"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Si nous sommes en 2036, ce n’est pas l’avenir que nous fera envisager le narrateur, mais plutôt un retour sur l’enchainement qui a abouti à la situation désastreuse qu’il évoque : une vie terrée, un confinement quasi-permanent , les rares sorties nécessitant un harnachement lourd. Le virus qui circule est doublement pathogène, car il est devenu radio actif !
Tout était en place pour une telle issue : dans son enfance le narrateur vivait dans une cité dont la plupart des résidents étaient employés à la centrale proche. Malgré les protestations des opposants au nucléaire,, malgré les incidents répétés, malgré la leçon de Tchernobyl, la politique de l’état s’est acharnée à développer le parc des centrales nucléaires, se rassurant à coup d’arguments de progrès technologiques et détournant le regard des énormes quantités de déchets qui s’accumulaient.
Cette période est celle d’une prise de conscience, pour le narrateur. Avec en corollaire un conflit interne, l’ado écartelé entre l’allégeance à sa famille, et les doutes sur le discours rassurant du père, sans compter la fascination qu’exerce sur lui ce monstre qui à la fois le menace et le nourrit. Il finit par choisir son camp, sur des arguments qui n’ont peut-être finalement rien à voir avec la raison.
La dystopie inversée existe t-elle ? Je la verrais comme un retour sur l’histoire pour comprendre la situation. C’est exactement le propos de ce roman qui se lit avec angoisse, puisqu’il nous place, nous lecteurs, dans une situation analogue à ce qui a produit la catastrophe. Avec, on le sent bien, peu de marge d’action pour inverser le processus qui a été installé il y a longtemps.
Une lecture très interessante, d’autant que la plume acerbe sert parfaitement le propos.
272 Stock 21 août 2024
#Malville #NetGalleyFrance
Récit d'anticipation dystopique, une oeuvre d'apprentissage très engagé, une exploration de la Valée du Rhône dans une France Périurbaine. Des personnages attachants et sensibles. On passe par beaucoup d'émotions. Une oeuvre aussi personnelle où l'auteur évoque ses craintes. Futur, Environnement, Extrême droite, Adolescences.
"L’ère atomique a débuté en 1945 à Hiroshima et survivra au genre humain puisqu’elle durera des millions d’années. Le virus nucléaire n’a pas seulement saccagé nos paysages, envahi nos esprits, irradié nos mers, nos rivières et nos campagnes. Il ne s’est pas contenté de polluer nos nappes phréatiques et de s’enfoncer à plus de cinq cents mètres de profondeur dans les argiles jurassiques de Bure, notre gigantesque poubelle atomique."
Tout à la fois anticipation, biographie et réquisitoire contre le nucléaire et la politique, ce roman avait tout pour me plaire et il a plutôt bien réussi !
Le titre et une centrale nucléaire sur la couverture, même si ce n’est pas celle de Creys-Malville ont eu tôt fait de me ramener pas mal d’années en arrière, quand on croyait encore pouvoir empêcher le démarrage du Superphénix, après le décès de Vital Michalon, dans des confrontations moins violentes mais tout aussi inutiles ! Mais il fallait le faire, comme ailleurs et ce n’est pas l’auteur qui me contredira !
Le roman débute en 2036 après l’explosion d’ASTRID, réacteur à neutron rapide construit près de Malville, qui a répandu le virus radioactif, obligeant les habitants à vivre confinés, sans beaucoup plus de libertés, même si sortir les exposerait à la mort ! Le narrateur est confiné sur les bords de la Loire et va raconter son enfance, le Rhône et la Centrale.
Un récit fascinant dans lequel l’auteur m’a totalement immergée dans l’enfance de Sam, de ses relations avec ses parents, ses ressentis face à la Centrale ! Son amour de la nature nous emmène sur des chemins semés de poésie, sur le fleuve impétueux, mais toujours sous l’emprise menaçante de la centrale, grande pourvoyeuse d’emplois !
Il m’est toujours difficile de chroniquer une lecture que j’ai appréciée et qui m’a touchée, qui plus est sur un combat d’actualité car le nucléaire est le pire destructeur et pollueur de tous les temps, pour des milliers d’années mais soyons assurés qu’un accident viendra rapidement mettre fin à notre lente agonie !
#Malville #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2024
Emmanuel Ruben mêle avec ce roman historique et romanesque, il retrace l'histoire de sa famille à travers la vie de ses femmes et de leur pérégrinations du chandelier qui passe de génération en génération. Elles transmettent à Samuel, les légendes, les histoires familiales les incluant dans la grande histoire.
Une transmission orale, mêlant aussi narration. La lecture est fluide, cette transmission est dense, on s'attache aux personnages.
L'auteur nous fais connaître une partie peu connue de l'histoire de la communauté juive.
Fresque familial, Transmission, Histoire, Religion, Algérie.
"Il aurait dû se douter, lorsqu'il vit ce que subirent les Juifs d'Algérie pendant la guerre, que ce serait bientôt aux Arabes de trinquer. il n'a pas commis d'attentats contre des civils, on ne lui en a pas laissé le temps. Lui qui s'était battu contre les nazis, lui qui avait échappé aux griffes de la Gestapo, il finirait brûlé dans un four crématoire, au lendemain de la victoire, après avoir été torturé puis fusillé par des miliciens français qui exportaient de l'autre côté de la Méditerranée les méthodes de la Gestapo."
"Tonton Chemouel était l'original de la famille, disait Déborah. Un drôle de zèbre un chouïa fêlé du ciboulot. Tes arrière-grands-pères s'habillaient encore à la mode indigène, avec le pantalon caca-huit-jours comme on surnommait alors le sarouel, mais l'oncle Chemouel, qui te ressemblait telles deux gouttes d'eau, arborait de belles moustaches à la Errol Flynn, faisait venir de Paris les plus beaux chapeau melons pour charmer les dames et se vêtait déjà à l'occidentale. "
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