Lancé ce mois-ci, le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.
Cette semaine, Michèle a choisi Anne pour partager sa lecture et son avis sur le livre Entre toutes les femmes d'Erwan Larher (Plon).
L'avis de Michèle
Ce roman est-il un message politique ? Ou plutôt, est-ce l'ambiance politique des dernières années qui a inspiré ce texte sombre et touffu ? Difficile à résumer : la narration est assurée par « La Voix » qui raconte, un peu comme dans les Mille et une nuits, l’histoire du règne humain dans un temps futuriste. Elle aborde ainsi le personnage d'Arsène Nimale, héros d'un autre temps, renversé alors qu'il allait changer le cours de l'Histoire, dont on n'a jamais retrouvé le corps dans les décombres de l'Elysée. Un super-héros qui, quatre siècles plus tard, fascine encore les Nimaliens, qui veulent faire connaître la parole de ce personnage mythique dont l’ambition était « d'égayer la vie, redevenir heureux, prendre le temps, valoriser le genre humain ». Cette utopie lui a coûté cher, il en est mort.
De nombreuses idées viennent alors se bousculer en vrac dans ce labyrinthe : Pourquoi les hommes ont-ils besoin de se distraire ? La Grande Catastrophe qui a suivi le renversement du héros a détruit l'Inde, la Chine et l'Islam, les trois ennemis les plus craints par l'Occident ; le peuple est une entité autonome qui trouve dans son super-héros sa raison d'être (Clin d'oeil probable à nos politiques qui ne sont plus des héros ?) ; le féminisme est responsable de la décadence de l'Occident, de même d'ailleurs que la démocratie. Il y a encore cette autre leçon : N'écoute que toi et amasse du fric. A ce message cruel et irresponsable, les Nimaliens persécutés par le régime impérial répondent qu'il est indispensable de rejeter le culte de la personnalité pour permettre à chacun d'accéder au bonheur. Et que cela est encore possible, quatre siècles plus tard, comme le prônait Arsène Nimale. Et telle est la mission des personnages de ce roman étonnant.
Tout ceci pêle-mêle, en vrac, à nous de tirer le fil afin de comprendre le pourquoi et le comment.
Je me perds un peu et beaucoup dans la lecture de ce roman : je ne sais plus qui est gentil, qui est méchant. Cela m’évoque une France déchirée sans idéal collectif et un désir de jouissance égoïste. Cela m'évoque surtout un roman raté qui a voulu toucher à tout et tout dire, entre drone, hacker, trader fou, activiste religieux, écologie, politique familiale, bons gaulois et j'en passe.
L'auteur pose une question essentielle : les mots peuvent-ils changer le cours des choses ? Certainement, mais quand il y en a trop et dans tous les sens, cela s'appelle un coup d'épée dans l'eau. Et c’est bien dommage quand on a tant de choses à dire et de belles causes à défendre !
L'avis d'Anne
Dans un futur lointain, un groupe d’opposants au régime en place soutient dans la clandestinité les idées politiques d’Arsène Nimale, qui vécut 4 siècles auparavant, juste avant la Grande Catastrophe. Ils écrivent sa vie dans le Grand Livre. Arsène Nimale avait aboli la peine de mort et le bagne, croyait en l’égalité entre les hommes et que le bonheur était la seule finalité du politique. Il est devenu une légende, comme Michael Jackson.
Enoncé de la sorte, c’est limpide, malheureusement le roman ne l’est pas. C’est un roman d’anticipation : dommage, ce n’est pas mon univers de prédilection, et il traite de politique, en littérature ce n’est pas ma tasse de thé.
Le lecteur est balloté, promené, semé entre les deux périodes, l’époque où se situe le récit et le temps où vécut l’homme politique adulé par les nimaliens. L’univers prête à sourire : Emile Arton qui a pris le pouvoir après la Grande Catastrophe a instauré un Empire Gaulois, mais dans les airs se déplacent des vaisseaux. Pour distraire la population dans les arènes se déroulent des courses de chars et des combats de chiens. Massilia est quasiment sous les eaux, Montpenîmes est le plus grand centre urbain du sud et à Capitale les mendiants haranguent les passants. L’inégalité règne, la misère est le quotidien de la majorité de la population.
Je n’arrive pas à m’intéresser à cet univers, vu et revu. Le style est alambiqué, ponctué de mots peu usités conférant à la lecture une nappe de brouillage supplémentaire. En cherchant des points positifs je citerai le personnage de Cybelle, pas dans le fait que respectée de tous, c'est une voluptueuse jeune femme aux seins magnifiques et au charme fou dont tous les hommes tombent amoureux, mais dans le fait qu’elle aime les histoires, en invente et les raconte, ce qui est apprécié de qui les entend. Cette jeune femme qui tient en haleine ses auditeurs, est représentée sur la très jolie photo de couverture, en noir et blanc, avec des lettres à soupe sortant de sa bouche, s’étalant sur son buste se mêlant à ses taches de rousseur.
Merci à Michèle et Anne pour ces chroniques passionnantes !
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Effectivement, rien à voir avec "l'abandon du mâle en milieu hostile". Par contre, même s'il ne faut pas forcément avoir lu "Autogenèse", "Entre toutes les femmes" est tout de même sa suite...Il me semble préférable d'avoir lu "Autogenèse" avant...
J'ai tellement aimé "L'abandon du mâle en milieu hostile" et "Autogenèse" que j'attendais avec impatience la parution de ce livre d'Erwan Larher. Vos commentaires m'inquiètent un peu : je crains d'être déçue ! Mais je le lirai quand même et très bientôt j'espère ! Merci pour vos avis !
Je laisse cette lecture à d'autres, ce n'est pas un livre pour moi
Merci pour vos commentaires, cela me conforte dans mon idée première qui est que ce n'est pas un livre pour moi
Bonjour à toutes et tous, j'aimerais beaucoup, si vous avez lu ce roman, connaître vos impressions, cela pourrait m'éclairer sur cette grosse déception de début d'année. Merci !
Amitiés, Michèle