"Qu'il emporte mon secret", le dernier roman de Sylvie Le Bihan
« Je ne peux pas t'expliquer pourquoi, pas maintenant, mais sois patient, je te raconterai dès que j'aurai trouvé les mots. J'ai besoin de respirer, encore un peu, un autre air que celui, étouffant, de l'été 1984, celui que j'avais refoulé et que j'ai retrouvé dans une salle de la prison de Nantes, il y a trois semaines ».
Deux nuits ont bouleversé la vie d'Hélène à 30 ans d'intervalle, la troisième, à la veille d'un procès, sera peut-être enfin celle de la vérité...
Alternant le présent et le passé, Sylvie Le Bihan construit un roman à tiroirs où le lecteur est tenu en haleine jusqu'à la fin.
"Qu'il emporte mon secret", le dernier roman de Sylvie Le Bihan
Et si on composait un texte nous aussi ?
Et vous, quels sont vos coups de cœur dans la liste ?
Chaque mois, l'un de nos lecteurs chronique un livre qu'il a particulièrement aimé, et se dévoile en répondant à nos questions
Très chère Hélène,
J’ai découvert votre poignante histoire à travers les mots et la plume puissante de Sylvie Le Bihan. J’ai été très touchée par votre parcours, ce que vous avez subi, autant par le passé qu’à l’instant présent de votre narration. J’ai maintes fois eu envie d’hurler, comme ressentant vos souffrances et votre désemparement.
Le hasard a remis sur votre route celui qui vous a anéantie et volé cette partie de votre être, un bout de votre vie. Il a suffit d’une lettre…
« Surtout que le nom de l’accusé, Joël Domois, n’appartenait même pas à mon passé jusqu’à ce que je le croise par hasard, ce jeudi 29 octobre 2015, dans la bibliothèque du centre pénitentiaire pour hommes de Nantes. »
J’ai aimé le fait que vous soyez une auteure, romancière, mais aussi votre relation avec Léo et cette longue lettre que vous lui avez consacré, dans laquelle vous levez le voile sur votre secret enfoui au plus profond de vous-même.
« J’écris pour qu’il oublie l’euphorie de notre nuit et qu’il respire l’air vicié de mon passé : je dois le dégoûter. «
J’ai attendu avec vous ce procès, dans cette chambre d’hôtel que j’imagine très impersonnelle, sentant les cigarettes froides que vous consumez comme pour conjurer le sort et faire passer le temps, le temps de vos nuits sans sommeil. C’est alors que vous reviennent ces images, celles de cet horrible été 1984… Les sensations, les douleurs, l’abandon et la peur…
« Laisser filer et dormir d’un grand sommeil, trouver la Paix enfin. »
A ce procès, vous allez y être. Même s’il ne jugera pas tous les crimes que cet ignoble personnage a commis, vous serez là, pour raconter la victime que vous avez été et êtes encore. Cette attente est comme une seconde torture parce qu’elle vous replonge dans cette nuit d’atrocités inoubliables.
« Je voulais déchirer cette lettre, la brûler, l’avaler, pour qu’elle rejoigne l’endroit où toutes les images de cette nuit de juillet 1984 avaient été si rapidement enterrées. Que ces phrases disparaissent, que Joël Domois pourrisse dans sa cellule jusqu’à la mort et qu’il emporte avec lui mon secret. »
Je cesse de trop en dire pour que le plus grand nombre de lecteurs puisse faire votre connaissance. Pour ma part, j’ai été profondément touchée par cette lecture, j’ai été comme à vos côtés à chaque moment ici raconté, sans néanmoins pouvoir vous serrer fort contre moi pour vous apporter un peu de réconfort… Celui dont vous avez tant manqué mais que, j’en suis sûre, vous allez trouver. Hélène, vous êtes devenue une nouvelle amie littéraire et c’est grâce à Sylvie Le Bihan que cette rencontre a pu se faire. Je la remercie infiniment pour ce cadeau que je ne suis pas prête d’oublier.
« Le temps passe et emporte avec lui les visages insouciants, il n’y a que ceux de la cruauté qui ressurgissent. »
https://littelecture.wordpress.com/2020/04/24/quil-emporte-mon-secret-de-sylvie-le-bihan/
Ce roman avait une thématique assez particulière, une victime peut enfin faire face à celui qui l'a bafouée, humiliée étant jeune.
