"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une histoire culinaire de croque-mitaine et de résilience à découvrir
Parmi les ingrédients : des monstres et des enfants apeurés évidemment mais aussi une petite orpheline qui a décidé de défier le destin grâce à son caractère et à son ingéniosité. Blanchette, de son prénom, tirera de sa quête initiatique une appelation en lien avec son aventure : Trois-Fois Morte.
Vehlmann au scénario livre ici un univers fantastique dans lequel évolue une société avec ses codes, ses excès, ses horreurs. C'est morbide mais pas forcément glauque, on a la petite dose d'humour, le petit pas décalé qui rend le récit original et bien rythmé.
L'histoire prend une force supplémentaire sur la fin en nous donnant des éléments de compréhension autour de la vie de l'héroïne.
Les yeux du lecteur sont happés dès les premières planches, tout à la fois sombres et lumineuses. Andreae nous emporte graphiquement dans les tréfonds des cuisines ogresques et offre de nombreux details.
A noter : il s'agit du premier volume d'une trilogie dans leque chaque tome sera centré sur un personnage
Il n’est rien de plus sophistiqué que la cuisine des ogres. Terrine de serpent de mer, brandade de pendus, soufflé aux esprits de sirènes… Au cœur du massif de la Dent du Chat mijotent des mets légendaires pour de prestigieux invités, géants, fées ou rois.
Lorsque la fille du boucher, surnommée Blanchette à cause de sa chevelure de fantôme, est capturée, elle échappe à la mort par trois fois - “hachée, mijotée, puis dévorée par les géants !” Elle était pourtant un ingrédient précieux. “J’avais décelé en toi une note de ténèbres veloutée et suave - couleur de réglisse - qu’on trouve rarement chez les enfants… Un bouquet subtil de tristesse et de colère contenues.”
Petit à petit, Blanchette devenue Trois-Fois-Morte trouve sa place dans ce monde gargantuesque et grouillant, entre le lac à vaisselle aux lueurs bleutées, les arrière-cuisines rougeoyantes et le marché aux enfants aux tons orangés. À mesure que les ambiances colorées s’enchaînent, c’est tout un système que l’on devine. “Car la seule question qui vaille, pour chacun, est d’accepter ou non de prendre sa part joyeuse à l’inévitable destruction du monde…”
Dans ce conte horrifique mais plein de bons sentiments, si l’ambiance est moyenâgeusement soignée, le propos est tout à fait moderne. Les monstres, faut-il le rappeler, ne rôdent pas que dans les cuisines…
"La cuisine des ogres" est un album qui se dévore avec délectation. Conte très sombre, il nous raconte les aventures de Blanchette, jeune fille ayant fui son père pour se mêler à un groupe d'enfants vagabonds affamés. Le groupe va être piégé par un croque-mitaine, véritable approvisionneur professionnel de la cuisine des ogres, place forte réputée. Les premières planches sont très violentes car elles montrent l'envers du décor d'un conte, ce qui est généralement suggéré ou mieux raconté par l'écrit s'impose à nos yeux.
Le graphisme est fantastique dans tous les sens du terme, et l'histoire est rythmée avec perfection. Je n'y vois aucun défaut. L'échelle des tailles, qu'il s'agisse des décors (et notamment l'antichambre des cuisines) et des personnages (enfants, ogres, etc...) est sensationnelle car elle nous balance entre le gigantisme, le normalisme et l'insignifiance. C'est précisément cette insignifiance qui se rebelle et s'affirme comme un david contre Goliath. Le mélange entre le folklore autour des ogres et la mythologie grecque avec le minotaure est bien trouvé. Le tout mêlé à un monstre aussi effrayant que le kraken. Des ingrédients qui font de cette cuisine un plat savoureux pour un lecteur attentif.
L'autre originalité qui est un marqueur de cette histoire est son dénouement, que je ne dévoile pas ici mais qui retranscrit une irruption de la vie réelle dans un monde imaginaire. Habituellement, de nombreux contes ont une double interprétation (le petit chaperon rouge ...) et peuvent servir de métaphores à des peurs bien réelles, et les dangers qui guettent l'enfance. Ici c'est un peu la démarche inverse, et on ne s'y attend pas forcément même si on perçoit un malaise tout au long du récit. C'est très bien amené. Un ogre peut en cacher un autre ...
Cette bande dessinée épouse des points communs avec le style Tim Burton pour le cinéma, et dans un registre égal pourrait ressembler à la série les "Ogres-dieux", autre immense réussite. On ne sait pas si la fin est une ouverture. Je l'espère car cet univers est d'une richesse incroyable, et Fabien Vehlmann a les moyens de développer sa propre mythologie. C'est décidément une de mes plus belles découvertes de ces dernières années. Une preuve éclatante que la BD de fiction et notamment le fantastique, a encore de beaux jours devant lui.
Je recommande sans modération.
La faim tenaille les estomacs des orphelins des ruelles, y compris la fragile et maladroite Blanchette, qui pourtant veut bien faire, toujours.
Partie chercher de l'eau au cœur de la nuit, elle a juste le temps de voir Grince-Matin attraper ses camarades dans son grand sac !
Le croque-mitaine est chargé d'approvisionner le marché des ogres, là bas, derrière la montagne de la Dent du Chat ou la légende raconte que les cuisines tournent à plein régime pour contenter les appétit les plus terribles.
N'écoutant que son courage, Blanchette vole au secours de ses camarades, aidée par un chevalier en quête de renommée.
Ils pénètrent alors dans un monde terrifiant et cruellement dangereux où Blanchette acquerra son nom mérité de Trois-fois-morte en essayant de sauver ses amis tout en s'en faisant de nouveaux dans les tréfonds de la cuisine des ogres.
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Coup de cœur absolu pour le nouveau récit de Fabien Vehlmann (Seuls, Satanie, Jolies Ténèbres...)
Une plongée terrifiante dans un conte digne des plus illustres du genre, entre Perrault et les Grimm, ou règne une atmosphère incroyable et cauchemardesque.
Notre petite Blanchette, martyrisée, rompue, n'en fait pas moins preuve d'un courage et d'une pugnacité à toute épreuve et recèle d'ingéniosité et de malice.
Elle revient de bien plus loin qu'on ne l'imagine d'ailleurs !
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L'univers tissé par les auteurs est d'une richesse phénoménale, des ogres au petit peuple, au Kraken ou au Croque-Mitaine (mon petit préféré), brodant ensemble les fils délicats des comptines, légendes, mythes et récits cauchemardesques avec subtilité vers un récit haletant qui nous emmène là ou on ne s'attendait pas, nous entraînant toujours plus profond au cœur du danger, prêts à se faire dévorer à chaque instant.
Le dessin de J-Baptiste Andreae est absolument sublime, d'une finesse et d'une richesse incroyables, lumineux et nimbé d'une douceur cruelle qui intensifie le récit.
Il me tarde de découvrir les deux autres volumes à venir.
Messieurs, bravo !
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