"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ô Jérusalem – Dominique Lapierre et Larry Collins
Des milliers de témoignages pendant trois ans ont été nécessaires pour écrire cet ouvrage qui couvre la période de 1947 à 1948.
L’enquête sur la naissance d’Israël délivre un dossier complet sur la période décrite.
« La survie de Jérusalem tient de hasards et parfois du miracle. Les témoignages recueillis aux quatre coins de la planète font de ce livre un précieux document ».
J’ai aimé particulièrement la richesse des premières pages, l’histoire dans l’Histoire, les fondations du problème de ce territoire.
Par la suite, il est question de politique, de solutions poussiéreuses de préparatifs et de la guerre proprement dite avec la description de ses atrocités, ses embuscades, de gens affamés et du terrorisme entre juif pour reprendre le pouvoir sur l’Etat.
Des cartes et photos viennent augmenter ce volume de 600 pages et donnent à comprendre les positions des Juifs et des Arabes avant et après le partage de l’ONU.
La Terre sainte est une terre qui s’époumone avec ses religions, sa politique, ses guerres de territoire. Elle a un passé, le présent est d’actualité et son futur n’a pas fini de faire parler d’Elle.
On ne présente plus le tandem Dominique Lapierre et Larry Collins.
Le duo franco-américain s'était attaqué dans les années 70 à un gros morceau : "Cette nuit la liberté" est le récit de l'indépendance et de la douloureuse partition des Indes avec la création du Pakistan.
À l'issue de la seconde guerre mondiale, la Grande Bretagne se réveille exsangue et n'a plus les moyens de ses ambitions coloniales.
[...] Elle payait maintenant le prix exorbitant de cette victoire. Son industrie était paralysée et ses coffres étaient vides.
Le rêve colonial est terminé et avec lui le temps de fastes impériaux qui rivalisaient avec ceux de Versailles et de Louis XIV.
[...] Jardiniers, chambellans, cuisiniers, écuyers, gardes, toute la domesticité de cette forteresse féodale égarée dans les temps modernes préparait fébrilement l'intronisation du dernier vice-roi des Indes.
Lord Mountbatten est nommé vice-roi des Indes avec la mission de liquider le fleuron de l'empire britannique, le joyau de la couronne, et donc de sonner l'heure de la décolonisation dans le monde.
[...] D'une façon irrévocable, définitive, l'indépendance de l'Inde mettrait fin à un chapitre de l'histoire de l'humanité.
Quelques mois plus tard, en août 1947, l'Inde devient indépendante, le Pakistan voit le jour.
Les auteurs nous font vivre ces quelques mois, aux côtés du vice-roi et de son épouse, du prophète Mohandas Karamchand Gandhi, du leader musulman Muhammad Ali Jinnah et de l'homme politique indien Jawaharlal Nehru, chacun empêtré dans ses préjugés mais chacun tenant son rôle en train d'écrire l'Histoire moderne.
Les colons anglais, toujours imbus de leur supériorité raciale, nés pour soumettre et gouverner, doivent renoncer rapidement à leurs privilèges et à leur vie de château, abandonner le concept victorien de la prééminence de l'homme blanc et laisser les indiens construire leur nation.
Ou plutôt leurs nations, puisqu'en l'absence de l'arbitre anglais, les musulmans et les hindous ne pourront rester unis au sein d'une Inde (re-)dessinée par les colons : ce sera un bain de sang, des centaines de milliers de personnes massacrées, des dizaines de millions de personnes déplacées.
[...] Ce devait être un véritable cataclysme. [...] Il périrait autant d'Indiens dans cette brève et monstrueuse tuerie que de Français au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
L'Inde est indépendante, le Pakistan est né et quelques semaines plus tard le Cachemire est envahi et, à son tour, partagé en deux : ce seront les lignes de partage des rivalités actuelles.
Très actuelles : c'est d'ailleurs tout l'intérêt du bouquin que de nous faire connaître les fondations d'une géopolitique qui fait toujours l'actualité soixante-dix ans après.
Bien sûr, la prose de Lapierre et Collins est toujours aussi fluide et agréable, fleurie d'anecdotes et de petites histoires, portée par le souffle épique de la grande Histoire ... tout cela est passionnant et instructif.
Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire avec un grand H.
