C’est le moment de découvrir tous les romans en sélection pour la 11e édition du Prix…
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C’est le moment de découvrir tous les romans en sélection pour la 11e édition du Prix…
J'ai adoré « Sur la route du Danube » d'Emmanuel Ruben. L'auteur et son copain Vlad ont remonté à vélo le cours du grand fleuve européen d'Est en Ouest, d'Odessa aux sources du Danube.
Ce livre est bourré de géographie. Géographie physique pour comprendre le cours du fleuve, de ses nombreux bras, de ses affluents, les grands comme les petits. Géographie humaine pour évoquer les frontières des dix Etats traversés, les ouvrages existants, inexistants ou détruits sur le fleuve : ponts, barrages, canaux, digues, ports, bacs, etc.
Ce livre est bourré d'Histoire, histoire politique, militaire ou diplomatique. Des Huns d'Attila à la crise migratoire de 2015 en passant par le traité de Berlin en 1878, la dislocation de la Yougoslavie et j'en passe, nombreux sont les évènements et les personnages qui ont un rapport avec les 2888 kilomètres du fleuve.
Ce livre est bourré d'Europe : l'auteur illustre à quel point une bonne partie de ce qui constitue l'Europe d'aujourd'hui s'est joué et se joue encore dans cette partie du continent que l'on appelle les Balkans ou, plus près de nous Français, l'Europe centrale. Le livre est même un plaidoyer pour une Europe danubienne qui prendrait enfin le pas sur l'Europe rhénane !
Enfin, ce livre est bourré de rencontres : cyclotouristes, aubergistes, épiciers, gardiens et gardiennes de musées ou de monuments, paysannes et paysans, passantes et passants, serveurs et serveuses, etc.
Evidemment le Danube est une voie de passage entre l'Orient et l'Occident, les mouvements migratoires successifs, qu'elles en soient les causes, ont produit un brassage qui parfois recoupe parfois ignore les frontières politiques entre Etats. C'est cette mosaïque de peuples, de langues, de paysages, d'histoires individuelles ou collectives que l'auteur nous fait ressentir tout au long de ces 600 pages. Et l'on perçoit très vite me semble-t-il que ce sont les gens qui l'intéressent vraiment, bien plus que que la performance sportive ! C'est en tout cas ce que moi j'ai apprécié dans ce bouquin qui m'a passionné. Recommandé !
A la fois un plaidoyer pour une autre Europe et une belle leçon d'histoire et de géographie.
Extrait:
"Ce livre est le fruit d'une triple passion. Passion pour la géographie d'un fleuve roi, le Danube, passion pour un vieux sport, la petite reine, élevé au rang de genre de vie et d'art de voyager, mais aussi passion pour l'histoire d'un vieux continent, l'Europe, l'homme malade de la planète, le nouvel empire multinational candidat à l'éclatement, après l'empire ottoman, l'Autriche-Hongrie, l'URSS et la Yougoslavie; or nous savons que cette Europe, qui s'est suicidée tant de fois et qui meurt aujourd'hui à petit feu, n'aura pas de troisième chance si elle s'autodétruit de nouveau. Oui, autant l'avouer, le vrai sujet de ce livre n'est pas le Danube mais l'Europe.
Remonter le Danube de la mer Noire à la Forêt-Noire juché sur un vélo n’est pas synonyme de long fleuve tranquille, l’écrivain Emmanuel Ruben en a fait l’expérience mais c’est pour lui un périple inoubliable et pour nous, humbles lecteurs, des heures de lectures qui sont une source d’enrichissement et une démonstration de nage libre de la pensée.
