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" Le sociologue a beau expliquer, l'économiste compter, le médecin sevrer, le chercheur trouver, le parlementaire légiférer, la guerre faite à la drogue semble perdue d'avance.
Beaucoup, raisonnants, ne tardent pas à rejoindre les voix adeptes de dépénalisation, usage contrôlé ou consommation assitée. Les principes dont procède une clinique du toxicomane sont par là remis en question, voire en péril. Doucement, le social anonyme engoutit la clinique du cas. Nous, cliniciens, sommes inquiets de ce mouvement : fort d'être général, il singularise, voire suspecte notre démarche et nous fait craindre un raz de marée sur l'île de la Clinique.
Nous adressons certaines questions aux tenants de ces façons de penser la toxicomanie et de considérer les toxicomanes. - Ce qui ressemble n'est-il pas la lutte contre la drogue ? D'où tenez-vous en prenant à la drogue vous soignerez un toximane ? D'où tenez-vous que la drogue ferait le toxicomane ? Et qu'ainsi il ne searit pas responsable de son acte ? Pourquoi réduisez-vous le toxicomane à être une victime sous le fléau de la toxicomanie ? Nous, cliniciens, demandons au sociologue, à l'économiste, au toxicologue, au fonctionnaire, et à nous-mêmes : quelle place faisons-nous aux questions : que veut celui qui se drogue ? Et celui qui tente d'arrêter ? Que voulons-nous aux toxicomanes ? Parce qu'ici se joue le choix éthique de chacun, sa conception de l'homme.
Choix que nous formulons par l'aternative : Toxicomanie, toxicomanes - gestion ou traitements : - soit la toxicomanie et les toxicomanes, réduits à un phénomène mesurable (en analyses biologique, en coût, en nombres) sont gérés ; - soit, considérés comme charriant du sens pour une communauté d'individus ou pour un sujet, la toxicomanie et les toxicomanes sont à traiter, respectivement par une acte politique et par un acte clinique.
(Extrait de l'argument invitant aux Journées de Reims pour une clinique du toxicomane 1994).
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