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Ce livre jeunesse illustré aborde une thématique délicate, la mort inattendue du nourrisson. Si l’auteur ne cache en rien les émotions de parents face à la douleur de la perte d’une partie d’eux-mêmes, il a fait le choix intéressant d’aborder la question à travers les yeux d’un enfant. Celui du petit Théo qui du haut de ses 7 ans, bientôt 8, découvre brutalement que la mort peut s’inviter chez lui et dans sa vie.
Comment lui faire comprendre, mais sans le brusquer, qu’il ne pourra plus voir et jouer avec sa petite sœur Léa ? Comment lui expliquer clairement, mais avec délicatesse, le concept de mort ? Tout ceci, sans soi-même se laisser submerger par la détresse, l’incompréhension et la douleur ?
À travers un texte empreint de beaucoup de délicatesse et de sensibilité, l’auteur nous fait entrer dans la vie d’une famille frappée par le deuil, une famille qui va devoir apprendre à exister sans la présence de la petite Léa, partie rejoindre les étoiles trop tôt. Il y a bien sûr de la tristesse dans cette histoire, la perte d’un nourrisson étant un drame dont il est bien difficile de se relever, mais l’auteur arrive à distiller, page après page, de l’espoir et à auréoler son récit de lumière. Il se concentre ainsi sur l’après, sur la guérison, sur la nécessité de continuer à vivre sans pour autant oublier, et l’importance de soutenir Théo. Le petit garçon a, en effet, plus besoin que jamais de ses parents pour faire face à la disparition de sa sœur et toutes les angoisses que cette tragédie provoque en lui.
Devant sa peur de mourir et de voir disparaître ceux qu’il aime, ses parents sauront l’écouter et trouver les mots justes pour le rassurer, mais aussi pour lui expliquer que si sa sœur a rejoint les étoiles, elle sera toujours dans son cœur et celui de chacun des membres de la famille. À cet égard, j’ai adoré l’idée symbolique des parents d’acheter avec Théo un arbre et de le planter en hommage à Léa. Un arbre souvenir, un arbre mémoire qui va permettre à Théo de se recueillir, de rester en contact avec sa sœur et, d’une certaine manière, de continuer à grandir à ses côtés.
Malgré la mort qui s’invite brutalement dans la vie d’une famille, il y a donc beaucoup de vie dans ce livre jeunesse qui adopte un ton volontairement bienveillant, doux et délicat. Un ton qui devrait permettre aux enfants concernés par le sujet de se sentir en confiance, et peut-être d’avoir envie d’extérioriser et de partager leurs émotions, leurs peurs et leurs interrogations avec leurs parents ou d’autres adultes, à l’instar du petit Théo. Ce livre pourrait également aider des parents à instaurer un dialogue avec leur ou leurs enfants sur la perte d’un membre de la fratrie, voire peut-être les aider eux-mêmes à poser des mots sur leurs maux et leur douleur.
Devant une thématique aussi difficile que la mort d’un nourrisson, on aurait pu s’attendre à une ambiance graphique austère, alors que Korrig’Anne a opté pour des traits ronds très enfantins et des illustrations douces, lumineuses et colorées, comme une ode à cette vie qui doit reprendre. En plus de faciliter l’immersion des enfants dans leur lecture et de leur permettre de s’identifier plus facilement au petit Théo, ces illustrations brillent par les émotions qu’elles retranscrivent et qu’elles transmettent. Chagrin, tristesse, mais aussi joie, espoir et amour se peignent sur des visages qui s’ouvrent et reprennent vie à mesure que le temps passe, et que la douleur laisse place à un travail de reconstruction et de mémoire.
À noter qu’en fin d’ouvrage, l’auteur fait un bref point sur ce qu’est la mort inattendue du nourrisson et rappelle quelques règles de sécurité lors du couchage. Bien que n’ayant pas d’enfant, j’ai trouvé la démarche intéressante et somme toute instructive.
En conclusion, évoquer la mort n’est jamais aisé en soi, mais cela devient encore plus difficile quand elle touche un nourrisson. Dans ce livre d’une surprenante délicatesse et d’une bienveillance réconfortante, Bertrand Gimonet, lui-même touché par la perte d’un enfant, offre néanmoins un récit touchant où derrière la perte et la douleur sont évoqués la résilience, l’espoir et la vie. Émouvant de par sa thématique, Léa, mon étoile filante se révèle indispensable par le point de vue adopté, celui d’un petit garçon/un frère qui, avec courage et le soutien de ses parents, va apprendre à vivre sans sa sœur, tout en réalisant que même si elle n’est plus à ses côtés, elle restera dans son cœur pour toujours et à jamais ! Touchant et émouvant, voici un livre qui permettra peut-être à des familles endeuillées de trouver un écho à leur propre histoire et une lueur d’espoir dans l’obscurité.
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