Salvayre poursuit sa démolition pamphlétaire de notre société libérale, oppressante et aliénante (cf. aussi son précédent ouvrage : « Irréfutable essai de successologie »).
Ici c’est du droit à la paresse dont il est question et du dézingage de la « valeur travail » et des idéologies...
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Salvayre poursuit sa démolition pamphlétaire de notre société libérale, oppressante et aliénante (cf. aussi son précédent ouvrage : « Irréfutable essai de successologie »).
Ici c’est du droit à la paresse dont il est question et du dézingage de la « valeur travail » et des idéologies associées.
Au-delà du fond franchement « anar », libertaire mettant aussi l’accent sur les collectifs et les (vraies) relations humaines, l’importance de la lecture, …, il y a le style Salvayre, ses listes riches, ses punchlines jouisives dont on ne peut s’empêcher d’en reprendre certaines :
… à commencer par le qualificatif de ces « apologistes-du-travail-des-autres » … ça ne vous rappelle rien …
Le slogan : « Travailler moins pour lire plus » p 66
« Car, vous l'avez compris, la paresse est un art. La paresse n'est pas mollasserie poisseuse, n'est pas intoxication cannabique, n'est pas délectation morose, elle n'est pas léthargie postprandiale, il n'est pas neurasthénie chronique, n'est pas détachement veule, n'est pas dédain romantique, n'est pas morne prostration, n'est pas je-m'en-foutisme mufle, n'est pas indolence blasée, n'est pas dandisme las, n'est pas ce que communément on appelle glande, glandouille, une flemme, une flemmingite, ou feignardise, ou feignasserie, avec lesquels souvent en fin de la confondre. » pp 14-15
« Car, les apologistes-du-travail-des-autres nous bassine avec ce préjugé, relativement récent dans l'histoire des hommes, selon lequel :
le travail serait un devoir moral,
le chômage : une honte,
le goût pour la finance et la compétition : une inclination naturelle,
le désir d'amasser : il né chez les enfants.
Et conchient la paresse qu'ils considèrent comme :
une putain pêcheuse d'hommes,
l'oreiller du diable,
une démone nourrissant tous les vices et particulièrement la luxure,
une perversion de l'esprit,
une calamité publique,
un cancer social qui s'agit d'extirper par une chirurgie ablative,
un fléau d'autant plus pernicieux qu'il est fort séduisant (il suffit de dresser la liste des poètes et écrivains impies qui enchantaient les louanges de leur Muse Paresse, depuis Virgile et Cicéron en passant par Saint Amand, Marivaux, Baudelaire, Théophile Gautier, Verlaine, Rimbaud, Oscar Wilde, Rainer Maria Rilke, Robert Louis Stevenson, Samuel Beckett, Cioran, Michaux et tant et tant d'autres. » pp 26-27
Mais la flingueuse Mamie Lydie est aussi l’essayiste Salvayre qui convoque de nombreux auteurs et penseurs pour étayer ses réflexions : Nietzsche, Bertrand Russel, Keynes, … Et c’est beaucoup plus sérieux (et travaillé) qu’il ne peut paraitre … avec un vrai travail d’essayiste.
Un petit texte (135 pages) mais qui tape fort … pour notre plus grand plaisir.