Chaque mois, une lectrice ou un lecteur nous livre la chronique d'un livre. Ce mois-ci, Françoise vous fait découvrir le dernier roman de Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas (Fayard).
Né à Nice de parents algériens, Mourad voudrait se forger un destin.
Son pire cauchemar : devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri par sa mère à base d'huile de friture. Pour éviter d'en arriver là, il lui faudra se défaire d'un héritage familial pesant.
Mais est-ce vraiment dans la rupture qu'on devient pleinement soi-même ?
Dès son premier roman (Kiffe kiffe demain, Hachette littératures, 2004), Faïza Guène s'est imposée comme une des voix les plus originales de la littérature française contemporaine.
Chaque mois, une lectrice ou un lecteur nous livre la chronique d'un livre. Ce mois-ci, Françoise vous fait découvrir le dernier roman de Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas (Fayard).
Poétique, touchant, émouvant, un livre à lire absolument
A Nice, où il vit avec ses parents, Mourad Chennoun apprend la vie et découvre le monde dans une famille algérienne aux parents qui confinent à la caricature, mais tellement attachants qu’on a envie de les connaître. Son père est cordonnier. Bien qu’il ne sache ni lire ni écrire il s’intéresse à la vie, aux nouvelles du pays, demandant à son fils de lui faire la lecture avec « l’accent d’un journaliste », lui qui porte au revers de sa poche de chemise des stylos Bic avec capuchon, pour faire sérieux, comme il l’a vu faire par son médecin. Et surtout celui qui dit à son fils que « un homme ça ne pleure pas » ! Sa mère, débordant d’amour pour ses enfants, envahissante, aucune fille ne sera assez bien pour son fils, aucun avenir pour ses filles en dehors d’un bon mariage, aucun petit plat mieux fait que par ses soins, elle qui est capable de remplir la valise de son fils de nourriture, même lorsqu’il partira pour Paris. Ses sœurs, Dounia, rebelle, elle a soif de liberté, de s’instruire, et de pouvoir décider de sa vie sans rentrer dans le cadre que lui a dessiné sa mère, mari, enfants, cuisine. Ses conflits avec les parents lui feront quitter définitivement le domicile. Sans espoir de retour. Enfin il y a Mina, la plus jeune sœur, celle qui reste près des parents, femme au foyer, mère raisonnable, proche de sa mère tyrannique et aimante.
Mourad a soif aussi de vivre, même si l’idée de se retrouver loin est terriblement stressante. Ses études lui permettent de partir sans que la rupture soit définitive, bien au contraire puisqu’il est l’homme de la famille, celui qui porte tous les espoirs. Il va alors découvrir la liberté en même temps que la tyrannie de sa mère, qui menace de mourir s’il ne lui téléphone pas chaque jour. Ah, ces parents envahissants qui ne comprennent pas que leur enfants sont étouffés par ces débordements d’amour, que d’ailleurs ils ne seront ni capables ni enclins à rendre, alors que bien souvent les parents attendent tellement en retour.
C’est alors pour Mourad la découverte de la vie à Paris, des écoles en zone difficile, des relations parents profs, et entre collègues, des retrouvailles inattendues avec un cousin éloigné qui s’en sort plutôt bien. C’est un nouveau monde qui s’ouvre, et Mourad n’a plus vraiment envie de revenir. Mais quand le « padre » tombe malade, tous les murs infranchissables qui avaient été élevés pour renier Doumia vont tomber. Mourad sera là pour la famille, celle qui envahi, celle qui aime, celle qui protège, celle qui pardonne. Les personnages sont presque tous caricaturaux, mais pourtant tous terriblement attachants !
J’ai vraiment adoré ce roman, rempli d’humour, de tendresse bourrue, de clichés sans doute, mais tellement fin, agréable à lire, débordant d’optimiste même lorsqu’il aborde la maladie. C’est un régal de lecture à savourer intensément.
J'avais déjà lu Kiffe Kiffe demain que j'avais beaucoup aimé, mais là, j'ai vraiment adoré ! Une histoire émouvante, teintée d'humour. Le style est merveilleux par sa simplicité et sa précision.
Un livre que je recommande chaudement.
« Où t’étais ? T’as vu l’heure ? Je vais t’apprendre, moi, à me respecter !
Tu crois que tu t’appelles Christine » ?
Ces mots Abdelkhader les a dits maintes et maintes fois à Dounia, sa fille ainée, la rebelle, celle qui ose lui tenir tête, à lui, le « padre ».
Finalement, elle partira, pour être libre et vivre sa vie et ses rêves, tout simplement. Elle deviendra avocate, se lancera dans la politique et écrira un livre.
Une vie réussie également pour Mourad, le narrateur, professeur dans la banlieue Parisienne.
La benjamine, Mina, la discrète, fidèle à l’image de la mère s’épanouira en élevant ses enfants.
Un conflit de génération aggravé par un déracinement culturel constitue la trame de ce roman magnifiquement écrit.
On y voit le choix forcené des enfants d’accéder au modernisme s’opposant à la rigueur des parents imprégnés de manière irréversible de leurs traditions ancestrales.
