Deux de nos lectrices ont aimé le dernier roman de Patrick Rambaud Quand Dieu apprenait le dessin.
Allez-vous être séduits à votre tour ? Lisez leurs avis, et courrez vite chez votre libraire découvrir cette pépite de la rentrée littéraire de janvier.
L’avis de Frédérique :
« Quand Dieu apprenait le dessin » est un roman épique, drôle et parfois profond que j’ai beaucoup apprécié !
Patrick Rambaud nous offre un voyage dans l’histoire au début du IXe siècle qui m’était méconnue mais il propose aussi de voyager à travers l’Europe en suivant le Rhin et au-delà de la Méditerranée.
L’histoire de Venise, son organisation politique, son rôle au niveau international ont été une découverte pour moi ! Je ne connaissais de la ville que les images récurrentes présentées annuellement lors du carnaval et les problèmes structurels générés par le tourisme à outrance et la navigation motorisée. À travers le roman on découvre un peuple qui n’avait pas forcément d’atouts mais qui a réussi à s’imposer à travers le monde et à faire le lien entre l’Europe du Nord, l’Afrique du nord et le reste du monde. L’organisation politique et ses arcanes ont été aussi une découverte intéressantes.
L’autre point que j’ai vraiment beaucoup aimé dans le roman, ce sont les descriptions qui m’ont donné l’impression d’être du voyage au fil des pages ! Tout d’abord le voyage sur le Rhin jusqu’à la ville allemande de Mayence, puis l’arrivée dans la lagune avec les îles, les paysages qui s’offrent à nous comme ils s’offrent à Thodoald qui les découvre en même temps que nous, et enfin l’arrivée à Alexandrie et les aperçus de la ville à une époque moins connue que celle des pharaons.
Dans cette étendue d’eau verte et mouvante, de l’émeraude au tendre, on note les taches mauves des bruyères, le chaume des toits, la masse blanche des églises en pierre d’Istrie.
Pour contrebalancer la rigueur et l’esprit mercantile de Rustico, la présence du moine malgré lui, Thodoald, apporte au roman autant de légèreté que de profondeur tant ses remarques sont fines et spirituelles, au sujet du commerce et aussi et surtout vis à vis de la religion.
En conclusion j’ai beaucoup aimé l’écriture de Patrick Rambaud et son roman. Je vais lire ses précédents opus avec plaisir. Merci à lecteurs.com de m’avoir permis cette découverte et cette lecture.
© Frédérique CAMPS
L’avis de Lindsay :
Que sait-on véritablement sur la naissance de la ville de Venise ? On reconnaît les paysages, ses lagunes et ses canaux. Son architecture et ses gondoles. Mais savez-vous que cette ville mythique a été le centre de biens des convoitises politique et religieuse ? Soif d'indépendance, le début du IXe siècle sonne le glas du pouvoir qu'exerce l'Eglise sur cette province. Comment ? Enlever la dépouille de Saint-Marc de la ville d'Alexandrie pour le placer à Venise. Ainsi, sous sa protection, la récalcitrante ville pourra rivaliser avec Rome et instaurer une république. L'ambition du nouveau souverain est à la hauteur de celle de Patrick Rambaud, raconter l'éclosion d'une cité. De cette rocambolesque aventure non dénuée d'humour, apparais devant nos yeux les contours d'une époque violente d'où naissent les légendes.
En 828, récemment intronisé, le doge de Rialto cherche à assouvir son pouvoir face à Rome et créer une République de mille ans. Pour se faire, il missionne deux tribuns, Rustico et Bon. Leur mission ? Ramener la dépouille de l'évangéliste Saint-Marc et ainsi, proclamer leur indépendance. Marchands réputés, les Vénitiens s'embarquent pour une aventure pittoresque où la barbarie reflète une époque de grande instabilité. Rustico y fera la rencontre de Thodoald, un moine français dont la malice est aussi grande que sa soif d'alcool !
Avant tout, je tiens à remercier Lecteurs.com et particulièrement Dominique Sudre, pour m'avoir offert la possibilité de participer à ce Club des Explorateurs. Lorsqu'elle m'a proposé de lire puis de soumettre une critique sur un livre surprise, j'ai tout de suite dit oui. Il faut savoir vivre dangereusement ! Ne sachant pas du tout sur quel genre de livre, j'allais devoir chroniquer, j'ai été totalement surprise à l'ouverture du paquet. Quand Dieu apprenait le dessin de Patrick Rambaud ? Pas entendu parler et jamais lu cet auteur. En avant, tête baissée, à la découverte non seulement d'un auteur, mais aussi d'un livre passionnant...
Roman historique, j'ai dû me familiariser avec le style. Assez élitiste de premier abord, j'ai été désarçonné par cette écriture ampoulée, y regrettant une vulgarisation du contexte. Avec quelques mots sortant de mon champ lexical, cette lecture allait être ardue... Malgré un contexte historique complexe, les contours d'une aventure s'est peu à peu dessiné pour révéler avec beaucoup de drôleries, les péripéties du tribun Rustico et du moine Thodoald.
Avec un travail de documentation conséquent, Patrick Rambaud évoque un pan de l'histoire méconnu. Grâce à des personnages attachants et amusants, il ne raconte pas seulement l'Histoire, mais aussi l'état d'esprit de ce siècle. L'humour et la cocasserie des situations détournent le sérieux de cette mission pour mieux ridiculiser la religion comme la politique. Comme lorsque Thodoald se voit demander par les villageois de prier pour appeler l'orage, puis se retrouve pendu car la pluie tombant trois jours durant, créée des inondations. Ou quand celui-ci décide de rester vivre en Egypte auprès de deux coptes, alors qu'il ne croit pas vraiment en Dieu... J'ai d'ailleurs beaucoup aimé l'idée des libertés que s'octroient les hommes à ce sujet pour les soustraire à leur avantage. Où s'arrête la religion, quand commence les légendes ?
En mettant également en avant la position instable de la politique, l'auteur y explique l'instrumentalisation de la religion afin d’asseoir le pouvoir. On comprend alors les desseins qui se sont joués et l'obscurantisme d'une époque qui se cherche, et dont découle la barbarie. Et la violence est bel et bien présente. Comme la punition dont est victime Rustico lors de son escale à Mayence et qui consiste à ébouillanter son bras pour avoir supposément acheté des armes illicites. Ou encore l'essai de ces mêmes armes sur un prisonnier à Alexandrie, qui permet littéralement d'éventrer. Charmant !
Quête rythmée en quatre parties, l'auteur a su m'embarquer aux confins de l'Histoire malgré un début chaotique. Palpitant, ce roman ne manque pas d'action et apporte surtout une connaissance nouvelle de cet étonnant épisode. Mais les Vénitiens ont-ils réussi ou failli à leur mission me direz-vous ? Pour le savoir, il va falloir lire ce récit qui se prête facilement aux légendes.
Vous avez aimé ces chroniques qui vous ont donné envie de lire Quand Dieu apprenait le dessin ?
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Et bien, que voici deux bonnes chroniques