Beaucoup de manière d'aborder le sujet existe mais celle de Sylvie Le Bihan est originale je trouve.
Le personnage principal cherche à guérir de son passé pour pouvoir avancer et construire un avenir meilleur.
Mais n'est-ce pas un peu trop tard ?
J'ai trouvé ce roman facile à lire malgré le thème évoqué. L'écriture est fluide et donne ainsi une dimension plus proche du lecteur. En le lisant en une seule fois j'ai ainsi ressenti des émotions en même temps que l'héroïne de ce livre, c'est d'ailleurs assez particulier de sortir de son univers une fois que l'on s'identifie ou que l'on croit connaître la personne.
A différents moments, j'ai eu envie de lui dire "allez il faut foncer pour résoudre cette situation". Et puis vient la fin...alors là j'ai pris une claque. Ce roman fait état de courage de la part de la victime tout au long du récit et puis dans les dernières phrases vient le réflexe de se dire "et mince, si seulement on avait pris le temps..."
J'ai été surprise et c'est ce qui fait que j'ai aimé ce livre.
Je suis ravie d'avoir lu cet ouvrage et je vous le conseille chaudement.
Une femme, Hélène, écrivain à succès se retrouve quelques jours dans une chambre d'hôtel, à Grenoble, dans le cadre d'un procès ou elle doit intervenir en qualité de témoin.
Le roman va alterner journal intime, écrit au fil des nuits d'insomnie et de souvenirs douloureux, dans l'attente du procès et longue lettre destinée à son amant d'un soir (un jeune écrivain rencontré lors d'un salon) pour lui expliquer les raisons d'une rupture, d'une impossibilité à vivre une éventuelle histoire d'amour.
Je ne reviens pas sur la partie relative au procès car :
- soit avant de lire ce roman, vous connaissez le fond du sujet et cela n'a aucun intérêt d'en parler, vous avancez en terrain connu.
- soit avant de lire ce roman, vous ignorez tout du fond et de la vie de l'auteur et là, il y a un réel intérêt à se pencher sur le livre, l'explorer et après lecture refaire une analyse. J'étais dans ce second cas de figure, lecture du livre sans rien connaitre et recherches sur "google" après (Excellent article du magazine Elle sur Mme Le Bihan).
Dans les deux cas, vous ne lirez pas le même livre, votre appréciation sera très différente.
Penchons nous donc sur la forme, tant j'ai trouvé la partie "journal intime" bouleversante, troublante et sensible (le personnage se livre avec pudeur, mais avec franchise, montre son vrai visage, nous approche de son intime), tant j'ai trouvé la partie lettre pénible, peu convaincante avec une autre facette du personnage à la limite de l'insupportable. Sa "relation" avec ce garçon manque à mon avis de profondeur et de justesse dans le ton. Par contre, l'évocation du monde des salons littéraires est assez cruelle (jubilatoire pour l'auteur ?)
Pour finir, le livre réserve quelques rebondissements qui sont parfaitement maitrisés, tant sur le fond que sur la forme, qui dynamisent la lecture et dynamitent l'histoire. Sur ce point, sur la capacité de l'auteur à jouer avec nos nerfs, d'approcher son histoire sous un angle "thriller psychologique" ce livre est une réussite, très cinématographique, on imagine ce qu'un Claude Chabrol aurait pu en tirer ....
Merci Lecteurs.com
Le lecteur ne peut ignorer le sujet du livre de Sylvie Le Bihan, et d’emblée la lectrice que je suis est séduite par l’emploi du style épistolaire pour dire « ce qui n’a jamais été verbalisé ».
Ce fameux secret, cet acte subi mais qui doit rester indicible comme pour mieux l’enfouir pour l’oublier. Comme si, ce qui n’est pas prononcé pouvait finir par disparaître.
« L’oubli est une stratégie de survie, un processus sélectif et dynamique, un choix imposé d’obscurité sur une partie de sa mémoire, suivi du mensonge qui pose les bases d’une autre réalité, plus facile à digérer. J’ai passé ma vie à tout contrôler pour éviter le raz de marée, à mettre en place une histoire instinctive et chaotique, à inventer le quotidien de ma prison en créant un personnage de « survivante » qui impose silence et respect, mais aujourd’hui ça m’explose à la gueule ».
