Un splendide récit de transmission retenu dans la première liste du Prix Renaudot
Un matin, sur le chemin de l'école maternelle, à Paris, une petite fille interroge son père : « Dis papa, pourquoi tu danses quand tu marches ? ». La question est innocente et grave. Pourquoi son père boite-t-il, pourquoi ne fait-il pas de vélo, de trottinette... ? Le père ne peut pas se dérober. Il faut raconter ce qui est arrivé à sa jambe, réveiller les souvenirs, retourner à Djibouti, au quartier du Château d'eau, au pays de l'enfance. Dans ce pays de lumière et de poussière, où la maladie, les fièvres d'abord puis cette jambe qui ne voulait plus tenir, l'ont rendu différent, unique. Il était le « gringalet » et « l'avorton » mais aussi le meilleur élève de l'école, le préféré de Madame Annick, son institutrice venue de France, un lecteur insatiable, le roi des dissertations.
Abdourahman Waberi se souvient du désert mouvant de Djibouti, de la mer Rouge, de la plage de la Siesta, des maisons en tôles d'aluminium de son quartier, de sa solitude immense et des figures qui l'ont marqué à jamais : Papa-la-Tige qui vendait des bibelots aux touristes, sa mère Zahra, tremblante, dure, silencieuse, sa grand-mère surnommée Cochise en hommage au chef indien parce qu'elle régnait sur la famille, la bonne Ladane, dont il était amoureux en secret. Il raconte le drame, ce moment qui a tout bouleversé, le combat qu'il a engagé ensuite et qui a fait de lui un homme qui sait le prix de la poésie, du silence, de la liberté, un homme qui danse toujours.
« Pourquoi tu danses quand tu marches ? offre une leçon : comment ne pas subir la marche d'autrui et comment choisir de danser sur le fil de sa propre vie. » Jeune Afrique - Anne Bocandé « Waberi exorcise d'un coup bien des années de « crainte antique » liée au regard de l'autre. » L'Humanité - Muriel Steinmetz « La bouleversante confession d'un père qui explique son handicap à sa fille » Le Figaro - Mohammed Aïssaoui « Cette belle leçon de danse entre un père et sa fille montre que la littérature est aussi un art de la transmission » Le Figaro - Mohammed Aïssaoui
Un splendide récit de transmission retenu dans la première liste du Prix Renaudot
"Pourquoi tu danses quand tu marches ?" c'est la question que Béa, 5 ans, pose à son père qui boite en marchant.
Il va alors raconter son enfance à Djibouti, sa mère peu aimante, sa grand-mère froide mais qui lui raconte des histoires, son père peu présent, l'arrivée de son petit frère...
Il est aussi question de harcèlement, de méritocratie, de colonialisme dans ce récit plein de nostalgie.
Le style soigné et l'histoire intéressante n'ont cependant pas réussi a provoquer beaucoup d'émotion lors de ma lecture.
Un avis mitigé.
C'est parce que sur le chemin de l'école, Béa, sa fille, lui demande "Pourquoi tu danses quand tu marches ?", qu'Abdourahman A. Waberi va entreprendre de lui raconter son enfance.
Né dans le TFAI, Territoire français des Afars et des Issas, d'un père peu présent et d'une mère dépassée par les besoins de cet enfant chétif, qui pleurait beaucoup, se nourrissait difficilement, l'auteur a surtout été élevé par sa grand-mère paternelle.
Cette grand-mère, il la surnommait Cochise, car elle ressemblait au grand chef indien, par sa sagesse et son grand âge, et elle lui racontait des histoires, l'histoire de son pays, d'avant la colonisation et son partage entre anglai set français, des mythes aussi ...
Chétif, plus petit que ses congénères, bousculé dans la cour de récré, et moqué parce qu'il aimait lire, et cherchait désespérément de la lecture, son sort empirera et s'éclairera à la fois quand la polio lui attaquera sa jambe droite !
Alors les rêves de devenir un grand sportif nécessairement abandonnés, l'obligation de travailler pour subvenir aux besoins de la famille tombée à l'eau par son inaptitude physique il pourra lire, étudier, aller au collège au lycée et en fac en France.
Et sa vie sera changée !
Il ne saura pas faire du vélo, dansera quand il marche, mais il deviendra écrivain.
Un chouette roman sur la résilience, la persévérance, et la chance saisie !
