Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Les histoires de manipulation et de relations ambiguës sont légion. Tangerine est l’une d’entre elle.
Mais quelle intensité, quel récit captivant !
Alice et Lucy étaient des amies très proches à l’université jusqu’à un drame qui les a séparées. Quelques années plus tard, Alice est mariée à John avec lequel elle est partie s’installer au Maroc, à Tanger. Une ville qu’elle n’arrive pas à apprivoiser et une vie de couple qui ne semble pas être heureuse.
Un matin, Lucy frappe à sa porte. La relation entre les deux amies reprend, hantée par ce qu’elles ont vécu. Une relation lourde et tendue comme l’est l’atmosphère de Tanger qui est aux prémices de la lutte pour l’indépendance.
Les chapitres alternent les points de vue d’Alice et Lucy, tissant un récit de plus en plus angoissant, jouant sur la dualité des deux femmes, sur leur rivalité, leurs obsessions. Avec pour toile de fond Tanger et ses mystères les deux amies-rivales s’affrontent, revenant sur les traces de la tragédie passée et sur celle qui se joue à présent entre elles.
J’ai été totalement enthousiasmée par ce roman, j’avais envie de suivre Alice et Lucy au cœur de ce jeu de dupes et de voir jusqu’où cela les mènerait. Jusqu’où la fragilité de l’une et le machiavélisme de l’autre pouvaient les conduire. Et je n’ai pas été déçue.
Un premier roman fabuleusement réussi.
Ne lisant presque jamais les quatrièmes de couverture, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en ouvrant ce livre à la jaquette mystérieuse.
Dès les premières pages, on entre dans le vif du sujet. A chaque chapitre, le texte alterne entre les deux héroïnes. Elles racontent chacune leur version des faits, qu’ils soient présents ou du passés. Le déroulé des évènements est décrit de différents points de vue. Les questions se posent au fur et à mesure que le puzzle de l’histoire se reforme et que les actrices dévoilent leurs secrets. Plus on avance dans le récit, moins on en maîtrise l’issue.
Mais une chose est indéniable, tout au long du roman, il règne une atmosphère de tension. On ne saurait dire d’où elle vient et qu’elle en est la cause, mais elle est omniprésente. Plusieurs éléments peuvent être mis en cause. Tout d’abord, la ville de Tanger et sa chaleur. Une impression de moiteur règne sur les rues. Elle oppresse les protagonistes qui se retrouvent déstabilisés à la moindre émotion. Ensuite, il y a Alice, la fille déséquilibrée, au passé douloureux, qui ne semble pas toujours maîtriser son esprit. Et enfin, arrive Lucy, l’élément perturbateur et incontrôlable, qui agit toujours de façon importune et qui sème le chaos. Tous ces éléments participent à créer une instabilité dans laquelle le lecteur se perd.
Avec son rythme lent et son ambiance lourde, cette histoire m’a chamboulé le cerveau. A plusieurs moments, mon avis sur les faits a changé. Je croyais constamment trouver la faille, puis je me ravisais. J’ai navigué entre la réalité, la folie et la manipulation, comme dans le brouillard. « Tangerine » est un roman psychologique, asphyxiant, où tout nous échappe. Je suis ravi d’avoir découvert cette romancière avec ce premier roman habile, plein de promesses!
http://leslivresdek79.com/2019/06/14/466-christine-mangan-tangerine/
Tanger, 1956, une atmosphère particulière. Une chaleur étouffante s’abat sur tous ceux qui débarquent, les odeurs assaillent les narines trop sensibles et la sueur se colle sur les corps trop fragiles, les rues sont surpeuplées, la violence est tapie, presque physique.
Tanger est une zone internationale qui voit venir sa fin. L’autonomie arrive à grand pas. C’est la fin du protectorat et dans cette ville, les occidentaux ressemblent à des aventuriers échoués.
Voilà pour le décor.
On frôle Paul Bowles. Pourtant, on verse davantage vers du Highsmith lorsque l’on fait connaissance avec Alice Shipley. Elle se morfond. N’osant pas sortir, elle passe son temps enfermée à attendre le retour de son mari, John. C’est à ce moment que son ancienne colocataire, Lucy débarque de New York. Lucy est décidée à démarrer une nouvelle vie. Pour ce faire, elle force Alice à renouer le contact. Lucy est trop bienveillance. Et John disparaît.
Tangerine est un subtil thriller psychologique. Un roman noir qui s’étire. Mais il n’a rien de langoureux. La chaleur comme les personnages, sont oppressants.
Le 1er roman de Christine Mangan est très bien traduit. L’écriture y est belle et presque trop douce. Langoureuse. Les chapitres alternent les narrations entre Alice et Lucy.
La fragilité de ces héroïnes, se fissure, s’en suit une ambiguïté à la hauteur de cette ville. Tout semble se jouer entre mensonges et manipulations. Le lecteur est attaché à ce jeu de dupes dans ce Hitchcock littéraire ensoleilé.
Nota : je préférais la couverture originale, bien plus versée dans l’esprit du roman
Curieux roman que ce « Tangerine » signé Christine Mangan. A la fois plaisant, questionnant, révoltant, voire irrecevable. Alice et Lucy sont amies depuis toujours. Toujours ? Pas sûr, mais elles ont un tel passé de connivences ! Connivences ? Ou manipulation ? Le lecteur tâchera de trancher en suivant leurs histoires qui s’imbriquent l’une dans l’autre, se consolident ou s’entrechoquent.
En situant le présent de l’ouvrage à Tanger (d’où le titre Tangerine, de Tanger), l’autrice nous propose une vision d’une ville bouillonnante et secrète. Un curieux voyage au cœur d’un extérieur qui vit autant que semble dépérir l’intérieur de Alice. C’est là que Christine Mangan nous questionne. Que penser d’un tel mode de vie bardé d’allégeance et de repli de l’une alors que l’autre s’octroie toutes les libertés ? Peut-on, doit-on aider l’une à sortir des griffes d’un tel époux ? Lucy a-t-elle de bonnes raisons de vouloir les séparer et de fuir avec sa complice Alice ?
Plus d’une fois, le lecteur aura envie de distribuer des baffes et claques au mari. Mais pas seulement ! Tout, dans ce roman, n’est que duperies, machinations, mensonges et exploitation de l’autre à des fins peu avouables.
Ne pouvant guère se ranger exclusivement du côté de l’un des personnages, le lecteur se laissera emmener et distraire par les subtilités rocambolesques d’une écriture qui manipule, avec doigté, les défauts de l’âme humaine au point de créer une intrigue qui sublime la malveillance… Un récit qui tient ses promesses !
Merci #Tangerine #NetGalleyFrance
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