Au Caire, Tarek, jeune médecin, voit sa vie bouleversée lorsqu'il rencontre Ali, 17 ans
Au Caire, Tarek, jeune médecin, voit sa vie bouleversée lorsqu'il rencontre Ali, 17 ans
C'est une histoire d'amour, de filiation que raconte ce roman. L'auteur Eric Chacour choisit la narration à la seconde personne qui peut dérouter au début mais que l'on comprend par la suite comme un dialogue entre un père et un fils. L'écriture s'avère tout en retenue, sensible. Et on nous raconte l'histoire de Tarek, médecin promis à une belle carrière à une vie bourgeoise au Caire au siècle dernier. Mais, tout volera en éclat quand il tombera amoureux d'un autre homme. Se dessine une société patriarcale qui n'accepte pas l'homosexualité où même les femmes tirent les ficelles du destin des hommes qu'elles veulent tracer. La mise à distance avec le "Tu" , le dialogue secret entre ce fils et ce père, font ressortir la douceur, la mélancolie de ce roman. Les différents points de vue déploient ce récit et permettent aussi d'en découvrir toute sa richesse.
Ce que je sais de toi, d’Éric Chacour, se déroule entre 1961 et 2001 entre l’Égypte et le Canada.
C’est l’histoire de Tarek, ce jeune garçon dont la carrière est déjà toute tracée : son père est médecin, il sera médecin.
Il reprend le cabinet médical de son père à Dokki, quartier résidentiel et calme de la ville du Caire. Ne se sentant pas vraiment à sa place, il offre également, hebdomadairement, ses soins aux habitants du Moqattam, sorte de colline en bordure du Caire, dans un dispensaire bâti à son initiative, s’appliquant à soigner ces pauvres gens que sont les Zabbalines, des chiffonniers ou plutôt des recycleurs vivant sur ce tas d’ordures.
Il se marie, mène une vie paisible entre ses patients et sa famille jusqu’au jour où il fait la connaissance d’Ali.
Ali est ce jeune homme qui, un soir, est venu l’attendre au dispensaire pour qu’il vienne soigner sa mère. Cette rencontre va complètement chambouler sa vie et changer sa destinée.
Éric Chacour nous offre une superbe description du Caire aussi bien par ses images que par ses odeurs. Il nous fait voyager dans cette Égypte des années 1980, évoque le climat politique de l’époque et fait découvrir cette société cairote avec ses différents milieux.
Avec les parents de Tarek, il nous ouvre la porte de la communauté levantine des francophones plutôt chrétiens alors que la famille de Mira, son épouse, de condition plus modeste, fait partie de la troisième et dernière vague d’Arméniens ayant immigré en Égypte.
Et puis il y a ce quartier du Moqattam, véritable décharge à ciel ouvert situé sur les collines de la capitale avec ses pauvres et ses sans grade.
Comme on peut s’en douter dès le premier baiser, vivre son homosexualité dans l’Égypte des années 1980 peut s’avérer très compliqué et le devient encore davantage quand l’hypocrisie des hommes s’en mêle...
Ce que je sais de toi, magnifique histoire d’amour, toute en délicatesse, se présente au départ un peu comme une énigme, car on ne sait pas qui est le narrateur, si ce n’est que ce n’est pas Tarek qui raconte son histoire puisqu’il use du « tu ». Il révélera son identité dans la deuxième partie du roman, en utilisant cette fois le « je » pour finir par le « nous » dans une troisième et dernière partie – une narration originale.
J’ai été emportée par la beauté de l’écriture d’Éric Chacour, une écriture très travaillée, ciselée, précise, sensible, sensuelle pleine de délicatesse, de poésie et parsemée d’humour.
Le travail sur la psychologie des personnages, leur rôle et leur interaction est admirable et les rend très présents et j’ai trouvé particulièrement réussis les portraits féminins, que ce soit celui de la mère de Tarek, de sa sœur Nesrine, de l’indispensable et incroyable Fatheya ou encore de Mira, l’épouse assez mystérieuse. D’ailleurs le narrateur ne joue-t-il pas à la nommer d’une multitude de qualificatifs, Mirasthénie, Mira-Télépathe, Mira-Diaphane, Mira- Déflagration…
Ce que je sais de toi, premier roman d’Éric Chacour est un roman d’amour, de combat, de filiation, de recherche de soi, un entrecroisement de situations, de lieux, de générations, absolument remarquable et bouleversant, et qui ne peut se lâcher une fois les premières lignes lues…
Je dois encore féliciter ma médiathèque pour avoir su extraire des publications 2023 ce roman afin de le proposer dans le Prix des lecteurs des 2 rives 2024, un choix fort judicieux.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/10/eric-chacour-ce-que-je-sais-de-toi.html
Roman multi-primé et encensé à juste titre, je ne peux qu’abonder. Ce premier roman est magnifique, un coup de cœur également pour moi. Je l’avais gardé précieusement pour mes vacances cet été.
Ce livre est composé de 2 parties « toi » et « moi ». La première est centrée sur Tarek, adolescent au Caire dans les années 1960, qu’on voit grandir et devenir médecin comme son père. Il ouvre un dispensaire dans un quartier défavorisé. C’est là qu’il rencontre Ali, venu demander de l’aide pour sa mère. Chaque semaine il rend visite à la mère d’Ali et se prend d’affection pour elle. Il engage Ali comme assistant au dispensaire puis à son cabinet. Ce jeune homme bouleverse la vie de Tarek.
La deuxième partie raconte la vie du narrateur dont je ne peux rien vous dire sans divulgâcher l’histoire. En tout cas je n’ai rien vu venir de cette révélation.
L’écriture est belle et délicate. Eric Chacour écrit à la deuxième personne. Ce « tu » souvent mal-aimé par les lecteurs, est ici totalement à sa place. Les personnages sont attachants. L’histoire est à la fois pudique et émouvante. On sent le poids des traditions dans un pays qui évolue mais pas suffisamment encore pour permettre à Tarek de vivre comme il le souhaiterait. Ce roman est fait de sensations et d’odeurs. Il est très doux et sensible. Je serai bien restée encore un peu avec les personnages. Quelle maîtrise pour un premier roman. On peut dire que c’est un coup de maître ! Qu’est-ce-que c’était bien, vivement le second roman !
Si vous n’avez pas encore lu ce livre, foncez ! C’est une merveille.
« Ce que je sais de toi » est un premier roman. Et pourtant, ses qualités sont indéniables. Écrit avec beaucoup de poésie d’une plume très captivante, ce livre traite pourtant de sujets difficiles. Véritable coup de cœur pour moi, je l’ai trouvé hyper intéressant et fascinant.
La narration offre beaucoup de surprises. En effet, alors qu’une partie est contée d’une voix anonyme, le lecteur est à mille lieues de deviner qui s’y cache derrière. J’ai beaucoup apprécié de ne le découvrir qu’au moment opportun.
Au vu des nombreuses récompenses reçues par Éric Chacour, il est évident que les lecteurs ne pourront être que touchés par l‘histoire de son protagoniste principal, Tarek, jeune médecin en Egypte, dans les années 80, dont un destin « rêvé » était pourtant tout tracé.
Ce récit, tout en subtilités, m’a conquise très rapidement. M’attachant à ce personnage de Tarek, j’ai beaucoup aimé le fait que la quatrième de couverture ne dévoile finalement que peu de la richesse de l’histoire. J’ai aussi adoré découvrir plein de choses sur ces années au Caire.
Je vous conseille vivement ce bouquin percutant où les émotions se ressentent vraiment.
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