Entretien avec Patrick Rambaud, au sujet de l’histoire incroyable des reliques de Saint Marc...
Au début du ixe siècle, « nous étions à l'âge des ténèbres. Le palais des doges n'avait pas encore remplacé la lourde forteresse où s'enfermaient les ducs. Les Vénitiens étaient ce peuple de marchands réfugiés dans les lagunes, pour se protéger des barbares. Ils ne voulaient pas affronter des ennemis mais cherchaient des clients : aux uns, ils vendaient des esclaves, aux autres du poivre ou de la soie. Leur force, c'étaient les bateaux - dans une Europe encore aux mains des évêques et des Papes. » Venise la récalcitrante excite les convoitises et s'exaspère du pouvoir de Rome. Le 31 janvier 828, le doge de Rialto envoie deux tribuns en mission à Alexandrie pour ramener par tous les moyens la dépouille momifiée de saint Marc... Sous la protection d'un évangéliste de cette renommée, Venise pourra traiter d'égale à égale avec Rome et fonder ainsi une république de mille ans... Le roman d'une époque méconnue, racontée avec brio et ironie par Patrick Rambaud.
Entretien avec Patrick Rambaud, au sujet de l’histoire incroyable des reliques de Saint Marc...
Une belle découverte de l'Histoire de Venise
Au début du IXième siècle, Venise doit exister, être capable de rivaliser et de s'émanciper de la grande Rome dont le pouvoir repose sur les reliques de Pierre. La guerre n'est pas l'essence de Venise, le commerce oui. L'épée n'est pas l'arme des vénitiens, le bateau oui. A une époque où l'aventure était la mer et la boussole, la religion, Rustico et Marino Bon, deux tribuns sont envoyés en Alexandrie par le doge de Rialto pour rapporter les reliques de Saint-Marc. Une odyssée rocambolesque commence alors. Exploitant l'ignorance, la superstition comme la ruse, nos deux tribuns voyagent, commercent, manipulent jusqu'à atteindre les ossements tant convoités en terre musulmane. Comment extraire alors la dépouille de l'évangéliste de la ville d'Alexandrie alors que chrétiens et musulmans s'opposent ? La ruse des marchands vénitiens, la ruse de Rustico pourra-t-elle réussir dans cette périlleuse entreprise ? « Quand Dieu apprenait le dessin » témoigne de l'approximation de Dieu à construire l'humanité, ses symboles et ses saints, ses fables et ses légendes. Les dernières pages tournées, Patrick Raimbaud nous interroge sur la vérité et le pouvoir. Le pouvoir a-t-il besoin de vérité pour exister, la vérité peut elle naître de la légende ou du roman ? Manipulations poliques et religieuses suffisent-elles à conquérir les hommes ? Autant de questions auxquelles répond l'auteur dans son style très personnel, mélange d'histoires et de fables, d'ironie et de farce.
De magnifiques descriptions. On visite Mayence, les îles qui ont constitué Venise, Alexandrie et l’action est bien soutenue du début à la fin avec le tribun Rustico et son complice, Thodoald. L’auteur, Patrick Rambaud a reconnu que le second était le fruit de son imagination mais le premier a bel et bien existé tout comme les principaux personnages historiques évoqués.
Pour bien planter le décor, l’auteur a emprunté son titre : Quand Dieu apprenait le dessin au Decameron de Boccace mais ce titre, à part son rapport à la religion, ne laisse pas transparaître tout ce qui m’a ravi en cours de lecture. Ce n’est pas fréquent d’emmener ses lecteurs au début du IXe siècle avec un réalisme aussi saisissant.
Tout au long du livre, on assiste au commerce de l’époque, commerce que les Vénitiens pratiquaient avec grand talent. Direction Alexandrie, les bateaux sont chargés d’esclaves récupérés dans le nord et l’est de l’Europe, ainsi que des armes. On échangera cela avec des porcelaines chinoises, du poivre de Malabar, de la cannelle fauve de Tourane, des clous de girofle et du papier ! « Un lot de feuilles de papier, une matière nouvelle et pratique qui peut avantageusement remplacer les parchemins hors de prix et faciliter la tâche des copistes. »
Au fait, il faut quand même dire que le vrai but de l’expédition des trois bateaux de Rustico et Marino Bon, était de récupérer les reliques de saint Marc afin de les rapporter à Venise pour contrebalancer l’influence de Rome.
