui a une requête spéciale à faire à l’écrivain : lui consacrer une journée entière, de l’aube à la tombée de la nuit, durant laquelle ils chemineront dans la campagne pour découvrir la nature, s’en imprégner et échanger. Le livre de Maurice Genevoix raconte cette journée où il semble ne rien se passer et où pourtant des choses essentielles seront dites et ressenties.
Peut-on dire que ce roman si particulier se range dans le genre “nature writing” bien avant que le terme ne soit largement répandu ? En tous les cas, c’est un véritable hymne à la nature, à sa puissance mais aussi (déjà, car ce roman est paru en 1976) à appel à la vigilance face à sa destruction. C’est un livre intemporel qui parle aussi de fraternité, rejoignant là un thème cher à Maurice Genevoix et traité dans ses livres de guerre, et du temps qui passe.
Et bien sûr, on retrouve ici la langue et la plume de Maurice Genevoix, cette incroyable puissance d’évocation qui fait naître chez le lecteur toutes les sensations liées de la nature et qui évoque, presque de manière sensuelle et organique, ce plaisir d’être à la nature. Il faut avoir lu la description de la rencontre du narrateur avec un cerf pour saisir toute la poésie et la force de ce texte.
Un livre qui appelle à la réflexion sur les relations humaines et les forces de la nature qui, sans jamais être moralisateur, délivre des messages essentiels et terriblement actuels. Un livre qui donne envie de partir marcher dans la nature en étant attentif aux sons, aux odeurs, aux ressentis. Une véritable leçon de vie qui chante l’harmonie entre la faune, la flore et l’humain mais aussi l’immense fragilité de cette nature que l’homme transforme sans cesse.
Quelle belle idée que d’avoir réédité ce texte, roman testament de Maurice Genevoix. (lu dans l'édition Plon de 2021)
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