Quel courage que ce papa qui doit répondre sans ciller à la question de sa fille… Une toute petite question, somme toute anodine, mais qui va conduire le narrateur à se replonger dans les souvenirs.
Refoule alors ce passé qui fait partie de lui et qui l'a conduit du TFAI (Territoire français des Afars et des Issas), anciennement Djibouti, jusqu'à Paris.
Il va falloir raconter ce qui n'avait jamais été dit, se dévoiler pour donner ce merveilleux cadeau à sa fille : dire qui il est vraiment !
Nomade dans le sang, une grand-mère dure et illettrée mais conteuse passionnante qui l'a aidé à se révéler, le manque d'amour maternel qui dévaste tout, la maladie que les adultes ne voient pas, la souffrance, les brimades à l'école, la blessure qui lui donnera son déhanché si particulier, les livres qui apportent l'émancipation, la France…
C'est superbe ! D'une poésie qui coule sans effort, la vie tragique mais belle aussi… Un texte magnifique.
Alors IL danse !
Pourquoi tu danses quand tu marches ? Pour répondre à cette question que lui pose sa fille Béa, le narrateur va lui raconter le pays de son enfance et remonter le cours du temps pour remettre un peu d'ordre dans le fatras de son enfance.
Nous sommes en Djibouti en 1970 la partie haute de la ville est habitée par les Français de France, la partie basse par les autochtones. Aden vit dans le quartier du Château-d'eau. Tout le monde le surnomme le Grigalet ou l'Avorton. À l'âge de sept ans, la poliomyélite a affaibli sa jambe droite, elle se dérobe en permanence, sa démarche est chaloupée et il rêve de marcher droit comme tout le monde. À l'école il doit faire face aux quolibets, aux insultes et aux coups de pied rageurs de Johnny le Salaud et sa bande.
Une fois de plus, dans ce roman, j'ai retrouvé toute la magie de l'écriture imagée des auteurs africains. Abdourahman A. Waberi nous fait revivre son quartier et les gens colorés qui y vivent. Il y a sa famille et en premier lieu Cochise la grand-mère comme le célèbre Indien c'est elle le chef suprême de la famille. Zahra, sa mère plus proche du Pygmée que du Viking. Papa la Tige, avec son odeur de sueur, de benzine et de tabac froid, son père qui vend des bibelots aux Français et aux rares touristes étrangers. Et aussi son colocataire en bien meilleure santé que lui, son petit frère Ossobleh.
Et puis il y a les voisins Moussa deux oeils surnommé ainsi, car il ne maîtrise pas les pluriels compliqués, les chevals, les animals et les oeils et Askar le fou, sale comme un cochon avec son odeur de bous de vache et de caca de nomade mêlés. Mais surtout il n'a d'yeux que pour son institutrice, Madame Annick, une Française de France, blonde aux yeux couleur émeraude comme l'eau d'une piscine propre. Elle sait lire et écrire le français.
Et les épidémies, la dysenterie, le choléra et les cyclones.
Une écriture toute simple avec les mots d'un enfant qui nous raconte sa souffrance, sa différence, la pauvreté, la colonisation, sa découverte du français et son envie d'apprendre à lire et ses rêves.
« Depuis que j'avais contracté le virus de la polio, je n'ai jamais pu recourir à nouveau. Pourtant j'avais des rêves plein la caboche. Je me voyais bien cowboy à l'âge de sept ans, footballeur à douze, marin à dix-huit. Dessinateur de bandes dessinées à vingt-deux. »
C'est frais, c'est tendre, c'est émouvant.
« Oui j'aime danser. Alors je danse. Je danse même en marchant. Sans préméditation. C'est une seconde nature. C'est ma signature. »
Un jour, alors qu’il accompagne sa fille à l’école, celle-ci lui pose une question : « Papa, pourquoi tu danses quand tu marches ?», sous-entendu, pourquoi je ne t’ai jamais vu faire du vélo ou de la trottinette. Un peu décontenancé par la question, il se met à réfléchir et les souvenirs du passé remontent. Il va les partager avec elle.
« Après le silence, tu m’as souri comme pour mettre un terme à mon angoisse naissante. Soudain, tu as lâché assez brutalement :
— Papa, pourquoi tu danses quand tu marches ?
— Euh… »
Aden n’a pas eu une enfance heureuse, c’est le moins qu’on puisse dire.
