"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ô Jérusalem – Dominique Lapierre et Larry Collins
Des milliers de témoignages pendant trois ans ont été nécessaires pour écrire cet ouvrage qui couvre la période de 1947 à 1948.
L’enquête sur la naissance d’Israël délivre un dossier complet sur la période décrite.
« La survie de Jérusalem tient de hasards et parfois du miracle. Les témoignages recueillis aux quatre coins de la planète font de ce livre un précieux document ».
J’ai aimé particulièrement la richesse des premières pages, l’histoire dans l’Histoire, les fondations du problème de ce territoire.
Par la suite, il est question de politique, de solutions poussiéreuses de préparatifs et de la guerre proprement dite avec la description de ses atrocités, ses embuscades, de gens affamés et du terrorisme entre juif pour reprendre le pouvoir sur l’Etat.
Des cartes et photos viennent augmenter ce volume de 600 pages et donnent à comprendre les positions des Juifs et des Arabes avant et après le partage de l’ONU.
La Terre sainte est une terre qui s’époumone avec ses religions, sa politique, ses guerres de territoire. Elle a un passé, le présent est d’actualité et son futur n’a pas fini de faire parler d’Elle.
Dominique Lapierre s’est éteint en 2022, laissant derrière lui bon nombre de best-sellers, parmi lesquels, par exemple, La Cité de la Joie et Paris brûle-t-il ? Cet ancien grand reporter à Paris Match, tombé amoureux de l’Inde, s’était engagé dans la création de nombreuses associations en faveur des enfants et des déshérités de Calcutta, leur reversant la moitié de tous ses droits d’auteur. En 2008, il publiait Un arc-en-ciel dans la nuit, un récit charpenté par un immense travail de documentation et de nombreuses rencontres et interviews préalables, retraçant l’histoire de l’apartheid.
Cette politique de « développement séparé », en fonction de critères raciaux, des populations d’Afrique du Sud, prit forme en 1948 et perdura jusqu’en 1991. Elle est un produit de l’Histoire remontant au XVIIe siècle, quand, envoyés à l’extrême pointe de l’Afrique pour ravitailler en salades et ainsi préserver du scorbut les équipages des navires de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, les colons hollandais, allemands et français finirent par faire souche dans la région en développant leur propre identité nationale. Bâti sur des convictions religieuses, exacerbé par les épreuves et par la guerre des Boers contre l’impérialisme britannique, entretenu enfin par la peur de se dissoudre dans la masse des peuples noirs, le nationalisme afrikaner devint une sorte de « religion civile » prônant la suprématie de droit divin de la minorité blanche sur les ethnies alentour. Dans les années trente et quarante, de nombreux afrikaners trouvèrent un écho à leur théorie dans le national-socialisme et le nazisme. Leur idéologie donna naissance à des lois rigides faisant des noirs des étrangers sur leur propre terre. Déportées sur guère plus que le dixième le plus pauvre du territoire, les immenses populations noires furent regroupées dans de misérables ghettos, privées de tout droit, à la merci de persécutions dont le récit décrit l’ampleur inouïe.
Désormais bien conscient des racines profondes du mal, l’on découvre ensuite dans ces pages la réalité concrète de ces plus de quatre décennies de ségrégation institutionnelle, à mesure qu’aux acteurs historiques essentiels la narration vient mêler des protagonistes ordinaires, dans un récit vivant dont bien des aspects, tous véridiques mais méconnus, provoquent la sidération. Pendant toutes ces années, des figures se détachent, incarnant l’espoir : Nelson Mandela bien sûr, à qui ce livre rend un hommage sincère, mais aussi le chirurgien cardiaque Christiaan Barnard qui choqua tant de ses compatriotes par ces transplantations de coeurs sans considération de races, ou encore la doctoresse blanche Helen Lieberman, appelée la Mère Teresa sud-africaine. Le livre s’achève en 1994, lorsqu’après vingt-sept années d’emprisonnement dans d’atroces conditions, puis quatre ans de négociation avec le gouvernement en faveur de la réconciliation, Mandela, tout frais prix Nobel de la paix, devient le premier président noir d’Afrique du Sud, désormais démocratie multiethnique dite « arc-en-ciel ». L’Afrique du Sud post-apartheid est alors encore une page blanche, très chiffonnée par son lourd passé…
Récit romancé au minimum pour donner chair et vie aux faits historiques, cet ouvrage riche de révélations sur les réalités méconnues de l’apartheid est aussi le reflet d’un homme, voyageur, conteur et philanthrope, qui passa sa vie à révéler l’injustice et à essayer de la combattre. Une lecture édifiante, à prolonger, peut-être, par les deux tomes de L’Alliance de James A. Michener.
