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L'ultime roman ultime d'Edgar Hilsenrath en poche ? Un avertissement face au retour des extrémismes.
Hilsenrath raconte le retour de Lesche, survivant du ghetto, en Allemagne. Trente ans plus tard, il peine à trouver sa place dans Berlin, marqué par le consumérisme, la chute du Mur et la résurgence du fascisme, qui forment la trame de ce retour désenchanté au pays natal.
Écrivain de la Shoah et de l'exil, Edgar Hilsenrath livre avec Terminus Berlin un roman aussi ironique que poignant, celui du retour désenchanté en Allemagne. Son héros retrouve, comme Hilsenrath, son Allemagne natale près de trente ans après avoir quitté l'Europe et ses fantômes. Le temps est venu de faire le bilan d'une vie tourmentée.
Fidèle à son humour, Hilsenrath raconte avec un sens aigu de la dérision le destin de son alter ego littéraire. Lesche, traumatisé par son expérience du ghetto, peine à trouver sa place dans un Berlin marqué par le consumérisme et la chute du Mur. Les rencontres improbables et la résurgence glauque du fascisme forment la trame de ce roman lapidaire et ironique, qui émeut par la figure de clown triste que l'auteur y révèle.
Après avoir écrit ce roman, Edgar Hilsenrath décida que son oeuvre était close.
Terminus Berlin est le dernier ouvrage d'Edgar Hilsenrath ; il témoigne des cicatrices de la Shoah sur les survivants.
C'est un livre à part, cynique et qui peut faire grincer des dents.
Il dénonce à sa manière la prostitution, l'antisémitisme encore actuel sans réaction des autorités, la pauvreté ; il provoque, il balance et il exhorte.
Son personnage est bourré d'ambivalence et se fiche des convenances.
Un roman "poil-à-gratter".
Retrouver Edgar Hilsenrath est un véritable plaisir, hélas teinté d'émotion et de regret car Terminus Berlin est son dernier livre comme l'avait annoncé lui-même son auteur et puisque celui-ci est mort fin 2018.
Même si je n'ai pas tout lu de cet écrivain allemand, le nazi et le barbier, Orgasme à Moscou et Fuck America m'ont permis de comprendre, d'apprécier son style et surtout de réaliser ce que fut sa vie. Cette vie, justement, il nous en redonne les clés dans Terminus Berlin, même s'il change les noms et modifie quelques événements.
Il a tout connu de la barbarie nazie, les brimades et les souffrances durant son enfance dans la ville de Halle où ses parents, juifs, étaient commerçants. Il a vécu la fuite, le pogrom et cette shoah qu'il voit appliquer avant de s'exiler aux États-Unis après avoir trouvé refuge en France.
Dans les années 1980, c'est de New York que son héros, Joseph Leschinsky qu'on appelle Lesche, où il est écrivain sans succès, veut partir pour revenir en Allemagne, à Berlin. Malgré tout ce que lui et sa famille ont enduré à cause de son pays d'origine, il veut y retourner car il a besoin du pays et surtout de la langue qu'il continue à pratiquer et dans laquelle il écrit.
Lui qu'on prend pour un clochard, à 58 ans, car « Rien n'est plus suspect qu'un écrivain pauvre. », retrouve tous ses souvenirs d'enfance et le cauchemar de l'antisémitisme poussé au paroxysme par les nazis.
Il nous fait partager les problèmes qu'il rencontre et aussi ses joies les plus intimes dont ses succès féminins pour lesquels sa truculence fait mouche. Malgré tous les malheurs qui ont jalonné son existence, Edgar Hilsenrath a toujours su conserver un humour dévastateur.
C'est l'occasion aussi de parler de son pays encore coupé en deux puisqu'il se rend à Berlin-Est. de plus, il n'a pas son pareil pour détecter les anciens nazis ou sympathisants lorsqu'il rencontre des concitoyens comme ce gardien de musée. le plus terrible, c'est la montée de l'extrême-droite qui s'en prend d'abord aux Turcs avant de brimer à nouveau les Juifs.
Au travers de la vie de Lesche, son héros, j'ai apprécié ses recherches à propos du génocide arménien. Dans l'oeuvre d'Edgar Hilsenrath, cela a donné le conte de la dernière pensée .
Si l'Allemagne est réunifiée, cela n'a pas que des effets positifs comme il le constate dans Berlin et les néo-nazis sont de plus en plus virulents.
J'ai été terriblement ému à la lecture de Terminus Berlin car Edgar Hilsenrath possède une façon de raconter truculente, efficace et tellement juste. Un grand écrivain nous a quittés mais restent ses oeuvres profondément marquées par l'holocauste, tout ce qu'il a vu et vécu durant les premières années de sa vie, un mal jamais vraiment éradiqué, toujours prêt à ressurgir si nous ne sommes pas vigilants.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2019/08/edgar-hilsenrath-terminus-berlin.html
Terminus Berlin est le dernier livre d'Edgar Hisenrath, paru en 2006 en Allemagne. L'écrivain est décédé le 30 décembre 2018, juste avant la parution de son livre en français. Il avait décrété que ce serait l'ultime, n'ayant plus rien à dire. Il est l'auteur notamment de La Nuit, Le Nazi et le barbier, Le Conte de la Pensée Dernière.
Joseph Leschinsky alias lesche, alter ego littéraire d'Edgar Hilsenrath décide de rentrer chez lui en Allemagne, à Berlin, après avoir quitté l'Europe voilà plus de trente ans et vécu une bonne partie de sa vie aux USA. S'il est revenu en Allemagne, ce n'est pas pour retrouver les Allemands mais sa patrie linguistique. Il est un écrivain allemand et a besoin de la langue allemande. Mais à Berlin, il se débat toujours autant pour faire publier ses œuvres qui évoquent la shoah sur un ton caustique. Il donne, à ce sujet un avis très pertinent sur la diffusion des livres en général.
S'il revient tout au long de l'ouvrage sur ce qu'a été sa vie marquée par les persécutions de la shoah, et s'il enquête aussi sur le génocide arménien, il découvre la résurgence glauque du nazisme et que la bête immonde n'est pas morte : des groupuscules néonazis profanent des cimetières, attaquent la communauté turque et le prennent pour cible, lorsque le succès commence à poindre, lui "le juif qui écrit des livres contre le peuple allemand". Le constat est terrible !
En fait, toutes ses aventures littéraires, sexuelles, amicales pâtissent de la peur du retour de la persécution des Juifs.
Terminus Berlin est un roman cinglant, à l'humour provocateur et cru, d'une lucidité glaçante qui dévoile des vérités désagréables mais nécessaires, un cri d'alarme terriblement actuel, en résumé : un condensé de tout ce qui devait être dit et rappelé sur l’Holocauste et à nous le soin d'être vigilants face au pire.
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