C'est le roman britannique à lire absolument en cette période de Brexit...
Attention, après avoir lu visionné la vidéo ci-dessous, votre PAL (« pile à lire ») risque de croître encore de quelques centimètres ! La raison ? Nous sommes allés tourner ce nouvel épisode de...
C'est le roman britannique à lire absolument en cette période de Brexit...
On aime, on vous fait gagner un délicieux roman anglais, une splendide fresque historique et un roman graphique absolument passionnant !
Londres, une ville cosmopolite où tous les styles sont permis. Une ville chargée d’Histoire et d’histoires aux personnages réels ou imaginaires. Entre Jack l'éventreur, Miss Marple, Mary Poppins où Simon Templar, c’est une foule de héros qui peuple l’imaginaire collectif. Alors, afin de savourer cette mémorable « british touch » dont, seuls, les formidables auteurs britanniques ont le secret, un petit city tour s’impose !
Le royaume désuni
30 décembre 2022
Le royaume désuni de
Jonathan Coe est incontestablement l'auteur qui sait le mieux diagnostiquer l'état de la nation britannique. Une nouvelle fois, il examine l'histoire du Royaume-Uni à travers les yeux d'une famille banale de la middle class, comme un besoin obsessionnel de proposer de nouvelles perspectives sur le passé et son rôle dans le façonnage du présent, de rappeler les mythes fondateurs à la fois personnels et nationaux, à l'intersection du public et du privé.
Nous suivons donc la famille Lamb – et ses nombreuses ramifications – de 1945 à 2021, autour de sept événements marquants qui font communion et donnent le sentiment d'appartenir à une nation commune : des discours mythiques ( de Churchill, du roi Georges V pour célébrer la victoire majuscule du 8 mai 1945 ), des épisodes liés à la famille royale ( couronnement d'Elisabeth II en 1953, mariage de Charles et Diana en 1981, mort de cette dernière en 1997 ) ou sportif ( sacre de l'équipe anglaise à la coupe du monde de 1966 ).
On sent bien les coutures du récit, mais le talent de conteur est là pour faire traverser le temps aux personnages. Même si c'est parfois frustrant de les voir vieillir en accéléré, l'auteur orchestre parfaitement son archipel de personnages pour radiographier une société anglaise qui s'effrite au fil des années. le casting est impeccable, concentré identitaire large spectre, avec la dynamique Mary comme coeur central : son mari taiseux qui se révèle xénophobe, leurs fils si différents, de Jack le nationaliste tory pro-Brexit à Martin libéral europhile convaincu ou Peter, le musicien qui découvre son homosexualité sur le tard, entre autres parmi la trentaine de personnages qui peuplent ce roman. Quatre générations dont les succès, les mésaventures et les divisions reflètent les changements post Deuxième guerre mondiale.
Le sens de la comédie de Jonathan Coe est également bien présent avec notamment un portrait croquignolet de « Boris » que l'on découvre avant sa nomination comme Premier ministre lorsqu'il était journaliste dans plusieurs grands quotidiens et brillait par ses articles corrosifs sur l'Union européenne. Les passages les plus drôles du roman sont justement liés à la question européenne avec en son coeur la Guerre du chocolat qui durant une trentaine d'années a opposé les lobbystes britanniques à la Commission européenne qui interdit l'importation de chocolat britannique ( Cadbury en tête ) en provenance du Royaume-Uni jusqu'en 2003, refusant de le considérer comme du chocolat à cause de son adjonction de matières grasses végétales. Les joutes de la commission européenne autour de la question de l'étiquetage donnent lieu à un compte-rendu aussi savoureux que cocasse.
