"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Odile et moi, petites filles, courons dans le maquis qui entoure sa maison, elle habite à l'époque dans cette même grande villa à Cavalaire. Nous disparaissons des heures à la recherche d'un semblant de grotte planquée derrière un buisson de lentisque, une lampe torche à la main, et c'est là, pour la première fois, que nous inventons ce jeu qui nous tiendra en haleine jusqu'à la fin de notre adolescence - le petit copain et la petite copine. Au début, ces explorations n'interviennent que dans notre caverne ; l'obscurité et la fraîcheur nous préservent de ce que nous sommes en train de faire plus que du regard possible des autres. C'est une bulle dans laquelle nous nous fondons des heures entières, avant de ressortir comme si rien ne s'était passé, comme si nous venions de faire une partie de ballon, et nous n'en reparlons jamais, jusqu'à la fois d'après.
La romancière Emma Becker, ( La Maison, 2019, Flammarion, prix des étudiants France Culture-Télérama et L'Inconduite, 2022, Albin Michel), nous livre avec Odile l'été un récit initiatique aussi immoral qu'électrisant sur le thème du rapport de force et de la domination.
Dirigée par Vanessa Springora, la collection Fauteuse de trouble articule intimité et émancipation, érotisme et féminisme, corps et révolte, sexuel et textuel.
J'avais lors de mon baccalauréat de français le thème de l'érotisme, avec la présentation de textes "classiques" sur ce thème.
Et j'avoue qu'il y a longtemps que je n'avais pas lu, relu des textes dits érotiques.
Alors quand on me propose de lire un texte érotique, écrit par une femme, je me lance. Et je vais lire aussi le premier texte de cette collection, celui d'Ovidie.
Et ce texte est une belle surprise.
Edité dans la collection "fauteuse de trouble" (joli titre de collection) et dirigée par Vanessa Springora (il faut que je lise son texte), ce récit nous entraîne dans les pensées de la narratrice et surtout son souhait de retrouver son amie d'enfance, d'adolescence, Odile.
Elles se retrouvent donc et se racontent leurs ressentis d'adolescence, puis leur vie sexuelle de jeune femme.
Il y a des passages très crus mais il y a aussi de beaux passages sur le désir féminin, que ce soit des désirs envers un homme, plusieurs hommes, une femme, plusieurs femmes.
Ce texte est une lecture aussi de saison, pas que par le titre, mais avec la belle description de l'été de ces jeunes filles, dans le Sud Est, avec les grillons en fond sonore, les après midis au bord de piscine et le fantasme du voisin, plus âgé, torse nu, avec un accent irlandais !!
Ce texte est, en effet, troublant et j'ai apprécié l'écriture du désir féminin et la façon de raconter ses désirs, ses fantasmes... Ces récits nous entraînent dans nos propres questionnements, dans nos propres ressentis, fantasmes. Ce qui est troublant c'est que la narratrice assume ses désirs, ses fantasmes, elle subit certains comportements masculins mais elle demeure maitresse d'elle et de son corps.
Je vais lire aussi le texte "la maison" d'Emma Becker et les autres textes de cette auteure.
#Odilelété #NetGalleyFrance
« C’était l’été dans le sud-est de la France, merde. On n’a encore rien inventé de plus érotique. » Un érotisme expérimenté dès l’enfance, dans la grande maison où la narratrice passe ses vacances chaque année, avec Odile.
Dix ans plus tard, les deux amies se retrouvent. Récupèrent « cette sensation tiède d’amitié, teintée de défiance », après dix années sans se voir, sans se parler, sans se toucher. Ensemble, elles se souviennent.
Le grésillement des cigales, la robe rose d’Odile et sa fossette agaçante, la moiteur des après-midi d’ennui, la conception du jeu du petit copain et de la petite copine. L’ébauche honteuse et essoufflée de ce qui n’a pas encore de nom, cet appétit impossible à satisfaire, ce mélange de plaisir et de meurtrissure, ce petit miracle de spasme intolérable. Cette crainte aussi : « si ça se trouve, on est lesbiennes. »
Cette première confrontation sexuelle a déclenché l’esclavage d’une vie : « l’obsession terrible de plaire et d’être conquise. » Après la séparation à la fin de l’adolescence, les deux amies vivent la même valse, à distance : les mêmes soirées, les mêmes rencontres, les mêmes mauvais amants, les mêmes fantasmes, jusqu’à connaître les hommes par cœur.
Après toutes ces bites, que reste-t-il d’Odile et de cette amitié enfiévrée ? Face au « ruban sombre de la mer, derrière les pins parasols », la narratrice démystifie leur histoire. « L’homme idéal qui bande pour toi, c’est moi. Vraiment, que demander de plus ? La barbe, le torse plein de poils, les grandes mains, le gros nez, la maladresse, l’impatience ? » L’amant parfait, c’est elle.
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