Les explorateurs de la rentrée 2018 l'ont lu et Jean François Simmarano en offre ici une lecture magnifique
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Quand nos lecteurs participent aux salons littéraires Retrouvez leur reportage : Lire en Poche à Gradignan, la fête du livre au Château du Clos de Vougeot, La Fête du livre de Merlieux, Lisle Noir, les vendanges du Polar,
Avec « 2084 », sous-titré malicieusement « La Fin du monde » Boualem Sansal, l’auteur algérien, va encore plus loin en se glissant dans la peau de George Orwell, dans un roman où le totalitarisme islamiste a remplacé les dystopies staliniennes…
Vivre , le compte à rebours de Boualem Sansal J-780
Boualem Sansal Comme d’habitude inconoclaste, incisif et drôle … et qui sait ? Visionnaire
Ce livre m'a beaucoup plu avec la réécriture de la genèse
Voix majeure sans aucun doute, né en Algérie y vivant toujours, sous menaces.
Je m’interroge sur notre époque où tant de belles voix justes par leur réflexion, leur engagement, se questionnent sur leur légitimité alors que tant d’idiots foncent tête baissée pour nous haranguer et nous contraindre à leur vision d’un monde qui tourne autour de leur ego et de leur portefeuille.
« Très honnêtement, j’ignore ce que je suis, un homme de bonne volonté sûrement, mais je ne sais trop si je sais ou pas, si je suis légitime ou pas, je me livre au jugement de qui voudra me lire. »
La première partie est donc bâtie sur cette réflexion.
Ensuite, Boualem Sansal aborde ce qui a remplacé dans les faits la vision du Big Brother d’Orwell.
Il les nomme les Destructeurs, à savoir : l’Argent, la Religion, le Fast-food et les Jeux d’arène.
Ici l’Islamisme est un cumulard : la religion et la politique.
Ce dernier ronge le monde mais avec l’assentiment d’un grand nombre si l’on en croit les attitudes qui consistent à croire en un phénomène nouveau.
Visiblement les dirigeants du monde ne veulent pas voir ni prendre les mesures qui devraient être prises.
Quand on suit l’analyse de l’auteur les quatre grands maux de notre siècle ne sont ni plus ni moins que des manières de vivre qui isolent chacun dans un invidualisme forcené.
Et l’on sait que l’individualité ne fait que renforcer les pouvoirs en place.
Pas d’entraide, pas de mouvements de foule, pas de soulèvement, pas de cohésion pour tous.
Ces Destructeurs sont des armes massives contre la culture et la politique au sens premier Politeia.
Boualem Sansal analyse ces phénomènes comme des éléments qui contraignent et annihilent l’individu et dissolvent la notion de groupe.
Par exemple la mal-bouffe, c’est plus que le poison qui détruit la santé, au-delà elle détruit l’espace-temps, les repères c’est à cire la convivialité, la famille et l’échange. En un mot destruction de la culture.
La Culture comme outil d’expression, d’émancipation et de réflexion.
Cela ne semble pas une priorité pour les gouvernants du monde qui dirigent contre le peuple même en Démocratie.
Bel hommage aux voix littéraires algériennes, lanceurs d’alerte.
« Et ainsi en septembre 1999, tremblant de peur, j’ai lancé ma première alerte dans le monde avec Le serment des barbares, une somme certes lourdingue je le reconnais mais qui ma foi pouvait se laisser lire et susciter des envies de bagarre chez les lecteurs ayant la fibre révolutionnaire à fleur de peau. Je me suis amélioré au fil de la plume mais hélas, je ne suis plus en odeur de sainteté au pays, je suis rejeté — je veux dire carrément banni. »
Boualem Sansal termine par une proposition de constitution universelle en toute simplicité.
Car lorsque le lecteur a terminé sa lecture il se dit que c’est simple comme solution pour que le monde retrouve un bon sens salutaire, et il revient au point de départ les grands Destructeurs.
Un cercle vicieux à n’en pas douter, alors gens de bonne volonté …
« Avec seulement 1 % des sept milliards d’habitants de la planète de notre côté, ce sont soixante-dix millions de combattants qui monteront à l’assaut des Destructeurs. Imagine-t-on spectacle plus grandiose ? »
Allez, debout, la route est longue !
Boualem Sansal est lauréat du prix international de la laïcité 2018 remis par le Comité Laïcité République.
Sa trilogie pour réfléchir sur l’islamisme et la mondialisation :
Gouverner au nom d’Allah
2084 la fin du monde
Le train d’Erlingen
©Chantal Lafon
Ce livre est une véritable pépite telle une perle dans sa coquille d'huître que tout le monde devrait lire à un moment donné, histoire de remettre les choses à leur place et de regarder les religions dans leur contexte au regard de l'Histoire.
Surtout dans les histoires de religion, quand elles se mettent à dévier de leur parcours originel, parce que l'humain est ainsi fait, il faut toujours qu'il détourne les origines pour son propre pouvoir, il faut bien détourner les masses au profit de celui qui veut être calife à la place du calife ou l'être plus puissant que son voisin.
L'auteur a le don d'expliquer clairement les différents courants dans l'islam, la différence entre islam et islamisme, pourquoi la religion se veut politique pour les uns, les sectes et leurs méfaits pour les autres.
Vous sortez de cette lecture instructive et rafraîchissante comme si un ami vous avait offert un écrin qui renferme un beau trésor. Je ne peux qu'en remercier l'auteur.
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