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L'Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yolah sur terre. Son système est fondé sur l'amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions. Mais un homme, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur un peuple de renégats qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion. Au fil d'un récit plein d'inventions cocasses ou inquiétantes, Boualem Sansal s'inscrit dans la filiation d'Orwell pour brocarder les dérives et l'hypocrisie du radicalisme religieux.
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Avec « 2084 », sous-titré malicieusement « La Fin du monde » Boualem Sansal, l’auteur algérien, va encore plus loin en se glissant dans la peau de George Orwell, dans un roman où le totalitarisme islamiste a remplacé les dystopies staliniennes…
Une lecture longue dans laquelle on se perd parfois. Néanmoins l'auteur nous offre une belle réflexion sur les croyances.
Christine, je veux te remercier de m'avoir permis de découvrir ce livre. Souviens-toi : quand je t'ai dit que je travaillais à un roman dont le titre pourrait être 2084, tu m'as répondu que celui-ci avait déjà été utilisé. Quelques clics sur mon smartphone plus tard, je trouvai ce 2084-La fin du monde de Boualem Sansal, que je m'empressai de commander à ma libraire préférée.
C'est ainsi que j'ai découvert l'Abistan, son dieu Yölah et son fondateur Abi, son histoire faite de guerres de religion toujours victorieuses contre le diable Balis et ses inféodés et ayant officiellement conduit à la disparition de tous les opposants. J'y ai rencontré Ati qui, guéri d'une grave maladie, quitte le sanatorium aux confins du pays pour rentrer chez lui, dans la tentaculaire capitale Qodsabad. Un voyage qui durera une année, lui fera rencontrer l'archéologue Nas, de nombreux pèlerins et marchants, et ... beaucoup de questions ! De retour chez lui, ATI et son ami Koa qui partage ses interrogations décident de retrouver Nas pour confirmer que la découverte récente des ruines d'un village est bien de nature à remettre en cause l'histoire officielle du pays...
C'est à un voyage en Absurdie que nous convie l'auteur. 2084, c'est la fin du "monde ancien", le nôtre, et le début d'un "nouveau monde", un monde dont l'histoire ne remonte pas au delà de cette année, un monde façonné par la dictature et le fanatisme religieux, où toute trace de progrès a quasi disparu, où la vérité est temporaire et l'histoire récrite aussi souvent que nécessaire, où la population est tenue dans l'ignorance la plus totale, où la langue a été simplifiée à l'extrême pour éliminer tous les concepts dérangeants pour la caste dirigeante... En ce sens, il y a bien une filiation entre le 1984 de George Orwell et ce 2084 : la haute technologie qui permet d'asservir le peuple dans le premier est remplacée par l'ignorance, la croyance en un être suprême et en son messager et la pauvreté dans le second.
Dans ce monde-là, Ati et Koa n'auraient jamais du se poser les questions qui taraudent leur esprit ; cette idée même est répréhensible ! Pourtant, faisant preuve d'ingéniosité pour échapper aux multiples contrôles, ils prendront la route pour se rapprocher des lieux de pouvoir et trouver, pensent-ils, auprès de l'archéologue Nas, sinon des réponses, au moins la confirmation de la pertinence de leurs questions.
Boualem Sansal met à profit ce récit, où l'absurde et le burlesque se côtoient en permanence, pour explorer les diverses facettes de l'âme humaine placée face à la violence dictatoriale et à l'intolérance religieuse. Il y a ceux, les plus nombreux, qui obéissent servilement en évitant de réfléchir, ceux qui espèrent quelque privilège en participant à la surveillance et à la dénonciation, ceux qui sont proches du pouvoir et sont prêts à tout pour conserver leur situation, même à comploter pour grimper quelques marches de plus dans les hiérarchies, et puis il y a ceux, peu nombreux, qui essaient de comprendre et dont on ne sait s'ils seront in fine écrasés.
Et bien sûr, on ne peut éviter de se poser la question : et si certains fanatismes religieux d'aujourd'hui prenaient demain l'ascendant sur nos sociétés ?
Je sais, Christine, tu vas me demander pourquoi je n'ai mis à ce livre qu'une note de 4 sur 5. Je ne sais pas si Boualem Sansal l'a fait délibérément, mais il oppose à la pauvreté culturelle de l'Abistan la grande richesse de son écriture. Mais il en fait peut-être un peu trop, et le roman devient difficile d'accès, la lecture manque de fluidité, et c'est vraiment dommage...
