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Trente ans qu'il est parti. Pourtant, il est toujours là. Bien présent en chacun de nous. Car il est un fait que tout le monde s'accorde à reconnaître : Patrick Dewaere n'a jamais été remplacé. Aujourd'hui encore, nombre de réalisateurs enragent au moment du casting : " Si seulement on avait Patrick ! ". Mais ledit Patrick a décidé de s'éclipser le 16 juillet 1982. D'une balle dans la tête. Il avait 35 ans. La violence du geste remet tout en perspective.
Patrick Dewaere allait mal. Et ce, depuis tout jeune. La blessure, longtemps inavouée, l'a rongé de l'intérieur. L'absence d'un père, qui a refusé de le reconnaître n'a rien arrangé. Quand l'adolescent découvre la vérité sur ses origines, il est dévasté. Ecorché vif, il le demeurera jusqu'à la fin. Patrick Maurin, né Bourdeaux, opte alors pour le patronyme Dewaere, " le vrai " en néerlandais. Comme une profession de foi. Patrick Dewaere ne trichera pas.
Mais, le comédien, après des débuts tonitruants au café théâtre, ne cesse de douter. Pourtant, Les Valseuses le bombarde, avec Gérard Depardieu, tête de file d'une nouvelle génération d'acteur. Il tient le haut de l'affiche avec Lino Ventura dans Adieu Poulet, devient Le Juge Fayard dit le shérif, anoblit tous les loosers grâce à Série Noire, Un mauvais fils, Beau-père ou encore Coup de tête. Patrick est ambitieux. Patrick est exigeant. Patrick est insatiable. Comme ses films ne culminent pas toujours au box-office, Patrick se sent mal aimé du public. Et comme la presse le boude à la suite d'une altercation violente avec un journaliste indélicat, Patrick est bientôt persuadé d'avoir l'opinion contre lui. La drogue n'arrange rien. Patrick devient parano.
De Ludmila Mikaël à Yves Boisset, de Sotha à Bertrand Blier, de Dominique Besnehard à Jean-Jacques Annaud, de Claude Miller à Claude Lelouch, tous ceux qui l'ont côtoyé s'accordent ici à dire qu'il avait tort. S'il avait pris un peu de recul, s'il s'était octroyé une pause, Patrick Dewaere aurait ouvert les yeux au lieu de se les fermer définitivement. Paradoxalement, ce geste l'a immortalisé. La trace qu'il laisse est inaltérable. Revenir dessus relève du pèlerinage, de l'enseignement et de la saga.
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