"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La maison familiale est trop vaste pour une femme seule. En ce jour de déménagement, les quatre enfants, devenus adultes, s'y retrouvent pour la dernière fois. Leur père est mort. Dans les pièces vides qui résonnent, les propos en apparence anodins se chargent de sous-entendus. Ces quatre-là se connaissent trop pour donner le change, d'autant que leur mère, profitant qu'ils soient pour une fois ensemble sans enfants ni conjoints, soulève la question de l'héritage.
Deux ans plus tard, rien n'est résolu : les frères et soeurs ne se parlent plus guère, et surtout pas de leur passé. Sur l'insistance de leur mère, ils ont pourtant accepté de se retrouver en Grèce, le pays de leur origine, dans la maison où l'aîné vient de s'installer.
Ce voyage est, pour chacun d'entre eux, l'occasion de revenir sur l'ambivalence de leurs relations. Comment en sont-ils arrivés là, eux qui étaient tout les uns pour les autres ?
Excellant à pointer la dissonance dans les voix de ses quatre protagonistes, qui chacun livre sa version des faits, Kéthévane Davrichewy, comme si elle assemblait les pièces d'un puzzle, révèle petit à petit les motifs d'un drame familial, et propose une belle variation sur la perte de l'innocence.
Ah les familles ! Ah les fratries ! C’est beau, mais qu’est-ce que c’est compliqué.
La maison familiale vient d’être vendue, après le décès du père. Saul, Hélène, Réna et Elias, malgré leur grande complicité d’enfance ont du mal à entretenir leurs relations.
Que de non-dits, que de distances imposées par la vie
Chacun donne sa version des faits, explique son parcours, son éloignement de la famille.
La construction du texte est sympathique, avec ces trois chapitres donnant la parole à Saul, à Hélène et aux jumeaux, Réna et Elias. C’est comme des morceaux de puzzle qui, mis ensemble, donneraient une vision plus globale de cette famille d’origine grecque.
Par contre, j’ai eu beaucoup de mal avec le prologue où tous sont réunis avec la mère. En effet, l’emploi de guillemets au lieu de tirets dans cette longue discussion rend le texte très pesant. Heureusement, ça s’arrange après.
En fait j’ai passé un bon moment avec ces frères et sœurs, même si le récit de leurs vies laisse une impression pessimiste et lourde.
J'avais aimé la Mer Noire et je suis ravie de retrouver la même écriture simple et fluide dans Quatre murs. C'est presque un huis clos: la mère ne supporte pas les querelles entre ses enfants qui ,petits, s'entendaient si bien; elle a vendu la maison familiale et tous vont se retrouver en Grèce pays de leurs origines chez le grand frère qui y habite.les lourds secrets vont se révéler peu à peu...
Bien mené; on suit pas à pas les raisons que chacun a eu de prendre ses distances...
Il faut quatre murs pour soutenir une maison à l’image des quatre enfants devenus adultes qui constituent la famille grecque que Kéthévane Davrichewy scrute à la loupe pour sonder les non-dits, les mystères des liens indéfectibles mais parfois sévèrement distendus qui unissent une famille.
Les liens familiaux et fraternels sont-ils indéfectibles ? Comment évoluent les liens au frère et à la sœur chérie, à l’heure de la vie de couple, de la naissance des ses propres enfants et dans les tourments de la vie professionnelle ? La cellule familiale originelle se meurt-elle sitôt les enfants fondant leur propre famille ? Quels remèdes à la nostalgie de l’enfance ?
Autant de questions qu’esquisse avec finesse Khétévane Davrichewy. Au décès de leur père, quatre frères et sœurs : Saul l’aîné, Hélène la grande, et les jumeaux Reina et Elias se retrouvent à la demande de leur mère pour vider et vendre ce qui fut la maison familiale. Entre Saul qui prend les choses en main, Elias qui refuse d’admettre la mort de son père, Reina qui verse dans la nostalgie et Hélène qui marche sur un fil pour de mystérieuses raisons qui nous serons révélées par touches successives au fil du roman, la partie est douloureuse. On voyage sans cesse au fil des connexions et complexités, inimitiés et incompréhensions de cette fratrie aussi soudée qu’étouffante.
