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Il n'est guère difficile de rencontrer John Fante : il suffit de suivre, au travers de ses livres, la truculente saga d'Arturo Bandini, fils d'un poseur de briques venu des Abruzzes pour s'installer dans le Nouveau Monde au début de ce siècle, rejeton ironique d'une famille aux joies et aux drames bruyants établie à Boulder, Colorado. Si l'oeuvre de John Fante n'est pas autobiographique au sens strict, elle l'est de façon plus subtile, plus littéraire.
La Croix
Bandini fait son cinéma
Arturo Bandini, alter-ego de John Fante, vit de petits boulots à Los Angeles en attendant de devenir un écrivain reconnu (et publié !). Les premières phrases du roman sont magnifiques : "Ma première rencontre avec la gloire fut tout sauf mémorable. Je travaillais comme saute-ruisseau dans un magasin de délicatessen, chez Marx's. C'était en 1934. Le magasin se trouvait à Los Angeles, au coin de la Troisième Avenue et de Hill. J'avais vingt et un ans(...)". La chance tourne, l'une de ses nouvelles est publiée, et Bandini se retrouve avec un chèque de 150$ (une petite fortune) ! Après avoir travaillé brièvement pour un agent littéraire amoureux des chats, le voici embauché par un metteur en scène pour écrire des scénarios ! L'expérience se révèlera finalement moins glorieuse qu'espérée, mais très bien rémunérée... Pendant ce temps, Arturo vit dans un hôtel de Bunker Hill, sa logeuse Helen Brownell prend soin de lui, un peu comme une maman, un peu plus que comme une maman...
Chronique désenchantée, ce quatrième et dernier opus des aventures d'Arturo Bandini n'a été publié qu'en 1982 soit un an avant le décès de l'auteur. Ce récit grandement autobiographique (le personnage de Bandini doit beaucoup à l'auteur) est à la fois drôle et tendre, mélancolique et cruel. Le regard que porte Fante sur l'industrie du cinéma (pour laquelle il a longtemps travaillé, dans un but purement alimentaire) est terrible mais certainement réaliste ! Quant à sa conception de la femme, elle n'est pas vraiment politiquement correcte mais on lui pardonne volontiers ses excès et ses provocations tant sa prose est superbe !
Aujourd'hui, il ne reste (presque) rien du quartier tant aimé de Bunker Hill, cette colline surplombant le centre ville de LA et qui fut son premier quartier résidentiel parsemé de superbes villas et où se trouvait le fameux funiculaire dont parle Fante dans ses livres... Tout a été rasé pour y construire d'immenses buildings et des complexes résidentiels hors de prix...
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