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Les Éditions Elitchka, c’est de la littérature jeunesse et du folklore bulgare, des illustrations magiques, des traductions, de la poésie, de la sensibilité, l’amour de la nature. Et de magnifiques ouvrages. Je les ai découvertes, il y a deux ou trois au salon de la littérature bulgare organisé à Lyon un week-end d’octobre. On ne repart pas de salon du livre sans livre, j’avais choisi Une larme de maman de l’auteur bulgare Anguel Karaliitchev, et la dessinatrice Céline Corréale, pour mes enfants. S’il y a bien quelque chose dans un livre qui me fait une bonne impression, c’est l’espace accordé aux différents acteurs impliqués dans la réalisation dudit livre. C’est ce qu’ont fait les Éditions Elitchka en fin d’ouvrage avec quelques mots sur l’auteur, l’illustratrice et sur les éditions elles-mêmes.
Anguel Karaliitchev fut un auteur de contes bulgare, étudié à l'école, il apparaît comme une sorte de double d'Andersen dans son pays, qui fut l'une de ses sources d'inspiration. Ses textes s'inspirent du folklore bulgare, d'autres non, la dessinatrice, Céline Corréale est architecte de formation, ici elle exploite ses dons de manière tout à fait différente, et ça lui réussit, les illustrations sont sublimes. Une fine pluie d'automne, un hirondeau, de gros grains de raisins gonflés d'eau : une histoire qui apparaît gorgée de tristesse et de mélancolie, l'oiseau est resté seul au pays, loin de sa famille qui s'est envolé vers des cieux plus cléments. Une hirondelle que l'on découvre dans l'incapacité de voler et donc isolé, abandonné le temps d'une saison, ce que l'on espère, puisque l'hirondelle retrouve le lieu où elle nichait, lorsqu'elle revient de sa migration.
Un oiseau, une petite hirondelle, esseulé qui se retrouve à converser avec une goutte d'eau, une larme de maman, pas n'importe quelle maman, celle de cet oisillon, qui a dû partir, le cœur brisé de laisser son enfant. L'histoire de la migration d'une goutte d'eau, d'une larme, depuis les pays chauds jusqu'en Bulgarie. Une goutte d'eau qui vient réchauffer le cœur de l'oisillon, une façon d'aborder le sujet de la séparation, qu'elle soit provisoire ( la maman est censée revenir de sa migration ) ou définitive. L'auteur fait partie de ces personnes capables de voir, et de montrer, de la beauté là où on ne la voit pas forcément, montrer et raconter le beau , l'espoir, la pureté des sentiments. Et ce regard-là d'une candeur enfantine et colorée est mis en valeur de façon sublime par les illustrations de Céline Corréale, qui rendent hommage à l'état d'esprit de ce conte.
Voilà un conte qui fait partie du patrimoine culturel bulgare, certains lectrices et lecteurs ne manquent pas d'évoquer leurs souvenirs de leur première lecture, il y a quelques dizaines d'années auparavant. Anguel Karaliitchev est cet homme qui a continué à écrire pour les enfants toute sa vie alors même qu'il a perdu tragiquement les deux siens, en très bas âge, doté d'une sensibilité qui nous marque jusqu'en France avec ce conte sur l'amour maternel. Nous devons Anguel Karaliitchev à son homologue bulgare Ran Bosilek, grâce auquel il a publié son premier conte Le gâteau/la miche de blé ( ceci est une traduction littérale ). Si les Editions Elitchka nous ouvrent la porte sur l'œuvre de l'écrivain bulgare à travers également Neige et Contes de Noël ainsi que La luciole et le hibou, on aimerait que d'autres s'aventurent également dans l'œuvre conséquente de l'homme qui a dit écrire pour tous les enfants de Bulgarie. Et pour les nôtres aujourd'hui.
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