Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Se croire capable de partager cette expérience avec les autres est une entreprise perdue d'avance. » C'est dans la brûlure inapaisable de cette lucidité que Riss, directeur de la rédaction de «Charlie Hebdo», entreprend le récit intime et raisonné d'un événement tombé dans le domaine public : l'attaque terroriste du journal le 7 janvier 2015. Tentative sans illusion mais butée de se réapproprier son propre destin, de réhabiter une vie brutalement dépeuplée, ce livre qui confronte la réalité d'une expression galvaudée - « liberté d'expression » - révèle aussi un long compagnonnage avec la mort. Et nous saisit par son très singulier mélange d'humilité et de rage.
Il y a plusieurs mois que j’aurais dû lire ce livre. C’est fait et j’admire encore plus Riss et l’impressionnant travail qu’il a réalisé pour écrire Une minute quarante-neuf secondes.
Si le drame du 7 janvier 2015 est le déclencheur d’un tel récit, celui qui a pris la responsabilité de rédacteur en chef de Charlie Hebdo depuis, ne se limite pas à ces moments terribles. L’imbécilité, la haine, le fanatisme religieux ont poussé deux individus à massacrer de sang-froid plusieurs membres d’un journal satirique indépendant, en blessant grièvement plusieurs autres dont Riss et Philippe Lançon. Ce dernier, dans Le Lambeau, a réussi une œuvre littéraire immense mais le livre de Riss est très différent car il plonge dans les entrailles du journal, remonte le fil de sa vie et rend hommage, un par un, à ceux qui ont été assassinés.
Fidèle lecteur abonné à Charlie Hebdo, j’ai bien sûr été très intéressé par l’historique de ce journal, par les débuts de Riss à La Grosse Bertha et par ses rencontres très formatrices avec des gens comme Gébé, François Cavanna, Cabu…
Au moment où je termine ce livre, un nouvel attentat vient de se produire à Paris, visant deux journalistes dans la rue où était situé le siège de Charlie Hebdo en 2015. En ce moment aussi, se tient le procès tentant de juger des personnes qui auraient aidé les tueurs. Décidément, il est vraiment nécessaire de lire Riss pour comprendre ou tenter d’approcher un peu cet homme qui s’est retrouvé allongé, blessé grièvement, aux côtés de ses précieux camarades qu’il ne reverrait plus jamais.
Aussi, la mort rôde dans ces lignes du début à la fin puisque Riss se souvient d’un travail d’été effectué, jeune adulte, comme assistant dans les pompes funèbres. Il y a aussi ses souvenirs de reportage en Côte d’Ivoire, au Vietnam.
Riss expose aussi très bien toute la philosophie de son journal et la volonté de ses créateurs pour le maintenir cent pour cent indépendant. Quand les dons ont afflué après janvier 2015, il a fallu résister à ceux qui voulaient en profiter, anéantir les rumeurs nauséabondes et répartir l’argent entre toutes les victimes des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015. Ces mises au point sont nettes et nécessaires.
Et puis, il y a ce fameux décompte : une minute quarante-neuf secondes, le temps qu’a duré cette effroyable tuerie dont l’auteur ressort vivant mais avec le souvenir de celle et de ceux qui sont morts. Alors, j’ai apprécié que soient cités à la fin du livre : Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous, Georges Wolinski et Ahmed Merabet plus Clarissa Jean-Philippe, sans oublier Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab et François Michel Saada. Auparavant, Riss avait consacré un chapitre à celle et à ceux avec lesquels il a le plus travaillé pour réaliser Charlie Hebdo.
Une minute quarante-neuf secondes est un livre riche en informations, plein de réflexions importantes, un ouvrage qui touche et fait réfléchir à la mort, à la vie et combat l’intégrisme et le fanatisme religieux. Grâce à Riss, ceux qui sont restés et ceux qui les ont rejoints proposent chaque semaine un grand journal satirique, riche en articles de fond, poussant la réflexion bien au-delà du simple dessin qui fait rire ou sourire, même si cela est absolument nécessaire.
Enfin, c'est avec une infinie tristesse et un sentiment profond de colère que j'ajoute un mot pour Samuel Paty qui vient d'être victime d'un nouvel acte barbare inqualifiable, un assassinat visant un homme et la Liberté d'expression qu'il va falloir se décider à défendre de façon beaucoup plus offensive. Le gouvernement semble en prendre conscience - un peu tard - mais attendons les actes !
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un véritable plongeon dans la vie de ce caricaturiste et, plus particulièrement, dans le terrible attentat qu'a vécu Charlie Hebdo. Troublant par sa sincérité, ce livre retrace les événements marquants de sa carrière qui lui offre un autre regard sur ce qu'il a vécu cette terrible journée et surtout comment vivre après un tel évènement.