Bébé, il pleurait beaucoup, sa mère ne lui témoignait aucune tendresse et quand elle en avait assez des pleurs, elle le donnait à une autre personne de la maison, comme un vulgaire paquet (de linge sale !). Son père rentrait tard du travail, guère disponible non plus, alors c’était la grand-mère Zahra qui s’occupait un peu plus de lui.
C’était un gamin triste, maigrichon, qui très tôt a eu la mort à ses côté: on pensait qu’il était trop fragile pour vivre. En gros, cet enfant devait avoir le mauvais œil…
Quand il est entré à l’école, il est bien-sûr devenu le souffre-douleur de Johnny, le petit caïd qui repère à distance les proies faciles. Dès le premier jour il a droit à un croc-en-jambe qui le fait tomber la tête première dans la fontaine, avec des plaies, notamment une sur la jambe. On va se contenter de suturer sans chercher plus loin.
Mais, il n’y a pas seulement la violence physique il y a tous les surnoms dont on l’affuble, du fait de son côté chétif. Entre parenthèses, il faudra plusieurs années pour qu’on le montre à un médecin et que le diagnostic de poliomyélite tombe ; il aurait suffi d’un vaccin pour éviter de souffrances…
Dans son malheur, Aden fait la rencontre de sa vie en la personne de son institutrice, Madame Annick, qui va lui donner le goût de la lecture et de l’écriture. Mais les livres ne sont pas les bienvenus à la maison, alors il fait des kilomètres à pied pour trouver des livres, même des revues style « Nous deux » pour étancher sa soif de lecture, avec le risque de tomber sur Johnny ou de se faire découvrir tout simplement.
Zahra, qu’il appelle Grand-Mère Cochise (car elle règne sur la maison, sur sa tribu, et a hérité une certaine sagesse de sa famille de Nomades), lui a donné le goût des mots, en lui racontant des histoires, éveillant ainsi sa curiosité et son amour des mots.
Quand sa mère se retrouve enceinte, sept ans plus tard, on ne lui explique rien, d’où sa surprise en découvrant un bébé dans le panier lorsqu’elle rentre à la maison. Bébé qui, bien-entendu, sera beau, souriant et captera toute l’attention. Aden, qui était délaissé le sera encore plus : comment lutter sinon en lisant, en travaillant bien à l’école…
Abdourahman A. Waberi nous replonge dans le Djibouti du temps de la colonisation, quand on parlait encore de Territoire Français des Afars et Issas alias TFAI, sur les conditions de vie de l’époque, sous le regard de de Gaulle, un personnage aussi de l’histoire, en fait.
Il décrit la vie d’Aden, pendant son enfance mais aussi plus tard, au cours de sa scolarisation, avec des anecdotes sympathiques, comme un passage de relais entre lui et sa fille. Le retour sur l’enfance permet de réfléchir à la manière dont on peut transcender, se sortir d’un statut de victime dans lequel on a tendance à s’enfermer et mettre en place un processus de résilience pour pouvoir transmettre plus tard à ses enfants.
Une image que je garde en mémoire: Aden prenant sa revanche sur les « tortionnaires en herbe » de son enfance en écrivant leurs rédactions.
J’aime beaucoup les histoires de transmission familiale, de résilience alors ce roman m’a beaucoup touchée, tant par le thème que par l’écriture, nous laissant imaginer les couleurs et la culture de sa terre natale. Comment résister à quelqu’un qui aime autant les livres, les mots, se les approprie, devenant le roi de la dissertation ?
Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C Lattes qui m’ont permis de découvrir un superbe conteur dont j’ai très envie de connaître les autres livres…
https://leslivresdeve.wordpress.com/2019/10/10/pourquoi-tu-danses-quand-tu-marches-de-abdourahman-a-waberi/
#PourquoiTuDansesQuandTuMarches #NetGalleyFrance
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2019
PREMIÈRE SÉLECTION DU RENAUDOT 2019
@vagabondageautourdesoi.comPour cette rentrée littéraire 2019, Abdourahman A. Waberi nous livre un roman de transmission avec « Pourquoi tu danses quand tu marches ? » paru chez JC Lattès. Pour répondre à cette question posée par sa fille un jour sur le chemin de l’école, Abdourahman A. Waberi va dérouler les souvenirs de sa jeunesse à Djibouti dans les années 70, dans le quartier du Château d’eau avec ses parents, Papa la tige et une mère un peu jeune et trop fragile, et sa tendre grand-mère Cochise.