Hélène et Léo, tous deux écrivains, se rencontrent lors d’un salon littéraire à Briançon, l’une dédicace, l’autre peu ou pas. Pourquoi lui, car Hélène dit : « j’imagine que le sexe qui fait jouir doit attacher, or j’ai l’ivresse facile et rarement la gueule de bois, un goût irraisonné pour les sucreries-une sweet tooth, comme disent les Anglais-et une tendance à grossir. »
Des hommes elle en a eu mais « Le désir est fugace, inattendu, surprenant dans son apparition et dans sa fuite. Chaque rencontre suscite en moi l’espoir, mais très vite un besoin vital de reconnaissance et d’affection s’impose, j’ai une peur bleue de la solitude et une tendance à survaloriser l’importance de ne pas être seule, alors je panique au moindre signe de désintérêt, et de là découle l’urgence de me sentir indispensable. »
Le ton est cash, sans fioriture et le décor est planté.
Hélène a été violée à seize ans et a été laissée pour morte. Depuis c’est une survivante qui a tout enfoui, mais au détour d’un atelier d’écriture dans une prison, son passé lui revient comme un boomerang.
Pas une fois dans ce long déroulé des évènements elle ne se victimise alors que les dégâts subis sont physiques, psychologiques et familiaux. Cela accentue le fossé qu’il y a entre elle et ses parents qui ne savent pas quoi lui dire. Devant une telle horreur de l’acte les parents en font souvent trop ou pas assez. Tellement difficile de trouver l’attitude juste elle déplore leur absence mais ne les condamne pas de ne pas avoir su faire face.
Le tour de force de l’auteur est de faire de ce « roman » intimiste une histoire sans pathos.
Tenir à distance le lecteur qui ne s’identifie pas mais ressent tout de même la fracture au plus profond de son être et qui passe par toutes les couleurs de l’émotion.
Une narration tendue comme un arc avant de décocher sa flèche qui atteindra sa cible ou pas.
Les lecteurs qui n’aimeront pas, sont ceux qui n’accepteront pas que l’auteur ne soit pas une petite chose fragile ne cherchant pas des mots ou gestes de consolation comme « tout le monde ».
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 3 juin 2017
Dans ce roman de Sylvie Le Bihan, nous allons suivre Hélène, écrivain à succès, hier, aujourd’hui, demain… A seize ans Hélène est laissée pour morte, violée par trois hommes que l’on ne retrouvera jamais. A l’époque, son entourage lui conseille de tourner la page et de ne pas porter plainte.
Aujourd’hui, Hélène vient de rencontrer Léo, lors de la foire du livre de Briançon. Malgré leur importante différence d’âge ils ont passé la nuit ensemble et leur prochain rendez-vous est dans quelques jours. Pourtant sa décision est prise, elle n’ira pas le rejoindre. Hélène est incapable d’aimer, de s’attacher, elle décide de lui écrire pour lui expliquer, car après tout, c’est bien ce qu’elle sait faire, elle qui est un auteur reconnu.
Aujourd’hui encore, Hélène attend. Elle a rendez-vous au tribunal. Elle va revoir celui qui a fait émerger un passé si douloureux qu’il l’entraine dans un abime de souffrance et de regrets.
« Qu’il emporte mon secret » est un roman construit en plusieurs strates parallèles. Les souvenirs et la douleur, le présent et une histoire d’amour déjà terminée, le futur, demain… Le lecteur entend la souffrance, comprend le manque, la difficulté de la mémoire qui occulte, mais comprend aussi que tout n’est pas si simple, loin s’en faut… Enfin, Sylvie le Bihan transporte son lecteur avec adresse et machiavélisme pour un final totalement inattendu, quelle efficacité d’écriture, de rythme, d’intrigue.
La définition subtile d'un secret : c'est quelque chose qu'on dit .....à une personne à la fois et dans ce secret là Sylvie le Bihan nous dit bien des choses .