Avec un ami cycliste ukrainien rencontré dans les Vosges, quelques kilos de chargement et deux montures équipées d’une selle, d’un guidon et de deux roues, d’une bonne dose d’énergie et de passion, c’est le récit d’une chevauchée fantastique (oui, on découvre même une mystérieuse Zyntarie), celle d’une passion européenne aux sons d’une Bohemian rhapsody…
Car le Danube est loin d’être bleu (merci à l’auteur de citer la véritable origine de la valse avec les quelques vers de Karl Isidor Beck et son « der shönen blauen Donau), il est de toutes les couleurs, un peu de jaune à la Jules Verne, un peu de gris pours les jours sombres, un peu de vert pour les jours où on espère. Le fleuve n’est pas qu’une palette de couleurs, c’est le lit d’une mosaïque de peuples (à l’image du cimetière de Sulina), de civilisations ; l’un des berceaux de l’Europe et peut-être une des clés de sa survie si on veut bien en étudier la question géopolitique. Car l’Europe ce n’est pas seulement Charlemagne…Istros et la création du monde…
D’une franchise absolue, l’auteur décrit aussi bien ses sensations physiques de cette odyssée cycliste que ses appréciations, ce qu’il voit, devine, se remémore entre souvenirs d’enfance, faits du présents et faits historiques. Le Danube traverse 10 pays et des siècles d’histoire, ce sont des flots d’émerveillement et des coulées d’horreur, c’est un chant d’oiseau, c’est le cri d’agonie de peuples massacrés, un tourbillon humide de larmes éternelles dans une nature bouillonnante de diversités.
L’écrivain voyageur s’attarde beaucoup aux rencontres, celles des vrais gens du bord du fleuve, ces témoins du temps qui passe : Virgil, le portier érudit de la bibliothèque de Galati, Tchevo et ses trois religions, la serveuse du Petit Café Szilvia ou encore Mila, refugiée croate sans aucune famille et qui a créé son monde avec son petit jardin d’Ybbs en Autriche. Leçons de vie, leçons d’humilité. Et à nouveau, une leçon européenne aussi.
Si je regrette l’absence ou la quasi absence de l’histoire des Habsbourg (mais la saga de Jean Bérenger pourra être à nouveau relue), j’ai aimé les références jusqu’à l’Antiquité et sa mythologie, et, la narration de nombreux faits oubliés ou inconnus, la plupart tragiques, comme le massacre de Novi Sad (Serbie) où 1300 innocents furent massacrés en 1942 par des soldats hongrois et assimilés, ou encore, plus proche, la mort de 400 personnes entre 1945 et 1989 à Devin, ces gens qui voulaient franchir le Rideau de Fer et ont été rattrapés par des balles ou autres moyens létaux. Cette manie de vouloir construire des murs pour empêcher les rêves de liberté se réaliser…
Ce livre n’est pas parfait, l’intermezzo laisse un peu de vagues, on n’épouse pas forcément toutes les idées de l’auteur mais justement il est à l’instar de tout ce qu’offrent la nature, la vie et les cours d’eau : limpides puis opaques, sombres et lumineux, domptés ou sauvages et la diversité dans toute son étendue. D’ailleurs, nos Ulysse des temps modernes trouvent bien monotones les pistes cyclables parfaites autrichiennes, jusqu’à regretter la poussière et la circulation chaotique sur les chemins hasardeux, la perfection est stérile et enlève les pigmentations de la vie.
A l’image des rivières, des bibliothèques, ce récit semble être infini, tant par l’épopée que par la richesse du contenu. Mais infini également après la lecture car ce sont des recherches à venir sur Panaït Istrati, Ferenç Karinthy, sur la bibliothèque de Melk, et pour votre serviteur, le grignotage de documents sur la Bulgarie, pays qui m’a le plus interpellé à mon grand étonnement.
Un roman à louer comme un hymne à l’Europe, à suivre comme le vol d’un héron, l’oiseau qui supervise tout le fleuve et qui par son vol peut « ouvrir la route du Danube pour enfin revoir les étoiles ». A nous aussi d’avoir la même espérance européenne pour ce formidable habit d’Arlequin.
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Livre lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2019
Un livre qui se lit tout seul, très fluide dans l’écriture et vraiment très agréable c’est un livre qui invite au voyage, de belles rencontres, de l’humour. La traversée de l’Europe à vélo en quarante-huit jours nous apprend beaucoup sur cette Europe contemporaine.
Un très bon livre.
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