"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Stella fait des miracles. Au sens propre. Elle guérit aveugles et paralytiques. Le Vatican est aux anges, imaginez donc, une sainte, une vraie, qui plus est américaine ! Le seul hic, le modus operandi : Stella guérit ceux avec qui elle fait l'amour, Stella est une prostituée. Pas très présentable, cette sainte-putain, aux yeux du Saint-Siège, alors qu'une sainte-martyre... Voilà un job parfait pour les affreux frères Bronsky, les tueurs à gage attitrés du Vatican. Mais Stella peut compter sur ses anges gardiens, un prêtre défroqué ancien Marines et un journaliste en quête du Pulitzer. S'engage alors une course-poursuite déjantée entre ce trio improbable et les impitoyables frères Bronsky, direction Las Vegas, la ville de tous les possibles.
Cette histoire de sainte ne pourrait être qualifiée d’hagiographie ! Car elle ne répond pas aux recommandations officielles : une femme qui guérit en faisant don de son corps, cela n’est pas convenable. Et en haut lieu on est très contrarié par l’histoire qui risque de créer des remous sur la foule des ouailles catholiques. C’est là que l’on assiste médusé à une chasse à la femme, perpétrée par deux tueurs qui non seulement n’en sont pas à leur premier contrat, mais font preuve d’une opiniâtreté obsessionnelle. Ils ne sont pas les seuls impliqués dans la traque, et c’est une course poursuite entre la presse et la mafia …
Autant dire que malgré les côtés sombres de l’histoire, le sujet est un fabuleux prétexte à mettre en avant les aberrations du système, et le résultat est un roman hilarant, aussi irrévérencieux que malin.
L’écriture joue sur des registres aussi divers qu’incompatibles en théorie :
"Le classique Dasein d’Heidegger : parmi toutes les possibilités, on reste attaché à ce qui est tangible. En perpétuelle transition entre le passé et l'avenir. Une fois que t'as compris ça, t'as plus à t'inquiéter de rien.
–Ben, en attendant, l'homme de loin que je suis va aller chercher des bières et des clopes. Ras le cul, putain."
J’ai énormément apprécié ce roman, très différents de deux précédents de l’auteur, capable de nous procurer un grand plaisir de lecture dans des registres bien différents .
224 pages Finitude 5 janvier 2024
Stella, une jeune prostituée itinérante possède un don miraculeux de guérison. En soignant ses clients par des rapports sexuels, elle attire l'attention du Vatican, déconcerté par ses méthodes non conventionnelles. L'Église, incapable de concilier sa sainteté avec la prostitution, décide de la faire éliminer.
Deux tueurs à gages, un journaliste ambitieux et un prêtre ex-militaire nommé James Brown, convergent autour de Stella.
Ce road movie aux personnages excentriques et à l'humour noir rappelle l'univers cinématographique de Tarantino.
L’auteur dresse un tableau décalé de l'Amérique profonde, mêlant satire religieuse et critique sociale, tout en maintenant un rythme effréné et un style empreint d'irrévérence et de fraîcheur.
Lecture agréable.
Les miracles ne sont pas monnaie courante, on peut même dire qu'il y a une sérieuse pénurie. Les apparitions mariales, à Lourdes ou Fatima, commencent à dater. Les bergers et bergères du XXIe siècle semblent moins enclins à voir la Vierge que leurs aïeux. Ce qu'il faudrait à l'église catholique pour booster la foi, c'est une sainte américaine, une sainte bien de son époque. Quand le pape entend parler de la jeune Stella qui guérit malades et paralytiques, c'est du pain béni pour assurer la promo. Sauf que Stella est prostituée, sauf que Stella guérit non pas par ses prières ou par imposition des mains mais plutôt en position horizontale, dans son camping-car. Avec elle, le péché de chair se transforme en message divin. Ça ne colle pas avec le dogme. Hors de question que cela s'ébruite. le Saint Siège lâche ses fauves pour faire disparaitre l'anti-vierge.
Il ne suffit pas d'une bonne idée de départ pour faire un bon roman. Il faut aussi du talent. Et c'est le cas ici. Joseph Incardona déroule le fil de son pitch et nous entraine dans une histoire rocambolesque peuplée de personnages improbables qu'il dessine avec un mélange d'humour grinçant et de tendresse.
J'ai pensé à la satire du « Jésus-Christ président » de Luke Rhinehart, aux freaks du « Body » de Harry Crews, aux héros qui n'en sont pas dans « Pottsville » de Jim Thompson. J'ai pensé à cette littérature américaine que j'aime tant, en essayant de garder à l'esprit que c'était du suisse (le narrateur omniscient était là pour me le rappeler).