Été 1944, quelques semaines après le débarquement de Normandie, les troupes alliées se rapprochent de Paris. Mais Hitler a été très clair, eut égard à l’importance stratégique considérable de la capitale, « Paris ne doit pas tomber aux mains de l’ennemi ou l’ennemi ne doit trouver qu’un champ de ruines. » Et alors que le commandement militaire allié ne fait pas de Paris un objectif prioritaire, souhaitant notamment éviter des combats de rue longs et coûteux et s’éviter des soucis de ravitaillement de la population, la ville sera pourtant libérée quelques jours plus tard. Comment cela a-t-il pu se produire ? Pour le savoir, il vous faudra vous plonger dans « Paris brûle-t-il » :
Le livre nous raconte donc, en se basant sur des documents historiques, les journées qui ont conduit à la Libération de Paris. Pour proposer un récit le plus proche possible de la réalité, les auteurs ont entrepris un travail de de longue haleine (3 ans !) de recherche dans les archives aussi bien françaises qu’allemandes et américaines, mais aussi d’interview des principaux protagonistes de ces évènements. Il en ressort un récit à l’écriture très journalistique vraiment prenant qui nous fait vivre de manière très complète le déroulement de ces journées cruciales en multipliant les points de vue. On partage donc le quotidien aussi bien des chefs militaires et politiques mais aussi des particuliers « anonymes », civils comme militaires, des différentes parties prenantes du conflit. On se sent réellement transportés à cette époque aux côtés des protagonistes.
Les auteurs nous proposent tout un ensemble d’anecdotes et de comportements individuels, fruits des réactions de chacun aux évènements qui se déroulent, tous ces destins qui s’entrecroisent restituant au plus juste l’ambiance de la Libération.
En bref, un livre qu’on qualifierait volontiers de nos jours de docufiction qui nous offre un récit passionnant de cette époque de l’histoire. Un best-seller mondial dont l’adaptation au cinéma par René Clément a réuni un casting assez incroyable : Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Kirk Douglas, Yves Montand, Simone Signoret, Orson Welles, Anthony Perkins, entre autres.
Avec « Fortitude », Larry Collins met en scène des personnages historiques et des personnages fictifs (inspirés librement de destins bien réels) et les plongent tous dans la Grande Histoire, celle du Débarquement en Normandie. Pour être plus précise, ce n’est pas l’Opération Overlord qui donne son nom au roman mais la moins connue mais absolument fascinante opération Fortitude. Le Débarquement en lui-même n’est évoqué que sur quelques chapitres, en fin de livre mais le gros de l’intrigue, c’est Fortitude. Fortitude, c’est quoi ? C’est une immense et très audacieuse opération d’intoxication visant à faire croire aux Allemands que le Débarquement aura lieu dans le Pas de Calais et non en Normandie, et lorsque les premiers soldats alliés mettront le pied à Utah Beach, continuer l’intox en leur faisant miroiter que la Normandie n’est qu’une diversion. Pour ce faire, les services de renseignements alliés redoublent d’effort, échafaudent des hypothèses, montent des leurres (le plus incroyable étant des chars gonflables que les allemands prendront pour des vrais vu du ciel), retournent les agents doubles, lancent des vraies opérations de sabotage pour semer la confusion chez l’ennemi, sacrifient parfois des agents à eux ou des résistants français pour que cela soit encore plus crédible. Le prix à payer pour la Victoire finale est exorbitant. Dans cette grande histoire, nous suivons le destin de Catherine Pradier (personnage fictif), une franco-anglaise entrée en résistance et qui, malgré elle, sera une des clefs de la réussite de Fortitude. Des les premiers chapitres, nous devinons que son destin sera capital et funeste. Manipulée par Paul, un agent double (ou triple, ou plus, on ne sait plus au bout d’un moment et même lui semblent perdu vers la fin), elle mènera dans le Nord de la France des opérations ultra risquées qui ne serviront que de faux semblants. Le livre de Larry Collins n’est pas forcément facile d’accès, avec sa multitude de personnages fictifs au milieu des personnages historiques. On fait sans arrêt des sauts de puces entre la France, l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Allemagne et il est certain que vu la masse de détails et de faits relatés, on se sent un peu perdus parfois. Mais il y a de l’action, du suspens, de la romance même, cela reste une version romancée et accessible de l’Histoire du printemps 44. Il faut d’accrocher un peu pour se laisser emporter par cette histoire incroyable de contre espionnage, ou tout le monde manipule tout le monde des deux côtés. C’est comme un James Bond mais en beaucoup mieux, parce que c’est la vraie Histoire. Le roman de Larry Collins rappelle qu’une guerre moderne se gagne aussi en coulisse, par la ruse, l’audace et l’intelligence. Tous les Panzers nazis ont été cloués sur place par des mots à double sens, des photos mal interprétées, par 20% de mensonges cruciaux bien lovés dans 80% de vérités avérées. Même si le prix humain de Fortitude reste aujourd’hui mal évalué, sa réussite sur le papier de Larry Collins est bluffante.
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