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/12/une-minute-quarante-neuf-secondes-de.html
" Il est impossible d'écrire quoi que ce soit. On ne transmet pas une désagrégation. On ne raconte pas un délitement. "
C'est ainsi que débute le témoignage de Riss, directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, survivant de l'attentat du 7 janvier 2015 au cours duquel il a été blessé à l'épaule. Une minute quarante-neuf secondes, c'est la durée de l'attaque des deux terroristes.
" Je reprenais le décompte des dernières secondes de ma vie : une seconde, je suis encore vivant.
Une autre seconde, je suis toujours vivant. Encore une autre seconde, je ne suis toujours pas mort."
Outre le récit de ce jour fatidique, Riss nous livre ses souvenirs d'enfance, sa prise de conscience très jeune de la possibilité d’être confronté un jour à une guerre et à la mort. Il évoque sa rencontre avec Cabu et Charb et ses débuts dans la presse satirique. " Rire c'est d'abord réfléchir ". Il décrit l'envers du décor du journal satirique, indépendant, sans publicité ni subventions, un journal auquel il a consacré 24 ans de sa vie.
Il raconte également l'après 7 janvier, la difficulté à quitter la " coquille protectrice de l'hôpital ", le retour dans la rédaction de Charlie rapatriée dans les locaux de Libération. Riss est un des deux actionnaires survivants du journal. Très vite il se retrouve face à des requins, des opportunistes qui, une fois les piliers de Charlie disparus, révèlent leur véritable personnalité face aux enjeux autour des sommes colossales reçues par Charlie après l'attentat, il se retrouve face à des membres du journal qui ne parlent que d'actions et de redistribution des actifs. Riss fustige ceux du journal qui se proclament rescapés alors qu'ils se trouvaient à des centaines de kms des locaux du journal ce jour là et ceux qui alimentent la presse de commentaires fielleux. Il dénonce le cynisme, les stratégies et manœuvres et raconte son combat pour que l'argent récolté soit réservé exclusivement à l'activité du journal et non reversé aux actionnaires.
Il y a beaucoup de ressentiment dans ce récit, envers certains de ses collaborateurs, à l'égard de l'élite intellectuelle et politique "la compétence et la connaissance ne sont malheureusement pas toujours synonymes d'audace et de courage " , envers les voleurs de mort qui ont tenté de tirer profit de leur destin tragique. Riss ne mâche pas ses mots pour fustiger ceux qui ont eu un comportement indigne après l'attentat.
Ce récit est très différent de celui de Philippe Lançon qui avait centré son récit sur sa reconstruction. Le témoignage de Riss, beaucoup moins littéraire, reprend l'avant 7 janvier 2015 avec ses débuts, sa rencontre avec Cabu et Charb, la renaissance de Charlie Hebdo en 1992, l'incendie de leurs locaux en 2011 et la publication des caricatures de Mahomet. Il s'étend sur l'après 7 janvier, les soins sous une fausse identité à l'hôpital, la journée du 11 janvier passée dans sa chambre de l'hôpital où " il attend le moment où la marée se retirera quand les crabes recommenceront à nous cisailler les mollets ", sa vie sous protection policière, sa vie après avoir vu la mort en face, les séquelles physiques et psychologiques et l'impossible retour à une vie "normale".
Riss a une histoire et une relation différentes de Lançon avec les victimes auxquelles il était lié par un passé commun et une forte amitié, il leur rend un bel hommage dans de courts chapitres insérés dans son récit, on perçoit toute son admiration pour ses amis dessinateurs de presse ou caricaturistes pour qui dessiner ou écrire dans Charlie Hebdo avait toujours été un acte politique. Ces passages allègent ce texte empreint de douleur, de révolte et de colère. Je souhaite que Riss parvienne à retrouver un minimum d'apaisement après nous avoir livré ce témoignage honnête et d'une grande sincérité.
Un témoignage édifiant sur l'attentat de Charlie Hebdo qui reste à mon sens le plus intense et poignant tant le choc de l'événement est puissant.
"L'après" reste et l'événement s'efface dans les mémoires pour donner place à son lot d'intentions morbides qui écrase le symbole !
Un récit dur et "choc" tant il est vrai que la réalité dépasse de toute manière la narration (pourtant indéniablement maitrisée) mais que de ce fait les gens s'en éloignent pour l'arranger à leur convenance.
J'ai "aimé" ce récit même si l'expression est un peu décalée voir inappropriée mais je dois dire que la précision dans le témoignage est tout simplement remarquable .
On ressort de ce témoignage choc bouleversé mais d'autant plus respectueux de son anamnèse qui nous rappelle désormais qu'on ne peut plus rire de tout ....malheureusement !
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