Un livre très juste, tout en finesse sur le crépuscule de la vie familiale.
Une fratrie adulte aux prises avec les souvenirs familiaux, décrite avec beaucoup de pudeur. C'est tout l'art de Kéthévane Davrichewy. Des sentiments passés au peigne fin, décortiqués, mis à plat. Qu'en est-il de l'amour que nous portons à nos frères et soeurs, personnages que la vie nous impose et que nous n'avons en aucun cas choisis ? Qu'en est-il de notre propre solitude au décès de nos parents et que faut-il préserver ou au contraire éloigner de nous pour souffrir moins ? Ce roman pose toutes ces questions mais sans jamais y répondre.
Une fratrie : Saul l’aîné, Hélène la seconde et les jumeaux Réna et Elias.
Après le décès du père, la maison devient trop grande pour leur mère et la maison dite de famille va être vendue. La fratrie se retrouve et chacun vit la perte de ces quatre murs différemment ; les souvenirs, l'enfance, l'adolescence , la vie d'adulte de chacun s'est construite sur un événement couvert de non dit depuis trop d'années.
Ces quatre qui étaient tellement unis, comment en sont-ils arrivés à si peu se reconnaître.
L'enfance disparue que reste -t-il , devenir adulte est une aventure...
L'auteur nous entraîne dans cette histoire en chuchotant, le parti pris de faire parler chaque enfant/adulte dans l'ordre de leur naissance donne une dimension particulière et intense à la narration.
Plutôt qu'un ton de fureur, de bruit, l'auteur choisit celui du chuchotement qui permet de mettre chaque pièce à sa place, sans renier les singularités de chacun.
Dense, sensible et intime.
Voilà un petit roman pas bien épais,mais dans lequel tous les sentiments ressentis dans une famille qui se retrouve après la mort du père sont décrits ,décortiqués avec finesse;en particulier les liens fraternels.Trè très belle lecture
Quatre murs est une histoire de famille. Quatre frères et sœurs éloignés par la vie qui vont se retrouver ensemble pour les vacances dans une île grecque appartenant à l'aîné. Leur mère est là aussi. Leurs liens très forts de l'enfance se sont estompés à la mort de leur père trois ans plus tôt. L'année d'après, la grande maison familiale a été vendue et les souvenirs qui vont avec.
Chacun a ses secrets et une relation différente à l'autre. Il y a beaucoup de non-dits entre eux. Le récit les distille petit à petit puisque chaque chapitre est attaché à un des membres de fratrie: l'aîné, la cadette puis les jumeaux. Ala fin, il est possible de reconstituer tous les fils de leur enfance et tout fait sens. La fin est jolie, ni en happy end ni en tragédie, très juste en fait. Un tout petit bémol: les personnages sont un peu tête-à-claques.
"Ils se tiennent aux quatre coins de la pièce. Ce n'est pas intentionnel, ça s'est trouvé comme ça. Chacun fixant une ligne imaginaire, et pensant à quoi ? Ils ne se regardent pas, à ce moment précis, ils n'ont plus de lien. Somanges, la maison de leur enfance, se dématérialise sous leurs yeux. La pièce s'est vidée de leur chair, des blessures et des rires. Il reste le squelette de ce qui fut le foyer. […] D'ailleurs, ils ne se rappelleront pas la saison. Ils voudront graver les secondes, se souvenir d'une chose essentielle, ils ne parviendront qu'à se remémorer un détail, ou une succession de détails qui, juxtaposés les uns aux autres, ne leur évoqueront rien, ne les toucheront pas, alors qu'ils sont le cœur même d'un chagrin qui ne finira pas."