Pour conclure, je voudrais partager avec toi deux extraits du livre, qui me paraissent tout à fait représentatifs :
"On ne disait pas par là qu'ils étaient têtus comme des pierres, on se voulait respectueux, on donnait seulement à entendre que les pierres étaient plu raisonnables qu'eux."
"La dictature n'a nul besoin d'apprendre, elle sait naturellement tout ce qu'elle doit savoir et n'a guère besoin de motif pour sévir, elle frappe au hasard, c'est là qu'est sa force, qui maximise la terreur qu'elle inspire et le respect qu'elle recueille. C'est toujours après coup que les dictateurs instruisent leurs procès, quand le condamné par avance avoue son crime et se montre reconnaissant envers son exécuteur."
Cette chronique est dédiée à Christie Z., qui se reconnaîtra
http://michelgiraud.fr/2020/08/01/2084-la-fin-du-monde-boualem-sansal-gallimard-folio-brillante-denonciation-de-la-pensee-unique/
Mis en quarantaine pour cause de tuberculose, Ati survit dans le terrifiant sanatorium du Sîn dans les confins lointains de l'Abistan, territoire où règne sans partage une religion unique où les croyants répètent en permanence : « Il n’y a de dieu que Yölah et Abi est son délégué. » Tout juste guéri, Ati, libéré, parcourt le pays et gagne la capitale, l’incomparable cité de Dieu, siège du pouvoir théocratique avec la Kiiba, la Grande Mockba et l'Abigouv, le tout-puissant gouvernement des croyants sur terre. Avec son nouvel ami Koa, ils explorent les bas-fonds, sont en butte aux terribles milices de la foi qui corrigent ou tuent déviants et autres mécréants et s’aperçoivent qu’en dépit des apparences lisses et unanimistes, certaines choses ne « collent pas ».
« 2084, la fin du monde » se veut un ouvrage de science-fiction, de pure imagination. Il est bien évident que ce n’est qu’un moyen détourné, une sorte de pamphlet pour décrire l’horreur d’un système totalitaire basé sur une religion unique régnant sans partage. Sansal a voulu imiter Orwell et faire avec l’islamisme, ce que son devancier fit avec le communisme. Même si le résultat n'est qu'un pâle reflet de celui du britannique, la ressemblance entre les deux dictatures est frappante. Mêmes méthodes de répression, de conditionnement des esprits, de gouvernement par la peur, de diffusion d’un obscurantisme assumé. Même pensée unique et même langage codé avec ses inversions de valeurs (« La guerre c’est la paix », « La liberté » c’est l'esclavage », « L’ignorance c’est la force » et quelques autres du même charmant tonneau). Bien que récompensé par un Grand prix du roman de l’Académie française, cet ouvrage ne semble pas mériter autant d’honneurs. L’intrigue est inexistante, sans grande consistance, les personnages manquent d’épaisseur et la narration a un côté caricatural assez agaçant ne serait-ce que par les noms qui ne diffèrent que d’une lettre ou d’une syllabe des originaux. Dans cette fable ou dans ce conte, l’auteur a surtout voulu exposer ses idées philosophiques, condamner sans appel toute forme de théocratie, malheureusement sans jamais délivrer le moindre message d’espoir. Dommage que tout cela soit insuffisant pour prétendre au chef-d’œuvre.
On se perd un peu dans la narration comme si on essayait également de retrouver notre libre arbitre, notre liberté.
Intéressant mais pas envoutant
Pas facile à lire, on comprend pas toujours tout, mais de très bons moments
Écriture magnifique un auteur a connaitre et a lire très beau recit
L'Abistan recouvre désormais le monde, la Juste Fraternité tient le pouvoir d'une main de fer, les Honorables gouvernent le petit peuple en l'assoiffant de mythes et d'obligations religieuses. Quel bel avenir nous décrit Boualem Sansal dans ce récit d'aventures, dont le style n'est pas sans rappeler un certain Candide de Voltaire... Après Candide l'optimiste, ici nous suivons Ati, l'homme qui se voulait libre sans parvenir tout à fait à se défaire de ses chaînes de croyant. Son périple commence au sanatorium de Sîn où le passage incessant des pèlerins et les étranges rumeurs sur la frontière proche l'emmènent à remettre en question tout ce qui lui a été inculqué pendant l'enfance. A peine revenu dans sa ville d'origine, Qodsabad, grande capitale aux multiples quartiers, il s'acoquine avec Koa, rejeton d'une famille illustre ayant pris le parti de la rébellion. Et les voilà partis tous les deux sur les routes, à visiter les ghettos, à s'introduire dans le coeur du gouvernement, et autres péripéties fantasques dans ce monde étrangement plausible.