Alors lorsque le garçon grandit plus sensible et plus fragile que les autres, avec une patte qui traîne, sa tendre grand-mère Cochise est autour de lui pour l’entourer. L’enfant qui, sans soin minima, aurait pu rabâcher toute sa vie sa rancœur s’il n’avait rencontré la tendresse pour s’ouvrir aux mots.
A lire la suite sur
https://vagabondageautourdesoi.com/2019/10/02/pourquoi-tu-danses-a-waberi/
Alors qu'ils marchent main dans la main sur le chemin de l'école, Aden et sa fille Béa, profitent de ces moments suspendus. Un jour Béa se lance et ose enfin demander à son père d'où lui vient son étrange démarche. C'est aussi avec beaucoup de courage qu'Aden racontera alors à sa petite fille son enfance à Djibouti... Et sa jambe si fragile...
Ce roman de la rentrée littéraire m'a paru doux et tendre. Pourtant, la vie d'Aden n'a rien d'un conte de fée... Il vit à Djibouti, dans les années 70, avec sa grand-mère Cochise, seule figure féminine à l'entourer de gentillesse. Sa mère trouve que son fils est trop fragile, trop malingre, fiévreux et pleurnichard.
A 7 ans, sans qu'aucun médecin ne pose de diagnostic, Aden souffre terriblement de sa jambe. Il en gardera une démarche claudiquante. La polyomélite expliquera beaucoup plus tard la douleur qu'il aura enduré...
Moqueries, surnoms, regards qui se détournent... Aden les affrontera grâce aux livres qui lui permettront de s'évader...
Si j'ai aimé ce roman c'est parce que c'est un retour à la vie. La vraie, la lumineuse, celle qui accepte de danser... C'est en replongeant dans son enfance, en affrontant ses peurs et ses douleurs, en pardonnant au sort, qu'Aden renoue avec la beauté du monde.
C'est en nommant la maladie, l'angoisse et les non-dits que ce petit garçon deviendra enfin un homme.
C'est en murmurant à l'oreille de sa fille qu'il fera entendre sa voix...
Merci à NetGalley et aux Éditions JC Lattès pour leur confiance...
Je remercie chaleureusement les éditions J.-C. Lattès pour l'envoi, via net galley, de Pourquoi tu danses quand tu marches ? d'Abdourahman A. Waberi. Il fait partie de leur rentrée littéraire 2019.
Un matin, sur le chemin de l’école maternelle, à Paris, une petite fille interroge son père : « Dis papa, pourquoi tu danses quand tu marches ? ».
La question est innocente et grave. Pourquoi son père boite-t-il, pourquoi ne fait-il pas de vélo, de trottinette… ?
Le père ne peut pas se dérober.
Il faut raconter ce qui est arrivé à sa jambe, réveiller les souvenirs, retourner à Djibouti, au quartier du Château d’eau, au pays de l’enfance. Dans ce pays de lumière et de poussière, où la maladie, les fièvres d’abord puis cette jambe qui ne voulait plus tenir, l’ont rendu différent, unique.
Il était le « gringalet » et « l’avorton » mais aussi le meilleur élève de l’école, le préféré de Madame Annick, son institutrice venue de France, un lecteur insatiable, le roi des dissertations....
Dis papa, pourquoi tu danses quand tu marches ? est un joli roman de cette rentrée littéraire. Je ne connaissais pas du tout Abdourahman Waberi et j'ai beaucoup aimé sa plume.
Le narrateur nous emmène avec lui dans son enfance, dans ses souvenirs à Djibouti. Il saute parfois du coq à l’âne car il retourne en arrière, il parle à sa fille, lui explique plein de choses.
Je ne connais pas Djibouti, son enfance a été très différente de la mienne et j'ai trouvé ça très intéressant. Son enfance a été difficile, les enfants sont souvent cruels entre eux, on le sait. On oublie que les adultes aussi peuvent parfois être cruels...
L'enfant qu'il était a mal été soigné, voilà donc pourquoi il danse quand il marche, comme on le découvre au fur et à mesure que nous tournons les pages.
J'ai trouvé ce roman très touchant, avec un narrateur attachant. J'imagine sa petite fille écouter attentivement ses explications et découvrir avec surprise, et intérêt l'histoire de son papa.
Pourquoi tu danses quand tu marches ? n'est pas tout à fait un coup de cœur, mais je lui mets quatre étoiles. C'est une bonne surprise de cette rentrée littéraire :)
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Merci Yves pour votre commentaire , je me vois bien me plonger dans l'histoire d 'Aden. Belles lectures