De retour d’Alexandrie, Marino Bon confie le fond de sa pensée à propos des religions, un texte à méditer aujourd’hui : « Les croyances, toutes les espèces de croyances génèrent le désordre. Si tu crois, tu veux persuader ceux qui ne croient pas aux mêmes choses que toi, tu t’imposes, tu légifères, tu ordonnes. Tous nos malheurs viennent de ces conflits lamentables et diaboliques… Les religions sont les manufactures où se fabriquent des monstres. Elles provoquent acharnement, délation, haine, meurtre, mépris, interdictions, rigidité, extermination, hécatombes, perversité, illusion, enfantillages… Quelle confusion ! »
Ce livre de Patrick Rambaud, riche d’informations et de moments savoureux éclaire notre monde d’aujourd’hui et sa lecture est très agréable.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Que sait-on véritablement sur la naissance de la ville de Venise ? On reconnaît les paysages, ses lagunes et ses canaux. Son architecture et ses gondoles. Mais savez-vous que cette ville mythique a été le centre de biens des convoitises politique et religieuse ? Soif d'indépendance, le début du IXe siècle sonne le glas du pouvoir qu'exerce l'Eglise sur cette province. Comment ? Enlever la dépouille de Saint-Marc de la ville d'Alexandrie pour le placer à Venise. Ainsi, sous sa protection, la récalcitrante ville pourra rivaliser avec Rome et instaurer une république. L'ambition du nouveau souverain est à la hauteur de celle de Patrick Rambaud, raconter l'éclosion d'une cité. De cette rocambolesque aventure non dénuée d'humour, apparais devant nos yeux les contours d'une époque violente d'où naissent les légendes.
En 828, récemment intronisé, le doge de Rialto cherche à assouvir son pouvoir face à Rome et créer une République de mille ans. Pour se faire, il missionne deux tribuns, Rustico et Bon. Leur mission ? Ramener la dépouille de l'évangéliste Saint-Marc et ainsi, proclamer leur indépendance. Marchands réputés, les Vénitiens s'embarquent pour une aventure pittoresque où la barbarie reflète une époque de grande instabilité. Rustico y fera la rencontre de Thodoald, un moine français dont la malice est aussi grande que sa soif d'alcool !
Avant tout, je tiens à remercier Lecteurs.com et particulièrement Dominique Sudre, pour m'avoir offert la possibilité de participer à ce Club des Explorateurs. Lorsqu'elle m'a proposé de lire puis de soumettre une critique sur un livre surprise, j'ai tout de suite dit oui. Il faut savoir vivre dangereusement ! Ne sachant pas du tout sur quel genre de livre, j'allais devoir chroniquer, j'ai été totalement surprise à l'ouverture du paquet. Quand Dieu apprenait le dessin de Patrick Rambaud ? Pas entendu parler et jamais lu cet auteur. En avant, tête baissée, à la découverte non seulement d'un auteur, mais aussi d'un livre passionnant...
Roman historique, j'ai dû me familiariser avec le style. Assez élitiste de premier abord, j'ai été désarçonné par cette écriture ampoulée, y regrettant une vulgarisation du contexte. Avec quelques mots sortant de mon champ lexical, cette lecture allait être ardue... Malgré un contexte historique complexe, les contours d'une aventure s'est peu à peu dessiné pour révéler avec beaucoup de drôleries, les péripéties du tribun Rustico et du moine Thodoald.