S'inscrivant clairement dans la lignée d'Orwell - et en citant même Big Brother et 1984 -, Boualem Sansal nous propose ici une nouvelle version du totalitarisme, un totalitarisme religieux extrémiste où la foi des croyants est entretenue à coups de purée hallucinogène, de massacres collectifs, et de pèlerinages organisés vers des lieux à l'histoire inventée. Une machine bien huilée somme toute, à laquelle les croyants n'ont aucun moyen possible d'échapper. Tout semble merveilleusement bien penser pour empêcher toute révolte, tout questionnement de l'âme, toute envie de liberté. Sauf que derrière les apparences de ce pouvoir religieux, les guerres de clans persistent, les Honorables s'affrontent, se jouant de petits pions comme Ati sur le grand échiquier du pouvoir. On ne peut pas lire ce livre sans avoir une pensée pour Daech, dont la montée en puissance commence à se faire sentir au moment de la publication de ce récit.
Boualem Sansal n'a rien laissé au hasard dans son monde hypothétique, tout est expliqué, décortiqué, analysé. Fonctionnement de la société, tenue nationale, langue nationale, symboles du pouvoir, historique apocalyptique: tout y est, on s'y croirait presque. A ceci près que le style littéraire lui, ne laisse aucun doute sur le côté hypothétique de l'histoire. A peine romancé, ce conte trimballe le personnage principal d'un bout à l'autre de l'Abistan, du bas vers le haut de la pyramide des classes, d'un discours philosophique à l'autre - tous les prétextes sont bons pour donner plus d'explications sur le régime totalitaire sorti de l'imagination de l'auteur.
Un livre qui fait réfléchir donc, à défaut de permettre de s'évader tout à fait - dans tous les cas, je ne suis pas sûre qu'il y a un seul lecteur qui aurait envie de s'évader vers ce monde là.
Fonctionnaire tuberculeux, Ati a vaincu le mal dans un sanatorium perdu dans la montagne. Après un an de voyage, il rentre chez lui à Qodsabad, capitale de l'Abistan. Reçu en héros pour avoir bénéficié du soutien de Yôlah, le dieu unique, et d'Abi, son délégué sur terre, l'employé de mairie aurait pu vivre heureux dans la béatitude de la croyance inconditionnelle si son séjour dans les montagnes n'avait pas écorné sa foi. Alors que, comme tout le peuple d'Abistan, il était jusque là soumis au système de pensée imposé par Abi, la Juste Fraternité et l'Appareil, Ati vit désormais avec le doute et la peur d'être découvert. Car en Abistan, rien ne peut être caché bien longtemps. Mécroire est puni de mort et les V sont capables de lire les pensées les plus intimes. Mais plus rien ne peut arrêter Ati, surtout quand il découvre en Koa, un compagnon qui partage sa quête de la vérité. Hors les murs de Qodsabad, des gens vivent sans le soutien de la religion. S'ils existent, il y a peut-être un autre monde, au-delà des frontières de l'Abistan...un monde libre !
Attention ''chef-d'oeuvre'' ! ''Récit plein d'inventions cocasses'' ! ''Fable puissante à l'humour ravageur'' !
Peut-être mais ce n'est pas visible au premier coup d'oeil. 2084 qui se veut un hommage au 1984 d'Orwell n'en a malheureusement pas la puissance. Il s'agit ici d'un récit long, répétitif et ennuyeux qui manque de moelle. Son Ati, sans substance, sans génie, promène ses questionnements dans un monde désincarné lui aussi. On découvre, l'oeil morne, cet Abistan sensé nous effrayer. Pas très surprenant ce monde où la religion domine tout. L'Islam n'est pas nommé mais c'est bien lui et ses dérives radicales qui sont décrits. Les femmes corsetées voilées, cachées, la vie des hommes dictée par des préceptes rigides, la surveillance constante, les interdits omniprésents, les dénonciations, les exécutions publiques, etc. Où sont la création, l'inventivité, l'imagination ? Les talibans ont obligé afghans et pakistanais à vivre ainsi, ce n'est pas de la fiction ! La dictature, religieuse ou autre, se construit toujours sur les mêmes bases : réinvention du passé, culte rendu à une personne ou à un dieu, règles strictes, contrôles à chaque instant, maintien des populations dans la peur. En cela, ce livre n'apporte rien de plus. Et, si l'écriture est belle, toutes ces phrases mises bout à bout finissent par lasser au-delà du supportable. Boualem Sansal a écrit avec sa tête et non avec ses tripes et c'est là que le bât blesse...
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