Après avoir lu de nombreux livres de Dominique Lapierre, pourquoi celui-ci est -il passé à travers les mailles de mon filet ? En effet, "Il était une fois L'URSS" a été publié en 2006.
Sur la quatrième de couverture il est écrit que c'est un incroyable voyage.
Dominique Lapierre raconte ici une de ses aventures avec son ami Jean-Pierre Pedrazzini, journaliste comme lui à Paris Match. Ils décident de traverser l'URSS en voiture, avec leurs épouses. Après beaucoup de mal, ils finissent par obtenir l'autorisation de Krouchtchev et nous voilà à bord de leur voiture, pour traverser treize mille kilomètres, de la Pologne à l'Oural.
Ce qui ressort de cette expédition, c'est la question de savoir comment font les soviétiques pour se sentir heureux (ou faire croire qu'ils le sont). Cela paraît invraisemblable étant donné leurs conditions de vie.
Il n'est pas facile à nos aventuriers de rentrer en contact avec les russes et lorsque cela est possible, c'est avec l'accord des dirigeants.
Mais parfois nous avons droit à de l'humour.
Chaque ville importante traversée est décrite avec justesse.
ai pour moi en souvenir de ce beau livre si attachant.
J'en distillerai tout de même quelques unes pour donner envie à ceux qui n'ont pas lu ce livre, de le rechercher et d'être emballés eux aussi comme je l'ai été.
De toute façon, avec Dominique Lapierre, chaque ouvrage est magnifique. Impossible de se tromper en choisissant un des ses livres.
On ne présente plus le tandem Dominique Lapierre et Larry Collins.
Le duo franco-américain s'était attaqué dans les années 70 à un gros morceau : "Cette nuit la liberté" est le récit de l'indépendance et de la douloureuse partition des Indes avec la création du Pakistan.
À l'issue de la seconde guerre mondiale, la Grande Bretagne se réveille exsangue et n'a plus les moyens de ses ambitions coloniales.
[...] Elle payait maintenant le prix exorbitant de cette victoire. Son industrie était paralysée et ses coffres étaient vides.
Le rêve colonial est terminé et avec lui le temps de fastes impériaux qui rivalisaient avec ceux de Versailles et de Louis XIV.
[...] Jardiniers, chambellans, cuisiniers, écuyers, gardes, toute la domesticité de cette forteresse féodale égarée dans les temps modernes préparait fébrilement l'intronisation du dernier vice-roi des Indes.
Lord Mountbatten est nommé vice-roi des Indes avec la mission de liquider le fleuron de l'empire britannique, le joyau de la couronne, et donc de sonner l'heure de la décolonisation dans le monde.
[...] D'une façon irrévocable, définitive, l'indépendance de l'Inde mettrait fin à un chapitre de l'histoire de l'humanité.
Quelques mois plus tard, en août 1947, l'Inde devient indépendante, le Pakistan voit le jour.
Les auteurs nous font vivre ces quelques mois, aux côtés du vice-roi et de son épouse, du prophète Mohandas Karamchand Gandhi, du leader musulman Muhammad Ali Jinnah et de l'homme politique indien Jawaharlal Nehru, chacun empêtré dans ses préjugés mais chacun tenant son rôle en train d'écrire l'Histoire moderne.
Les colons anglais, toujours imbus de leur supériorité raciale, nés pour soumettre et gouverner, doivent renoncer rapidement à leurs privilèges et à leur vie de château, abandonner le concept victorien de la prééminence de l'homme blanc et laisser les indiens construire leur nation.
Ou plutôt leurs nations, puisqu'en l'absence de l'arbitre anglais, les musulmans et les hindous ne pourront rester unis au sein d'une Inde (re-)dessinée par les colons : ce sera un bain de sang, des centaines de milliers de personnes massacrées, des dizaines de millions de personnes déplacées.
[...] Ce devait être un véritable cataclysme. [...] Il périrait autant d'Indiens dans cette brève et monstrueuse tuerie que de Français au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
L'Inde est indépendante, le Pakistan est né et quelques semaines plus tard le Cachemire est envahi et, à son tour, partagé en deux : ce seront les lignes de partage des rivalités actuelles.
Très actuelles : c'est d'ailleurs tout l'intérêt du bouquin que de nous faire connaître les fondations d'une géopolitique qui fait toujours l'actualité soixante-dix ans après.
Bien sûr, la prose de Lapierre et Collins est toujours aussi fluide et agréable, fleurie d'anecdotes et de petites histoires, portée par le souffle épique de la grande Histoire ... tout cela est passionnant et instructif.
Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire avec un grand H.
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