Avec un travail de documentation conséquent, Patrick Rambaud évoque un pan de l'histoire méconnu. Grâce à des personnages attachants et amusants, il ne raconte pas seulement l'Histoire, mais aussi l'état d'esprit de ce siècle. L'humour et la cocasserie des situations détournent le sérieux de cette mission pour mieux ridiculiser la religion comme la politique. Comme lorsque Thodoald se voit demander par les villageois de prier pour appeler l'orage, puis se retrouve pendu car la pluie tombant trois jours durant, créée des inondations. Ou quand celui-ci décide de rester vivre en Egypte auprès de deux coptes, alors qu'il ne croit pas vraiment en Dieu... J'ai d'ailleurs beaucoup aimé l'idée des libertés que s'octroient les hommes à ce sujet pour les soustraire à leur avantage. Où s'arrête la religion, quand commence les légendes ?
En mettant également en avant la position instable de la politique, l'auteur y explique l'instrumentalisation de la religion afin d’asseoir le pouvoir. On comprend alors les desseins qui se sont joués et l'obscurantisme d'une époque qui se cherche, et dont découle la barbarie. Et la violence est bel et bien présente. Comme la punition dont est victime Rustico lors de son escale à Mayence et qui consiste à ébouillanter son bras pour avoir supposément acheté des armes illicites. Ou encore l'essai de ces mêmes armes sur un prisonnier à Alexandrie, qui permet littéralement d'éventrer. Charmant !
Quête rythmée en quatre parties, l'auteur a su m'embarquer aux confins de l'Histoire malgré un début chaotique. Palpitant, ce roman ne manque pas d'action et apporte surtout une connaissance nouvelle de cet étonnant épisode. Mais les Vénitiens ont-ils réussi ou failli à leur mission me direz-vous ? Pour le savoir, il va falloir lire ce récit qui se prête facilement aux légendes.
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Le dernier livre de Rambaud n'a pas le souffle de ses épopées napoléoniennes que nous avions tant aimées. On pourra aussi lui reprocher d'avoir pondu un hybride, empruntant ici au style des contes historico-artisitiques d'un Dominique Fernandez et là, à la démonstration orientaliste d'un Mathias Énard. L'érudition ne suffit pas. Mal assimilée, elle finit en d'interminables citations de lieux, de personnes... et cela peut lasser. Le livre se lit bien pourtant. C'est quand il mêle vérité historique et décalage contemporain que Rimbaud excelle, quand les clins d'oeil de l'histoire, absurdes ou grotesques, nourrissent son propos. On se régale, on le suit volontiers à travers la lagune, jusque sur la mer méditerranée et dans les faubourgs d'Alexandrie. Je peux me tromper mais j'avance ceci : je ne suis pas certain que l'Orient soit le terrain de jeu préféré de l'Académicien. Pour une raison simple : l'ironie et le sarcasme sont mal compris sous des terres moins sensibles au tempérament gaulois.
Quand Dieu apprenait le dessin, de Patrick Rambaud, nous raconte comment Venise a volé la dépouille de saint Marc à Alexandrie.
Nous sommes au début du IXe siècle. Un tribun de Rialto, Rustico, commerçant vénitien, négociant en armes, épices et esclaves, rentre de Mayence avec le moine Thodoald, anciennement apothicaire, qu’il a sauvé.
C’est l’occasion pour l’auteur de nous dépeindre la vie des religieux à cette époque. C’est très souvent trivial mais le sacré n’est jamais loin.
De retour à Venise, Rustico et le tribun Marino Bon sont convoqués par le doge de Rialto, Justinien. Il les charge de partir avec leurs bateaux récupérer la relique de saint Marc, à Alexandrie.
Ceci permettrait de conférer à Venise une autorité et une légitimité face à l’hégémonie de Rome. En effet, placer la ville sous la protection d’un évangéliste aussi renommé que Marc serait un moyen pour Venise de devenir l’égale de Rome, d’assurer son indépendance et le pouvoir des doges.
« Le 31 janvier 828, à 9 h du matin, Justinien Parteciaco commande aux navires vénitiens d’appareiller pour l’Égypte musulmane. » Et voilà nos deux tribuns sans scrupules partis pour l’aventure. Quelle aventure ! Car, une fois sur place, comment s’emparer de cette relique ?
