"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un arc-en-ciel dans la nuit : du grand Dominique Lapierre !
Après New York brûle-t-il ?, le dernier ouvrage écrit avec Larry Collins, vendu à 150 000 exemplaires, et Il était une fois l'URSS, son aventure en automobile à travers l'Union soviétique de Khrouchtchev (250 000 exemplaires vendus dans le monde), Dominique Lapierre revient à la grande épopée contemporaine - le genre qui a fait de lui (seul ou avec son frère en écriture, Collins) un auteur lu et admiré dans le monde entier pour sa façon si vivante de raconter l'Histoire.
Parce qu'il lui a consacré quatre livres, dont l'inoubliable La Cité de la joie (huit millions et demi d'exemplaires vendus dans le monde), on associe souvent Dominique Lapierre à l'Inde. Avec ce nouveau récit, il change de cap et nous emmène en Afrique du Sud - pour nous raconter la terrible et passionnante saga de ce coin de terre austral.
Pour beaucoup, l'Afrique du Sud se résume à l'horreur de l'apartheid (mais que savons-nous vraiment de l'histoire de l'apartheid ?), à quelques villes côtières, à de splendides paysages et à de rugueux rugbymen... Dominique Lapierre nous plonge dans un monde que nous ne connaissons pas et nous raconte mille histoires plus surprenantes, captivantes, émouvantes les unes que les autres - de l'épopée des colons hollandais, qui débarquèrent à la pointe du continent africain en 1652 pour faire pousser des salades, jusqu'au combat, à l'emprisonnement et à la libération de Nelson Mandela.
L'histoire de ce nouveau monde vue par Dominique Lapierre, c'est une série d'aventures peuplées de personnages fascinants, un hymne à la liberté et à l'espoir.
En un seul souffle, nous sommes emportés des assemblées de la prospère compagnie des Indes à la misère des townships, en passant par la sauvage guerre des Boers... En chemin, nous rencontrons des colons calvinistes convaincus d'avoir été élus pour fonder une nouvelle Terre promise, de courageux princes zoulous refoulés par les Blancs, des fermiers afrikaners mourant l'arme à la main pour défendre leur jeune nation contre la couronne d'Angleterre, des diamantaires, des militaires, des visionnaires britanniques, des politiciens s'inspirant dans les années 1930 des méthodes hitlériennes pour fonder leur régime raciste, des scientifiques mettant sans vergogne leur savoir au service d'une cause criminelle, des militants noirs sacrifiant leur vie à la liberté de leur peuple, des héros noirs ou blancs, anonymes ou célèbres (tel le chirurgien Barnard) qui, refusant la règle de fer de l'apartheid, ont sauvé l'âme de l'Afrique du Sud.
Dominique Lapierre s’est éteint en 2022, laissant derrière lui bon nombre de best-sellers, parmi lesquels, par exemple, La Cité de la Joie et Paris brûle-t-il ? Cet ancien grand reporter à Paris Match, tombé amoureux de l’Inde, s’était engagé dans la création de nombreuses associations en faveur des enfants et des déshérités de Calcutta, leur reversant la moitié de tous ses droits d’auteur. En 2008, il publiait Un arc-en-ciel dans la nuit, un récit charpenté par un immense travail de documentation et de nombreuses rencontres et interviews préalables, retraçant l’histoire de l’apartheid.
Cette politique de « développement séparé », en fonction de critères raciaux, des populations d’Afrique du Sud, prit forme en 1948 et perdura jusqu’en 1991. Elle est un produit de l’Histoire remontant au XVIIe siècle, quand, envoyés à l’extrême pointe de l’Afrique pour ravitailler en salades et ainsi préserver du scorbut les équipages des navires de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, les colons hollandais, allemands et français finirent par faire souche dans la région en développant leur propre identité nationale. Bâti sur des convictions religieuses, exacerbé par les épreuves et par la guerre des Boers contre l’impérialisme britannique, entretenu enfin par la peur de se dissoudre dans la masse des peuples noirs, le nationalisme afrikaner devint une sorte de « religion civile » prônant la suprématie de droit divin de la minorité blanche sur les ethnies alentour. Dans les années trente et quarante, de nombreux afrikaners trouvèrent un écho à leur théorie dans le national-socialisme et le nazisme. Leur idéologie donna naissance à des lois rigides faisant des noirs des étrangers sur leur propre terre. Déportées sur guère plus que le dixième le plus pauvre du territoire, les immenses populations noires furent regroupées dans de misérables ghettos, privées de tout droit, à la merci de persécutions dont le récit décrit l’ampleur inouïe.
Désormais bien conscient des racines profondes du mal, l’on découvre ensuite dans ces pages la réalité concrète de ces plus de quatre décennies de ségrégation institutionnelle, à mesure qu’aux acteurs historiques essentiels la narration vient mêler des protagonistes ordinaires, dans un récit vivant dont bien des aspects, tous véridiques mais méconnus, provoquent la sidération. Pendant toutes ces années, des figures se détachent, incarnant l’espoir : Nelson Mandela bien sûr, à qui ce livre rend un hommage sincère, mais aussi le chirurgien cardiaque Christiaan Barnard qui choqua tant de ses compatriotes par ces transplantations de coeurs sans considération de races, ou encore la doctoresse blanche Helen Lieberman, appelée la Mère Teresa sud-africaine. Le livre s’achève en 1994, lorsqu’après vingt-sept années d’emprisonnement dans d’atroces conditions, puis quatre ans de négociation avec le gouvernement en faveur de la réconciliation, Mandela, tout frais prix Nobel de la paix, devient le premier président noir d’Afrique du Sud, désormais démocratie multiethnique dite « arc-en-ciel ». L’Afrique du Sud post-apartheid est alors encore une page blanche, très chiffonnée par son lourd passé…
Récit romancé au minimum pour donner chair et vie aux faits historiques, cet ouvrage riche de révélations sur les réalités méconnues de l’apartheid est aussi le reflet d’un homme, voyageur, conteur et philanthrope, qui passa sa vie à révéler l’injustice et à essayer de la combattre. Une lecture édifiante, à prolonger, peut-être, par les deux tomes de L’Alliance de James A. Michener.
La naissance tumultueuse de l'Afrique du Sud, racontée à travers les destins héroïques des fondateurs de la nation Arc-en-ciel. Ce livre explique vraiment très bien, comment un peuple sous considéré en vient à la violence pour obtenir sa dignité.
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