"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Novak court. Il est poursuivi et fuit pour sauver sa peau. Heureusement, il a Scarlett avec lui. Scarlett, l'intelligence artificielle de son brightphone. Celle qui connaît toute sa vie, tous ses secrets, qui le guide dans la ville, collecte chaque donnée, chaque information qui le concerne. Celle qui répond autant à ses demandes qu'aux battements de son coeur. Scarlett seule peut le mettre en sécurité. A moins que... Et si c'était elle, précisément, que pourchassaient ses deux assaillants ?
Alors, sincèrement, je ne sais pas vraiment quoi dire à propos de ce très très court roman, si ce n’est, peut-être, que je ne suis pas convaincue. Je comprends que la brièveté peut contribuer à l’efficacité d’un texte, mais là, tout de même, c’est trop rapide, à l’image de cette course poursuite subie par le personnage principal. Je comprends aussi le message – la critique d’une société hyperconnectée et de ses dérives – mais il est accompagné, me semble-t-il, par tout un tas de maladresses qui nuisent à plus ou moins grande échelle au propos. Alors, oui, Scarlett et Novak peut permettre d’ouvrir une discussion intéressante sur l’usage des nouvelles technologies et l’omniprésence du digital mais ce n’est pas exactement, ou du moins uniquement, ce que l’on attend d’un roman. J’ai bien envie de le faire lire à quelques-uns de mes élèves, pour avoir leur avis, mais j’en suis gênée en même temps. Je crois que je vais d'abord le relire ou écouter la lecture faite par Hector Manuel et Florence Mazot sur France Culture…
Le brightphone : objet de convoitise qui conduit aux actions les plus criminelles pour l'obtenir.
Le brightphone : cet autre moi, celui qui contient toute ma vie, mes informations les plus intimes.
le brightphone, mon meilleur ami, mon amant, cet autre qui conseille, aide, protège, rassure, plaisante, rit... une présence devenue indispensable.
Alors qu'advient-il lorsqu'on me violente pour me dérober mon brightphone ? Sentiment de "viol" envers moi, de "meurtre" envers mon téléphone... une chute aux enfers.
Mais peut-être aussi le début d'une "renaissance"... Se faire voler son téléphone, une bénédiction ?
"J'ai toute ma vie dans mon téléphone", c'est le constat qu'on fait quand parfois nous effleure l'idée que nous pourrions perdre notre smartphone, ou l'idée qu'il soit volé ou détruit, et qu'on pense alors à tous les contacts, mails, photos,... qui y sont en mémoire.
De là à dire que "mon téléphone est ma vie", que "je ne suis rien sans mon téléphone", il y a un pas qu'Alain Damasio franchit dans cette nouvelle classée littérature jeunesse.
Novak, un jeune homme perpétuellement connecté à son "brightphone", est pourchassé par deux assaillants, qui s'emparent de son portable et de Scarlett, son assistante vocale, son intelligence artificielle, sans laquelle Novak n'est plus rien. Incapable de s'orienter pour rentrer chez lui, de se payer un café dans un bar, d'expliquer ses déboires à sa concierge croate avec laquelle il n'a jamais parlé que par l'intermédiaire d'un logiciel de traduction, voilà l'homme démuni et isolé sans sa machine. Il finira par en retirer quelques leçons.
Alain Damasio pousse ici à l'extrême l'addiction aux smartphones, de plus en plus intelligents, et qui rendent leur possesseurs de plus en plus dépendants (la question est ouverte de savoir si les humains deviennent à mesure de moins en moins intelligents, ou s'ils développent en compensation d'autres formes d'intelligence ou de compétences). La réalité rejoindra-t-elle un jour cette fiction désespérante ? Peut-être, possible, pas improbable, sans doute ne serait-ce pas surprenant vu les "progrès" technologiques incessants des applications et logiciels divers, toujours plus performants et invasifs.
Cette nouvelle courte et efficace, qui se lit très vite (parce que destinée à la génération zapping?) est un avertissement face aux risques qu'on court à faire confiance à la technologie davantage qu'à l'humain (et à soi-même), à lui aliéner nos capacités et notre esprit critique, et au final à y perdre notre liberté.
Ma vie n'est pas (que) dans mon téléphone.
"(...) Tout ce que tu touches n'a pas de poils, n'a pas de peau. (...) Une vie passée à caresser une vitre (...) Au fond, tu vis dans dix centimètres par cinq (...)".
Ici Scarlett, l’intelligence artificielle de son brightphone, est la seconde peau de Novak, elle connaît toute sa vie, ses secrets les plus intimes, c’est à la fois son GPS, mais aussi son médecin, puisqu’elle étudie chaque battement de son cœur. La perdre n’est même pas une possibilité…
Novak, a des « amis » tous aussi connectés que lui, autant dire qu’il n’a personne sur qui compter, lorsqu’il se retrouve pris au piège. Dans ces quelques pages, une course-poursuite s’engage entre Novak et ses deux assaillants, dont la seule motivation est de lui voler son portable et par la même occasion Scarlett, son intelligence artificielle. Même si leur motivation n’est pas précise, d’ailleurs, on aurait tendance à vite oublier cette partie, on se focalise sur le comportement de Novak en pleine perte de repère, incapable de rentrer chez lui, ni de parler à sa concierge avec qui il n’échange en temps normal qu’à travers Scarlett qui traduit tout.
Alain Damasio, avec cette nouvelle, démontre à quel point nous sommes dépendants, esclaves de nos téléphones ou autres machines connectées. Sans cette connexion, nous pouvons être vulnérables, mais nous le sommes encore plus lorsque nous sommes hyperconnectés.
La dépendance aux nouvelles technologies, c’est la perte de l’autocritique, de la critique d’une manière générale, puisque l’on est aspiré par elle. De là, à y perdre notre liberté, il n’y a qu’un pas…
Une critique de la consommation, de la dépendance tout en finesse, sous couvert d’une nouvelle d’anticipation, la société en toile de fond est déjà la nôtre.
Court. Choc. Percutant !
Ou quand la technologie devient notre meilleure ennemie.
Un roman qui dénonce la dépendance aux téléphones mobiles et, au sens plus large, aux nouvelles technologies.
A lire !
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