Et c’est là qu’intervient le talent de Patrick Rambaud, son esprit farceur, ironique et sa truculence. Vont-ils parvenir à leurs fins ? On est happé par le récit et impossible de lâcher la lecture.
Si vous souhaitez embarquer dans cette époque méconnue de la fondation de cette célèbre cité lacustre qu’est Venise, alors, plongez immédiatement dans ce roman satirique et vous ne serez pas déçu !
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2019/08/patrick-rambaud-quand-dieu-apprenait-le-dessin.html
Commerçant vénitien réputé, Rustico arpente le continent européen d’est en ouest pour vendre aux « barbares » francs ses épices, soieries et esclaves. Chaque périple amène son lot de surprises, une rencontre avec Louis le Pieux, fils de Charlemagne, le sauvetage d’un moine en passe d’être pendu, ou encore la menace d’être ébouillanté vif. Dans une Europe acquise au christianisme et aux superstitions, il est aisé de vendre n’importe quoi à n’importe qui, sous couvert de sainteté. De retour à Venise, Rustico est mandaté, avec le tribun Marino Bon, pour aller « récupérer » la momie de Saint Marc à Alexandrie : avoir un saint patron digne de ce nom est le seul moyen pour Venise de s’émanciper de Rome une bonne fois pour toutes. Le périple reprend, vers le sud cette fois, où les hommes sont certes plus instruits et plus raffinés, mais où la religion et la violence restent toutes puissantes.
Le Moyen-Âge est rarement le sujet de prédilection des écrivains, ce qui semble compréhensible quand on réalise ici le barbarisme de nos ancêtres francs, incapables de capitaliser sur les progrès apportés par l’Empire romain… Et pourtant, ce siècle offre ici à Patrick Rambaud une source inépuisable d’anecdotes improbables et hilarantes. Tous les personnages y passent, toutes les coutumes et surtout, toutes les légendes fantasques revendiquées par la religion. Ah, des reliques, on en voit passer, toutes plus saintes les unes que les autres, et pourtant…
Patrick Rambaud s’attaque sans pitié à la dévotion chrétienne extrême des hommes de l’époque, leur aveuglement et leurs superstitions manipulées sans vergogne par le clergé. Même le roi des francs, Louis le Pieux, « pratique la sainteté » et utilise les croyances populaires pour se débarrasser des gêneurs. D’aventures loufoques en faux miracles plus ou moins habilement orchestrés, nous voyageons de Mayence à Alexandrie, hallucinés par les mœurs de l’époque, amusés par les répliques grotesques des personnages principaux et presque choqués par la facilité avec laquelle les uns et les autres se font manipuler par nos marchands vénitiens.
Même pas besoin d’être passionné d’histoire pour apprécier cette satire savoureuse proposée par Patrick Rambaud – le récit romancé permet à chacun de se prendre au jeu de cette aventure rocambolesque. A savourer sans modération !
Le début des années 800 en France et à Venise est une période d’obscurantisme pendant laquelle règne une grande instabilité politique et religieuse. Louis le Pieux, le fils du grand Charlemagne, est empereur des Francs. Venise quant à elle souhaite assurer son indépendance face à la suprématie d’autres villes plus prospères. Pour cela, tous les moyens sont bons, comme aller chercher la sainte relique de saint Marc à Alexandrie et en faire le protecteur de la cité des doges.
Comme les manipulation politiques et religieuses ne font pas peur aux régnants, ils laissent carte blanche à leurs plus emblématiques commerçants. Ceux qui ont l’habitude d’échanger esclaves et soieries contre métaux et objets manufacturés seront les messagers et les négociants et transporteurs des restes du saint.
Patrick Rambaud évoque l’histoire abracadabrantesque et passionnante de cette quête et de ce voyage, alors que le christianisme s’étend de part et d'autre de la méditerranée.
https://domiclire.wordpress.com/2018/02/01/quand-dieu-apprenait-le-dessin-patrick-rambaud/
Quand Dieu apprenait le dessin se lit d’une traite. L’écriture, le rythme, l’intrigue sont fascinants et prenants. C’est aussi un roman qui nous donne l'impression d’être soudain un peu plus savant.
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