Si l'ensemble manque un peu de mordant et d'intensité - peut-être un peu longuet aussi - on prend un grand plaisir à revisiter l'histoire anglaise à travers le portrait tendre de la famille de Mary. Sur la fin du roman, époque post Brexit, on sent la colère de l'auteur, mais une colère feutrée qui laisse entrevoir lassitude et tristesse. Les passages consacrés à Mary octogénaire confinée, privée de la visite de ses enfants et petits-enfants sont assez bouleversants. Notamment le chapitre intitulée « le sommet du crâne de ma mère » où le regard de son fils Peter s'attarde sur cette partie du corps – la webcaméra de sa mère étant mal orientée – qui révèle toute la décrépitude d'un corps vieillissant.
Le roman gagne alors en en profondeur et invite le lecteur dans une réflexion quasi proustienne sur le temps qui passe qu'il faut essayer de se réapproprier. Ce qui bouge, ce sont les choses les plus superficielles mais qui dans le temps présent sont prégnantes ( qui gouverne, qui trône, qui a gagné la coupe du monde de football ). Mais ce qui reste stable et constant, ce sont les petits moments d'intimité chargés de sentiments profonds, ancrés à jamais par la puissance des souvenirs capables d'arrêter le temps, le suspendre et de le retrouver.
Sans doute pas le meilleur Coe mais Royaume désuni est un roman plein de charme qu'on lit comme dans une bulle ouatée, avec beaucoup de plaisir.
J’ai beaucoup apprécié les romans de Jonathan Coe que j’ai lus, mais je n’ai pas pu entrer dans celui-là. Certes, l’idée de suivre une famille de 1945 à 2020 au travers d’évènements qui ont jalonné cette période pouvait être intéressante, mais l’absence d’objectif (selon ma perception) a rendu cette narration ennuyeuse. La guerre du chocolat, évoquée comme un exemple du divorce avec l’Europe, le journaliste fantasque à la mèche rebelle dont le prénom est Boris et qui devient premier ministre esquissent quelques pistes justifiant le Brexit, mais les relations familiales et générationnelles, pourtant bien incarnées n’apportent guère d’eau au moulin d’un dessein explicite de l’auteur.
Pour son dernier roman, Jonathan Coe – ce formidable écrivain-chroniqueur de la société britannique – pose le prologue de son récit en mars 2020, à quelques jours du premier confinement mondial, provoqué par ce foutu Covid 19 … Lorna Simes (la trentaine et contrebassiste amatrice) voit son rêve se réaliser. Elle va se produire à Vienne, dans une salle de concert et n’a qu’une seule crainte : que le virus l’en empêche (ce qui finira par se produire lors de sa tournée européenne …) Lorna est anglaise et la petite fille de Mary Clarke-Lamb, notre principale héroïne (les protagonistes de ce roman sont si nombreux que l’auteur nous a gentiment établi un arbre généalogique …) Elle est sur le point de débuter une carrière musicale avec son partenaire de scène, Mark Irwin, un guitariste écossais homosexuel, obèse et imprévisible …
Jonathan Coe, lorsqu’on a goûté à son oeuvre : on se s’en passe définitivement plus ! Il est LE regard (intransigeant, parfois drôle ou caustique) de son ile natale. Cette fois, ce grand romancier nous offre une intrigue qui revient sur des périodes importantes situées entre l’armistice de 1945 et la fin de la deuxième décennie du XXIème siècle (en passant par le couronnement de la reine Elizabeth, une finale de coupe du monde de foot, l’investiture du Prince de Galles, son mariage avec Diana et la mort de cette dernière, pour finir sur cette horrible pandémie et ses périodes de confinement …)
Il y mêle (et ce, sur plusieurs générations) une savoureuse et complexe histoire de famille (germano-britannique) liée par le mariage des uns et des autres. Une histoire qui – si elle n’est pas du tout celle de sa propre famille – se révèle, par contre, très proche de la nature profonde de certains de ses membres … Un roman plutôt intimiste, particulièrement en ce qui concerne ses (difficiles) relations avec sa mère, à qui il a attribué les traits de Mary Clarke, avant qu’elle ne s’éteigne en 2020, dans la solitude d’une cruelle période … Bref, gros coup de coeur !