Un mélange détonnant de bouffonnerie et de subtilité qui accouche d'une farce féroce où le plus putassier n'est bien évidemment pas celle que l'on croit.
Un sujet qui attire le lecteur ,un monde à découvrir un peu plus sur les guérisseuse et en plus au milieu du Vatican,une lecture très prenante ,un très bon livre à decouvrir ,il me tente beaucoup
Stella possède un don, celui de guérir les malades. Un miracle tombé du ciel que le Vatican ne voit pas d’un bon œil. Le Sacro-Saint décide alors d’engager les jumeaux Bronski, tueurs à gage, afin d’éliminer la jeune femme sans trop faire de vague. Une course poursuite s’engage alors dans l’immense Amérique.
Une écriture cinématographique complètement déjantée aux personnages tous plus dingues les uns que les autres. On y croise des bouseux, une diseuse de bonne aventure, des miraculés, un prêtre sauveur et un journaliste un peu trop insistant. Un road-trip haut en couleurs qui se lit à 100 à l’heure. De l’action en veux-tu, en voilà. En clair, ça fait du bien !
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/05/stella-et-l-amerique-joseph-incardona.html
Mon livre du moment. J'avais lu "Les corps solides". Je découvre ce nouvel opus jubilatoire qui me fait penser immanquablement aux "Tontons flingueurs".
Stella peut choquer les croyants puristes mais il questionne réellement sur la sainteté ordinaire et la grâce.
Cette réflexion est à destination de mes élèves pour caser Incardona dans un éventuel devoir de philo
Moi je me "pète des barres" d'autant que les références littéraires ne sont pas piquées des hannetons.
Dans le cadre de ma participation au jury 2021 de Quais du Polar, j’avais eu à lire "La soustraction des possibles" de Joseph Incardona et je l’avais beaucoup, beaucoup aimé. Changement radical de style pour son dernier roman "Stella et l’Amérique" et pourtant – serais-je fan de l’auteur ? – j’ai eu tout autant de plaisir à lire ce récit.
L’auteur cette fois – il aime bien faire voyager ses lecteurs – nous emmène en Amérique. Et figurez-vous qu’il s’y passe des choses pour le moins étonnantes. Stella, une jeune fille de dix-neuf ans, fait des miracles. Oui, oui ! Et sa manière de guérir les hommes, atteints de handicap ou de maladie, n’est pas banale. Stella se prostitué et guérit les hommes avec lesquels elle couche. Alors quand le Vatican apprend ça, vous imaginez bien qu’il n’apprécie pas vraiment. Une sainte, oui ! Mais une sainte péripatéticienne, non ! Les frères jumeaux Bronski – des méchants – sont envoyés sur ses traces. Sur ses traces aussi, un journaliste qui vise le Prix Pulitzer. Imaginez dans quel road-movie nous sommes embarqués.
Je peux vous dire qu’en ce qui me concerne, j’ai adoré cette histoire, certes foutraque, mais jouissive au plus haut point. J’adore la manière de raconter de Joseph Incardona. Il ne se contente pas de relater les faits, il ajoute son grain de sel, ses ressentis, ses réflexions personnelles. Il parsème son récit de références, musicales, littéraires, ou même sportives "D’ailleurs son erreur est de se concentrer sur sa Camaro…Le problème, c’est qu’on touche à la fin, que tout le monde est fatigué et que même des pros comme Djokovic ou Nadal commettent parfois une double faute au cinquième set."
Et puis, l’écriture est belle, originale, travaillée, parsemée ici ou là de citations toujours parfaitement choisies. "Il faut apporter sa lumière dans les ténèbres, personne ne le fera pour nous, ironisa le prêtre – C’est de qui encore, ton Christ ? - Charles Bukowski…". Je vous laisse le plaisir de découvrir bien d'autres personnages et la fin, parfaite, qui boucle tout en deux lignes.
"Stella et l’Amérique" fut un pur bonheur de lecture. J’attends le prochain roman de l’auteur avec impatience.
https://memo-emoi.fr
Revendiquer ses références, et entre autres Quentin Tarantino, ne suffit pas à faire un bon roman ! Encore faut-il avoir la capacité à garder le lecteur suffisamment motivé pour l’inciter à suivre un récit, drôle parfois, mais le plus souvent dans un excès qui frôle le rien. J’apprécie un scénario farfelu et suis assez facilement séduite par l’absurde quand l’histoire se tient et qu’elle a du sens. Ici, ce n’est pas le cas !
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