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Il était une fois. Comme dans tous les grands romans, c'est-à-dire qui sollicitent notre part d'enfance, cela commence par : « Il y avait autrefois dans la salle à manger des grands-parents, un sabre de modèle inconnu, que je n'ai jamais manié, jamais soupesé, pas même caressé. » Le revoilà, Samuel Vidouble, le narrateur, coincé dans une maison, poussiéreuse mais encore hantée par les fantômes d'une famille provinciale, calviniste, « sans histoires, sans qualités, sans titres de gloire », dans « un cul-de-sac de la France et de l'Europe », au bout d'une ligne de train improbable et nocturne, le revoilà, ce Samuel Vidouble, professeur d'histoire désabusé, et amateur de cartes de géographie, qui décide d'enquêter sur ce souvenir d'enfance, guidé par tante Esther, libraire à la retraite : « Où était-il passé ce sabre ? Et si je l'avais rêvé ? » Ce n'est pas tant le sabre à la lame courbée, fêlée, couleur de Sienne, que les époques qu'il a pu traverser, les lignées d'hommes, de guerres, de morts, qui impressionnaient autrefois le jeune Samuel, lui qui appartient à la dernière génération ayant connu celles qui firent la guerre. Et puis à quel ancêtre revenait-il, ce sabre ? Qui était l'héroïque, ou au contraire, l'imposteur sans foi ni loi : VVRL, Victor Vidouble Rex Livorum ? Victor Vidouble roi des Lives, qui aurait jadis régné sur un archipel de la Baltique ? Un descendant d'huguenot confiné dans son pays de marais, d'étangs et de tourbières ? Un nobliau du XVIIIe siècle, amoureux des cartes de géographie, lui aussi, et qui mise sur elle pour l'arracher à sa province reculée ? Le baron Victor Vidouble de Saint-Pesant, mythe familial ou légende du grand dehors que les oncles-vétérans réinventent à tour de rôle, à la veillée ? Vaut-il mieux se vouer au réel, souvent décevant, que suivre l'aile de l'imaginaire, avec ses histoires d'îles perdues ou inventées ? À moins qu'une carte au trésor familiale nous permette de situer le lieu et l'époque d'où viendrait le fameux sabre ?
Dans la lignée des autres livres d'Emmanuel Ruben, qui ont l'imaginaire et l'ailleurs au coeur de leur force, mais d'une puissance romanesque remarquable, d'une invention géographique drolatique, Sabre est le livre de la maturité. Un vrai roman picaresque qui tient des Aventures du Baron de Münchhausen autant que du Baron perché d'Italo Calvino. C'est un jeu de pistes vertigineux qui nous fait remonter le fil du temps jusqu'aux guerres napoléoniennes, et nous invite à un voyage baroque à la poursuite de chimères qui disent notre vérité.
Attirée par le thème et la perspective d'une lecture romanesque, j'avoue avoir été fortement ennuyée par ce roman, qui n'a d'attrait que par la qualité d'écriture, la richesse du vocabulaire et des descriptions. Complètement perdue au milieu de tous ces personnages fantasques, sans doute suis-je passée à côté de l'ambition de l'auteur. Seul, le personnage de la tante Esther parvient à sauver la lecture, avec sa verve et son franc parler, Samuel Vidouble ne marquera pas mon imaginaire.
Le résumé de ce roman a fortement attiré mon attention lors d'une visite en librairie. Au premier abord, il semblait contenir tous les ingrédients pour voyager et pour passer un bon moment de lecture : un personnage contemporain qui se lance dans une enquête sur un sabre ayant disparu et qui va donc tenter de retracer l'histoire de ses ancêtres de de ce sabre. Nous voilà donc lancé dans un roman avec une composante historique, une composante aventure, une composante famille et un petit grain de folie par le biais d'une version de l'histoire d'un ancêtre faisant furieusement penser aux Aventures du Baron de Münchhausen. L'auteur se situe dans un style de roman que j'affectionne tout particulièrement et pourtant mon avis sur cette lecture est un peu mitigé.
Commençons par le positif, j'ai particulièrement apprécié le style d'écriture de l'auteur, j'ai aimé l'idée, cette enquête autour du sabre, et il y avait une alternance agréable entre éclairages historiques et histoires farfelues et inventées. J'ai trouvé l'ensemble très romanesque.
Alors pourquoi cet avis mitigé me direz-vous ? Deux raisons principalement, la première est que je me suis un peu perdu au milieu des différents personnages de la famille, ça m'a semblé un peu brouillon et le fait que chaque membre de la famille fournisse une version différente de l'histoire ne facilite pas les choses. Cela donne un ressort un peu comique au récit mais parfois je ne savais pas quel oncle parlait, qui faisait quoi, bref j'étais un peu perdu. La deuxième raison repose sur le fait que j'ai trouvé l'ensemble un peu déséquilibré et brouillon (et c'est finalement sûrement un peu lié à la première raison).
C'est vraiment un ressenti de lecture et c'est quand même un peu dommage car il y a une vraie qualité d'écriture, l'idée est là et on retrouve beaucoup d'éléments très intéressants mais l'ensemble manque de fluidité.
Bon, mon avis est mitigé mais cela reste tout de même une lecture intéressante, la construction un peu erratique perturbera sûrement plus d'un lecteur mais je pense que certains lecteurs y trouveront leur bonheur. J'ai donc un peu de mal à recommander ou non ce roman, en fait je dirai si vous êtes un amateur du genre aventure, historique, vous pouvez vous lancer dans la lecture et après ça passera ou ça cassera selon votre adhérence au style et à la construction. Si vous vous perdez un peu comme moi, allez quand même au bout de la lecture car il y a des éléments intéressants.
Au final, c'est donc un roman intéressant à lire, un mélange des styles entre enquête de famille, roman historique et roman d'aventure un peu fantaisiste, il y a de quoi faire dans ce roman. Dommage que l'ensemble ne soit pas un plus fluide et que l'on se perde un peu dans les différents personnages et dans cette construction un peu hachée, forcément le rythme du récit en prend aussi un petit coup. Un livre à essayer pour les amateurs du genre.
Ce roman se démarque par son pitch original et picaresque par essence ,en racontant l’histoire mi-réelle mi-fantasmée d’un antique sabre familial, Emmanuel Ruben convie le lecteur dans une folle sarabande historique, truculente et picaresque au cours de laquelle l’absurde succède à l’humour, les affabulations aux rebondissements, et où l’Histoire, la mémoire, la géographie et la politique dialoguent à merveille. Mais peu à peu, l’enquête du narrateur pour reconstituer le parcours du fameux sabre se fait plus sérieuse. Et au fil des pages, l’épopée matinée de conte devient une réflexion puissante sur les histoires que l’on raconte, que l’on se raconte aussi. La famille, comme lieu de transmission et de création de ces récits, faisant ici écho à la grande Histoire, celle des Nations, avec ses héros, ses grandes batailles.
Des longueurs et des effets de styles de l’auteur alourdissent un peu la démarche littéraire, mais l’histoire qui se déroule à partir de cet objet emblématique est fascinante...petite allusion amusante : Édouard Philippe, premier ministre avait un sabre de famille qui trônait à Élysée :)
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