Lancé en janvier 2015, le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.
Cette semaine, Pascale a choisi Christine pour partager sa lecture et son avis sur le livre La Végétarienne de Han Kang (Serpent à plumes).
L'avis de Pascale
Yonghye est une Coréenne d’une bonne vingtaine d’années, mariée depuis 5 ans. Une nuit, son mari la trouve pieds nus dans la cuisine, devant le réfrigérateur ouvert dont elle sort toute la viande. Dès qu'elle dort elle rêve de scènes de boucheries atroces où se mêlent cadavres humains et animaux. Yonghye devient alors végétarienne et sa vie bascule complètement.
Il n’est pas particulièrement aisé d’appréhender la littérature coréenne. Loin des codes du roman européen ou américain, voire sud-américain, elle est à la fois pudique et sensuelle, poétique et dramatique par le choix du thème. Tout en suggestion, il faut savoir lire entre les lignes, parfois plus que sur les lignes elles-mêmes.
Ce petit roman de quelque 200 pages est divisé en trois parties dont chacune a un narrateur différent : le mari de Yonghye, le mari de Inhye et enfin Inhye, la sœur de Yonghye. Derrière une simple tranche de vie d’une famille coréenne, l’auteur aborde une multitude de questions plus ou moins existentielles entremêlées. J’y ai trouvé matière à réflexion sur l’influence de l’enfance et de la famille sur la personnalité, la culpabilité, la peur face à la "non-normalité", le destin, l’anorexie, l’autodestruction et bien d’autres encore. Une grande densité de sujets abordés, parfois par petites touches sans jamais apporter de réponse définitive.
J’ai plutôt apprécié ce roman qui, par son écriture délicate et raffinée, nous fait vibrer pour Yonghye, vivre le désarroi de Inhye et souffrir à ses côtés. Je pense que ce roman est à la fois intéressant pour les amateurs de littérature asiatique qui ne seront pas dépaysés, et pour ceux qui souhaitent l’aborder. Sans être hermétique, il est susceptible de parler à chacun par ses thèmes et de séduire le plus grand nombre par la pureté et la simplicité de son écriture.
L'avis de Christine
Je lis très peu de littérature asiatique, les rares fois où j’ai essayé, je n’ai pas accroché. C’est donc avec une certaine angoisse que j’ai ouvert ce roman de Han Kang.
Pourtant, après quelques pages, j’ai véritablement été happée par La Végétarienne. Impossible de refermer le livre tant que je ne l’avais pas fini. Cette petite voix résonnait en moi, vous savez celle qui dit, allez encore une page, un chapitre…
La Végétarienne nous raconte l’histoire de Yonghye. Elle mène un existence banale, paisible auprès de son mari Chong. Un matin, après avoir fait un étrange rêve, elle décide de ne plus manger non seulement de viande, mais aussi tout produit d’origine animale.
Même si son mari et sa famille s’inquiètent et font tout pour la raisonner, Yonghye va tenir bon et sa santé, tant physique que mentale, s’en ressent.
Ce roman se déroule en trois parties, il est d’abord narré par son mari, Chong, ensuite par son beau-frère Minho et enfin par sa sœur, Ingye. Ils vont tous trois essayer de la comprendre, de l’aider, de la changer. Mais malgré leurs efforts, Yonghye résistera et continuera à suivre sa destinée.
Dans ce roman, l’auteure adopte un style simple qui convient parfaitement au sujet et au personnage de Yonghye, personnage qui devient de plus en plus effacé au fil du roman. Mais ce livre fait aussi ressortir des réflexions sur la politique de la Corée, comme le libéralisme actuel.
La Végétarienne est un roman fascinant, envoûtant, inoubliable qui se lit d’une traite.
Je l’ai véritablement apprécié et je remercie le Club des Explorateurs de m’avoir fait découvrir cette auteure qui mériterait d’être plus connue dans nos pays francophones.
Merci à Pascale et Christine pour ces chroniques passionnantes !
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