Avec son dernier roman, Jonathan Coe a fait le pari de nous raconter soixante-quinze ans de l'histoire la plus récente du Royaume-Uni via sept temps forts vécus par plusieurs générations d'une même famille.
Le choix de ces moments, forcément arbitraire, souligne le glissement qui a conduit le pays du statut de puissance incontestée dans le monde en raison de sa participation à la victoire contre l'Allemagne nazie au Brexit. Comment en est-on arrivé là se demande l'auteur ?
Comment la domination sur l'Europe s'est-elle transformée en une attitude de repli pour tenter de retrouver la gloire d'antan ?
Jonathan Coe ne donne pas de réponses. Il se contente de suggérer quelques pistes : la perte de colonies dans l'immédiat dans l'après-guerre ; la haine de l'Angleterre par les composantes du Royaume-Uni incarnée par une famille de Gallois « avec de la merde de mouton jusqu'aux chevilles » ; la défiance vis-à-vis de l'institution monarchique au moment des obsèques de Lady Diana ; le multiculturalisme qui malmène les traditions britanniques, le rachat par des entreprises étrangères des fleurons de l'industrie britannique...
Pourtant, à certains moments, le peuple se rassemble pour communier et célébrer sa prétendue supériorité. Ce fut le cas en 1953 lors du couronnement d'Elizabeth II ou encore en 1966 lorsque l'Angleterre devint championne du monde de football en battant l'Allemagne.
C'est autour de Mary, personnage inspiré de la propre mère de l'auteur, que se construit le récit. Âgée de onze ans le 8 mai 1945, date de la victoire des Alliés, elle vit à Bournville, petite bourgade pimpante de la banlieue de Birmingham qui ne vit que pour développer Cadbury, la fierté locale. Pour les Britanniques, l'entreprise symbolise l'absurdité du fonctionnement de la CEE à laquelle le Royaume-Uni adhère en 1973. Les Européens du continent, la France en tête, exigent que, pour avoir le droit d'être considéré comme du chocolat, le chocolat doit contenir davantage de beurre de cacao au détriment des matières grasses végétales.
Mary épousera Geoffrey, un homme attaché à certaines « valeurs » comme le refus de la mixité raciale et de l'homosexualité. Pas de chance pour lui, l'un de ses fils épousera une jeune femme noire et le benjamin fera son coming out, une révélation que son père ignorera.
Les années passant, la famille s'agrandit et, au moment où se termine le roman, Mary est arrière-grand-mère, une bisaïeule qui vivra très mal la période du Covid et la solitude qu'elle lui imposera.
Tout au long des quelque quatre cent quatre-vingt-dix pages du « Royaume désuni », Jonathan Coe observe les descendants de Mary dans leur vie personnelle et à l'occasion de réunions de famille qui donnent lieu à des dialogues savoureux sur l'état de l'Angleterre, personne n'ayant le même avis sur ce que leur pays est devenu, une puissance moyenne sur le déclin mais fière de sa singularité insulaire et de son prestigieux passé qui n'est plus qu'un souvenir et qu'un nationalisme exacerbé ne parvient pas à raviver.
Sans grandiloquence, avec une grande simplicité et une finesse dans l'analyse psychologique, Jonathan Coe, moins cruel que dans ses précédents romans, fait le portrait tout en nuances, un brin nostalgique et souvent drôle, d'une nation devenue hystérique, dysfonctionnelle et paradoxale qui fait coexister fastes de la famille royale et grande pauvreté.
L'irruption d'un certain Boris, journaliste ouvertement anti-européen devenu Premier ministre, est l'acmé de cette folie qui s'est emparée de la Perfide Albion » !
EXTRAITS
Plus ça change, plus c'est la même chose.
Aucun autre pays d'Europe n'est obsédé par cette guerre, […], ils sont tous passés à autre chose.
Je crois bien qu'on peur mourir de solitude.
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-le-royaume-desuni-jonathan-coe-gallimard/
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