Chaque mois, une lectrice ou un lecteur nous livre la chronique d'un livre.
Ce mois-ci, Françoise vous fait découvrir le dernier roman de Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas (Fayard).
Merci Françoise !
A priori, on peut être choqué ou intrigué par la forme d'écriture, correspondant davantage à une forme parlée - en usage dans les « banlieues » - qu'à la traditionnelle présentation écrite du français avec sa syntaxe et sa grammaire. Cependant, une fois dépassé cet aspect particulier de l'écriture, assez inhabituelle encore, je suis rentrée dans la peau de ce jeune professeur « issu de l'immigration » qui se demande avec effroi comment assumer à la fois ses origines, et le pays dans lequel il est né, la France.
J'ai adoré ses incertitudes, et ses doutes, tout en appréciant sa volonté d'être lui-même un enfant de sa terre adoptive qui sans aucun doute est le sien. Il regarde avec étonnement ses parents restés comme là bas, au bled : la mère, figure tutélaire du foyer, veillant à faire respecter les us et coutumes de leur Algérie natale et le père, travailleur discret, qui lui a appris « à ne pas pleurer », mais qui sait montrer qu'il a du cœur. Ses deux sœurs, l'une restée traditionnelle et l'autre revendicatrice de liberté sont l'une et l'autre l'objet de ses questionnements et interrogations.
Sa timidité face aux femmes, et face à son futur métier attire le respect. Les images de ses élèves dans leur diversité, et du cousin « gigolo » expriment aussi son émotion face à la diversité des réactions par rapport à cette intégration souvent difficile sinon impossible.
J'ai éprouvé une intense émotion, en le sentant entre deux mondes, celui de la tradition et celui du modernisme qui l'attire sans qu'il veuille pour autant rejeter ses ancêtres !
La lecture de ce livre, au delà de ce qu'il raconte, m'a permis surtout de faire un pas de plus vers la compréhension du choc de deux mondes et la difficulté réelle de l'intégration. Mais aussi on y sent le désir de s'assimiler sans se renier, ce qui est bien plus difficile que ce que nous pouvons, nous autochtones, nous imaginer.
Belle leçon d'humanité. Bravo, et merci à l'auteur.
Portrait de Françoise
Ma motivation pour lire ?
Que vous dire : je lis depuis toujours tout ce qui me tombe sous la main. Mon père, instituteur, m'a donné cette passion en m'apprenant très tôt à déchiffrer les lettres sur les étiquettes, puis un syllabaire, puis les livres. Je savais parfaitement lire en entrant à la maternelle !
J'ai dû lire plus de 10 000 livres dans ma vie et en possède... des milliers bien qu'ayant dû hélas me séparer de beaucoup lors de déménagements.
Le numérique, je ne peux pas car j'adore toucher le papier et prêter mes bouquins (que l'on ne me rend pas toujours, hélas !) Si je n'avais pas eu le métier que j'ai, j'aurais certainement été libraire ou archiviste ou bibliothécaire... je ne suis que médecin et écrivain (publié). Sourire.