En choisissant le mode narratif épistolaire Sylvie le Bihan permet une mise a distance de ce drame qui aurait pu lui briser la vie même si elle demeure "écorchée" à tout jamais . C'est une belle résilience que nous décrit cette auteure sans jamais défaillir ,sans jamais se lamenter tout en maintenant une pudeur respectable sur les tourments qui l'ont anesthésié.
Le style est franc,avec des phrases taillées dans du silex de celui qui sert à allumer les braises d'une colère contenue et "guerrière" .Avec une classe évidente et un panache indéniable Hélène la narratrice se connait comme personne et de ce fait ,ne se permet aucune faiblesse à part cet aveu délicat d'un amour impossible à un homme qu'elle a rencontré lors d'un salon littéraire.
On sent les émotions maîtrisées et sculptées dans une belle maturité qui en reviens de tout et qui sait dire les choses . C'est courageux,franc,clair et sensible et c'est à lire pour que celles à qui s'est arrivé puissent trouver le réconfort d'une preuve irréfutable qu'on peut tenir debout .....alors qu'on "devrait" être anéanti .
Commençons par ce que j'ai préféré dans ce roman, l'auteure a le sens de la formule et prend même quelques risques:
Certains prennent goût à leurs souffrances, ils s'identifient à elles des peuples entiers sont ancrés dans la mémoire de leurs douleurs; certains ne vivent que grâce à elle, en en faisant leurs racines, ce qui les fédère, les exclut, leur unique raison de justifier une vie de colère.
La narratrice de ce roman est un être qui a choisi la distance face à l'amour :
Mon coeur n'est qu'un organe que j'entretiens en courant, il bat sans doute trop vite par instants et l'idée qu'il s'emballe me terrifie, alors je préfère qu'il batte par colère ou par vengeance plutôt que par amour.
ou encore
Alors que j'idéalise la notion de couple, je n'ai jamais supporté les liens, l'emprise du quotidien me fait si peur que je fuis avant que le ciment ne sèche.
La rencontre entre cette narratrice et moi-même ne pouvait cependant pas se faire car je ne pouvais pas ressentir d'empathie pour cette femme qui quitte les hommes par peur de s'engager. Je vais même avouer que j'ai rarement trouvé une narratrice aussi antipathique. Et je l'écris un peu honteuse car j'ai depuis lu plusieurs interviews de cette auteure qui a été victime d'un viol à 17 ans et qui a su me toucher. Mais je me dois d'être honnête par rapport à mes impressions de lecture. J'ai par contre été très émue par son interview sur Elle.fr qui contrairement au roman, n'est pas dénué d'espoir. Elle prouve que cette peur de l'engagement peut être surmontée si on finit par tomber sur la bonne personne. Je dois cependant admettre que le retournement final, vraiment inattendu, est très réussi.
Il y a des livres qu’on lit et d’autres qu’on ressent, celui là appartient à la 2nde catégorie. Au début quand j’ai commencé ma lecture j’étais plutôt tranquille puis je me suis rendue compte que par moment je lisais en apnée. Que je m’arrêtais pour relire des phrases qui me semblaient tellement fortes, belles, évidentes.
Et l’émotion a été crescendo, on s’attache à la narratrice Hélène célèbre écrivain qui à la veille d’un procès décide d’écrire une lettre à Léo. Primo romancier rencontré quelques mois plus tôt et dont elle veut lui expliquer pourquoi il n’y aura pas de suite à cette rencontre. Pour cela, elle lui raconte par bribes son enfance, adolescence, son incapacité à aimer, son fonctionnement, son rapport aux hommes et au sexe.
L’écriture forte, acérée, précise vous file une grande claque d’émotion au cours de la lecture. On a envie de prendre dans ses bras cette héroïne Hélène. C’est une histoire avant tout d’amour, de vie , comme on écoute une amie , une confidente on se laisse accompagner au cours de 3 nuits par la narratrice et son histoire.
Elle dévoile devant nous une à une ses cicatrices, failles mais aussi ses forces, mécanismes de défense et a un regard lucide et désabusée sur elle-même. Et pourtant Léo l’a touché et elle a envie de lui parler, de le retenir encore un peu à travers ses mots et cette confession qu’elle lui écrit.
la suite sur http://eirenamg.canalblog.com/archives/2017/02/07/34903470.html
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