"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Pourquoi les humains sont-ils si bêtes ? Pourquoi se laissent-ils traîner par le bout du nez ? Les ânes ont de longues oreilles ridicules par lesquelles ils se font bêtement attraper, mais quand ils ne veulent pas avancer, rien ne peut les forcer à obéir.»Boualem Sansal adresse aux peuples et aux nations de la terre un manifeste athée, plein d'un humour féroce et rageur, pour les appeler à sortir de l'âge des dieux et à entrer dans celui des hommes. L'humanité doit trouver le moyen de résister aux forces qui la détruisent : les religions et leurs sempiternelles pénitences, l'argent tout-puissant, les passions guerrières, ou encore la malbouffe omniprésente sur la planète, symptômes indubitables d'un effondrement des civilisations.Après un rappel des errements et des crimes du passé, le grand écrivain algérien propose une «Constitution universelle» censée servir de base à la République mondiale qu'il appelle de ses voeux, qui fédérerait les peuples et les nations enfin libres.Il est temps, nous dit-il, de choisir la vie.
Voix majeure sans aucun doute, né en Algérie y vivant toujours, sous menaces.
Je m’interroge sur notre époque où tant de belles voix justes par leur réflexion, leur engagement, se questionnent sur leur légitimité alors que tant d’idiots foncent tête baissée pour nous haranguer et nous contraindre à leur vision d’un monde qui tourne autour de leur ego et de leur portefeuille.
« Très honnêtement, j’ignore ce que je suis, un homme de bonne volonté sûrement, mais je ne sais trop si je sais ou pas, si je suis légitime ou pas, je me livre au jugement de qui voudra me lire. »
La première partie est donc bâtie sur cette réflexion.
Ensuite, Boualem Sansal aborde ce qui a remplacé dans les faits la vision du Big Brother d’Orwell.
Il les nomme les Destructeurs, à savoir : l’Argent, la Religion, le Fast-food et les Jeux d’arène.
Ici l’Islamisme est un cumulard : la religion et la politique.
Ce dernier ronge le monde mais avec l’assentiment d’un grand nombre si l’on en croit les attitudes qui consistent à croire en un phénomène nouveau.
Visiblement les dirigeants du monde ne veulent pas voir ni prendre les mesures qui devraient être prises.
Quand on suit l’analyse de l’auteur les quatre grands maux de notre siècle ne sont ni plus ni moins que des manières de vivre qui isolent chacun dans un invidualisme forcené.
Et l’on sait que l’individualité ne fait que renforcer les pouvoirs en place.
Pas d’entraide, pas de mouvements de foule, pas de soulèvement, pas de cohésion pour tous.
Ces Destructeurs sont des armes massives contre la culture et la politique au sens premier Politeia.
Boualem Sansal analyse ces phénomènes comme des éléments qui contraignent et annihilent l’individu et dissolvent la notion de groupe.
Par exemple la mal-bouffe, c’est plus que le poison qui détruit la santé, au-delà elle détruit l’espace-temps, les repères c’est à cire la convivialité, la famille et l’échange. En un mot destruction de la culture.
La Culture comme outil d’expression, d’émancipation et de réflexion.
Cela ne semble pas une priorité pour les gouvernants du monde qui dirigent contre le peuple même en Démocratie.
Bel hommage aux voix littéraires algériennes, lanceurs d’alerte.
« Et ainsi en septembre 1999, tremblant de peur, j’ai lancé ma première alerte dans le monde avec Le serment des barbares, une somme certes lourdingue je le reconnais mais qui ma foi pouvait se laisser lire et susciter des envies de bagarre chez les lecteurs ayant la fibre révolutionnaire à fleur de peau. Je me suis amélioré au fil de la plume mais hélas, je ne suis plus en odeur de sainteté au pays, je suis rejeté — je veux dire carrément banni. »
Boualem Sansal termine par une proposition de constitution universelle en toute simplicité.
Car lorsque le lecteur a terminé sa lecture il se dit que c’est simple comme solution pour que le monde retrouve un bon sens salutaire, et il revient au point de départ les grands Destructeurs.
Un cercle vicieux à n’en pas douter, alors gens de bonne volonté …
« Avec seulement 1 % des sept milliards d’habitants de la planète de notre côté, ce sont soixante-dix millions de combattants qui monteront à l’assaut des Destructeurs. Imagine-t-on spectacle plus grandiose ? »
Allez, debout, la route est longue !
Boualem Sansal est lauréat du prix international de la laïcité 2018 remis par le Comité Laïcité République.
Sa trilogie pour réfléchir sur l’islamisme et la mondialisation :
Gouverner au nom d’Allah
2084 la fin du monde
Le train d’Erlingen
©Chantal Lafon
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