Somanges, c'est la maison de l'enfance, devenue trop grande pour une femme seule et qu'il a fallu se résoudre à vendre. Pour la dernière fois donc, en ce jour de déménagement, les quatre enfants s'y retrouvent avec leur mère. Leur père est mort depuis plusieurs années. Dans les pièces vidées de leurs meubles et de leurs souvenirs, les mots résonnent, un peu trop fort. La tension est palpable, leur jolie complicité d'enfants est depuis longtemps envolée. "Tous l'étaient, agacés, mais personne ne voulait le reconnaître. Dissemblances d'adultes, impossibles à combler." L'air est lourd, chargé de tous les sous-entendus dissimulés sous des phrases et des remarques anodines. Enfants, il y avait "(les) rires, (la) complicité, (les) disputes, ces petits riens du quotidien qui ne laissent de traces qu'à l'intérieur." Devenus adultes, plus rien n'est pareil. Alors que les deux aînés ont bien réussi – Saul est directeur d'un grand quotidien, Hélène est un nez réputé dont les parfums se vendent dans le monde entier –, pour les jumeaux, Elias et Réna, la vie est plus difficile, surtout pour Réna, handicapé suite à un accident de voiture. Un lien s'est brisé à la mort du père. "La distance s'est installée d'elle-même." Les rivalités, les jalousies, les disparités de leurs destins, se cristallisent dans le jardin de Somanges, autour de la question de l'héritage. "Tout partager puis plus rien". Se déchirer pour partager l'argent alors qu'on n'est plus capable de partager l'essentiel... Ils ont du mal à s'entendre, à se comprendre, et dans le même temps, leurs vies semblent montrer qu'ils ont bien du mal, aussi, à retrouver un équilibre les uns sans les autres. "La fratrie est impitoyable", faiblesse et force tout à la fois.
Comme dans son précédent roman, Les Séparées, ce sont les questions qui permettent à Kéthévane Davrichewy d'explorer les mémoires, les souvenirs, les cheminements de chacun, en leur donnant tour à tour la parole. Saul, puis Hélène, puis Réna et Elias, les inséparables jumeaux s'expriment, se souviennent, vivent sous la plume de l'auteure et sous nos yeux. Nous sommes peu à peu impliqués dans ce huis clos, huis clos des murs, du passé, de la fratrie. En vieillissant, l'aîné a peu à peu décidé de s'éloigner vraiment, physiquement, de retrouver ses vraies racines, en Grèce, et de se taire. À l'opposé, Réna a besoin de parler, beaucoup, d'évoquer le passé, de confier des secrets trop longtemps tus, de se replonger dans l'enfance, pour tenter d'estomper les souffrances, de son corps, de son esprit. Élias, lui est plus "léger, aérien", il se pose moins de questions, alors qu'Hélène, la protégée de sa mère, emblème d'une réussite éclatante, qui semble solide et inatteignable, cache par fierté sa vulnérabilité et sa solitude.
Il n'y a pas de révolte bruyante, dans les romans de Kethévane Davrichewy, pas de grands cris, pas de coups d'éclat spectaculaires. Les confidences sont discrètes, chuchotées, murmurées, en aparté, et l'essentiel se glisse dans les non-dits et les silences. Il n'y a pas de pathos ni de grandiloquence non plus, l'écriture est toute en nuances, en demi-teintes, en délicatesse, elle est belle et fluide, elle nous emporte dans ce joli voyage dans le temps des souvenirs et l'espace des vies, toujours sensible, subtile, céleste.
La fin reste en suspens, ouverte à tous les possibles. À chacun d'imaginer ce qui se passera dans l'avenir entre ces quatre murs."L'intime est là."
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J'ai nettement préféré "les évaporés" qui traite de disparitions dont nul ne se soucie ; mais oui, l'écriture est intéressante, le sujet aussi, puisqu'il y est question des liens filiaux et familiaux mais je suis un peu restée sur ma faim à cause des trop nombreux sous entendus...