Un dur parcours conté avec une pointe d’humour par Faïza Guène, ou les liens familiaux seront soumis à rude épreuve mais résisteront finalement à l’explosion familiale.
Une remarquable démonstration d’intégration qui surmonte toutes les difficultés même les plus grandes.
A l’origine, pas particulièrement sensibilisée par cette question, l’auteure a réussi à me faire prendre conscience du prix à payer par ces déracinés.
"Né à Nice de parents algériens, Mourad voudrait se forger un destin. Son pire cauchemar : devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri par sa mère à base d'huile de friture. Pour éviter d'en arriver là, il lui faudra se défaire d'un héritage familial pesant. Mais est-ce vraiment dans la rupture qu'on devient pleinement soi-même ?"
Mourad Chennoun est le narrateur de cette histoire de famille et de transmission. Il est le fils d'un père cordonnier qui ne sait ni lire ni écrire, arbore des stylos Bic au revers de sa chemisette pour faire illusion et demande à son fils de lui lire le journal à voix haute "avec l'accent de journaliste" , et d'une mère dépeinte par sa fille aînée Dounia comme le prototype de la mère aimante mais insupportable, étouffante, culpabilisante et à fuir, tandis que sa fille cadette lui voue une admiration sans borne, recherche son approbation et la considère tout à la fois comme un modèle et un repère absolu. Mourad se retrouve donc tiraillé entre ses deux sœurs, et prisonnier de l'héritage familial... Narrateur à la fois immergé mais finement observateur, il raconte les péripéties de cette famille à la fois typique et hors du commun, leurs drames, leurs réconciliations, leurs fêtes, à travers des anecdotes souvent pleines d'humour.
Le clan explose lorsque Dounia, après avoir fait sa crise d'adolescence, refuse le mariage arrangé qui était envisagé, claque la porte et ne remet plus les pieds chez ses parents pendant dix. Et encore, quand elle réapparaît dans la vie des Chennoun, c'est via la Une des journaux : devenue avocate, la "jeune femme de 36 ans, issue de l'immigration algérienne, ambitieuse et déterminée", est désormais l'atout et la coqueluche de l'élite politique parisienne et se présente sur une liste électorale de droite. Symbole de la diversité – qui n'est pas sans faire fortement penser à Rachida Dati...
À l'opposé, Mina met ses pas dans ceux de sa mère. Elle épouse un homme qui lui donne trois enfants, s'installe à deux rues de ses parents et vient les voir tous les jours.
Toujours pris au milieu de ce tourbillon familial, Mourad le timide l'indécis et l'attentif, devient prof et est envoyé dans un établissement de banlieue "difficile".
Non seulement Faïza Guene a un sens aigu du récit mais elle a aussi un talent certain pour le portrait. Chacun de ses personnages est complexe, fascinant, puissant. Cette famille – qui pourrait être un peu la sienne – se révèle être sous la plume de Faïza Guene, le contexte idéal pour réaliser une chronique sensible et drôle, une comédie réaliste réjouissante, sans pesanteur et sans jugement, enrichie d'une belle réflexion sur l'héritage familial, la transmission parentale et sociale et qui pose par là même la question de la liberté.
Car on a beau avoir des envies d'émancipation, il faut toujours garder présent à l'esprit que "personne ne repart jamais de zéro, pas même les Arabes qui pourtant l'ont inventé"...
J'ai dévoré ce livre,il est très bien écrit et il raconte le quotidien de nombreuses personnes autour de moi.
Une belle fresque familiale racontée par Mourad .
Parents venus d'Algérie et vivant à Nice, bien intégrés et éduquant leurs enfants de leur mieux en essayant de conserver leurs traditions.
Mourad a deux sœurs l'une qui se défait de sa famille pour mieux réussir, l'autre qui s'épanouit dans une vie plus traditionnelle. Lui essaie de se faire une vie qui ne blesse personne, mais devenir indépendant est un vrai parcours du combattant.
Après une vie de dure labeur le père victime d'un AVC reste hémiplégique, la mère fidèle à elle même râle beaucoup et cuisine en abondance, c'est sa façon d'aimer.
Mourad va enseigner le français dans la banlieue parisienne dans un collège dit difficile où il peut voir défiler devant lui tout les problèmes sociétaux...
Le livre est bien écrit, il ne nous dicte rien, il nous guide vers un universel,
Il s'agit d'une famille algérienne mais cela pourrait être une famille ouvrière, paysanne où chacun prend un chemin différent pour vivre sa vie.
Cocasse, sobre et bouleversant.
C'est un roman très drôle, même s'il est un peu cliché par moments, sur la vie d'une famille algérienne établie à Nice. Le père est autant effacé que la mère est étouffante. La fille aînée n'a pas supporté ce carcan familial, elle a fui la famille et est devenue une jeune femme politique en vue. La cadette a reproduit le schéma familial (mariage et enfants). Le petit dernier, Mourad, le narrateur, vient d'obtenir son CAPES et est muté dans la banlieue parisienne pour enseigner le français.
Tous ces personnages sont attachants, on les suit avec grand plaisir, dans leurs hauts et leurs bas. Un bon moment de lecture et de détente. Le roman ferait un téléfilm sympa.
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