Tout semble aller pour le mieux dans un monde devenu meilleur, pourtant...
Convoquant tout autant le roman d'anticipation que la littérature de suspense, Sophie Loubière nous offre une plongée fascinante et terrifiante dans un monde rétrofuturiste visionnaire. Une oeuvre totale par une grande voix du roman noir français.
La femme, un produit sans grand avenir ?
2224. Depuis le Grand Effondrement de la civilisation fossile et les crises qui ont suivi, l'humanité s'est adaptée. Économiser les ressources, se protéger du soleil, modifier son habitat, ses besoins, et adhérer au tout-recyclage.
Y compris celui des femmes.
Afin d'enrayer le déclin de la population, toute femme de cinquante ans est retirée de son foyer pour laisser la place à une autre, plus jeune et encore fertile.
L'heure a sonné pour Rachel. Solide et sereine, elle est prête. Mais qu'en est-il de son mari et de ses enfants ? Car personne n'est jamais revenu du Grand Recyclage. Et Rachel sent bien que le Domaine des Hautes-Plaines n'est pas ce lieu de rêve que promet la Gouvernance territoriale aux futures Retirées...
Tout semble aller pour le mieux dans un monde devenu meilleur, pourtant...
« Obsolète » est une histoire sociétale qui allie passé, présent et futur, mais futur dont on ne sait rien pour les femmes âgées de plus de 50 ans et qui sont recyclées. Dès leur mariage, elles savent qu'elles ne connaîtront jamais leurs enfants adultes. Les maris savent que leur vie de couple s'arrêtera dès les 50 ans de leur épouse. Mais en contrepartie, ils auront une nouvelle vie avec une femme plus jeune pour continuer à peupler leur monde. Cette histoire futuriste mais actuelle crée un sentiment de noirceur. Un monde où l'émotion ne devrait plus exister mais qui est bien présente pour les familles qui ont du mal à vivre sans l'absente et à se demander ce qu'elle devient. Les thèmes développés par Sophie LOUBIERE sont pertinents, inquiétants et si réels car l'homme développe de plus en plus d'inhumanité. Pour l'instant c'est de l'irréel mais le réel arrivera peut être un jour, en tout cas l'histoire est cohérente pour cette finalité. Très intéressant. On n'en sort pas indemne.
2224. Après le Grand Effondrement de la civilisation fossile, les hommes ont appris à vivre différemment. Terminées la consommation de masse et l’exploitation à tout va de la planète, l’autosuffisance est la règle dans une société qui, affranchie de toute considération politique, économique et religieuse, vit en harmonie avec son environnement, sans conflit ni crise puisque les humeurs sont régulées par un bracelet hormonal implanté dans la peau dès la puberté.
Un problème subsiste néanmoins : la survie de l’espèce alors que les perturbateurs endocriniens ont largement féminisé les fœtus et que les hommes non stériles sont en sous-nombre. La polygamie ayant été écartée en raison des tensions qu’elle suscite dans les familles, l’on a, pour optimiser la procréation, adopté la solution du Grand Recyclage des femmes cinquantenaires. Parvenues à l’âge fatidique, elles doivent laisser leur place à des épouses plus jeunes et fertiles, et à moins de choisir « l’euthanasie raisonnée » dont la plus faible empreinte carbone permet l’attribution de crédits aux enfants, partir pour le Domaine des Hautes Plaines, un lieu inconnu dont personne n’est jamais revenu mais où, depuis l’enfance, on leur promet qu’un autre avenir les attend.
C’est ainsi qu’en même temps que deux de ses amies, Rachel reçoit sa lettre de notification de retrait. Elle et les siens sont en plein préparatifs de son départ, un véritable arrachement pour chacun d’entre eux malgré le long conditionnement y préparant, lorsqu’un autre coup de tonnerre les ébranle un peu plus. On retrouve les corps de trois fillettes, d’évidence assassinées alors que l’on n’avait plus vu ni crime ni violence depuis des lustres. « L’Homme n’obéissait plus à ses pulsions de mort. Il œuvrait avant tout à la survie de son espèce. On lui inculquait l’empathie, l’altruisme, la tempérance, on lui enseignait la gestion des conflits. Il baignait dans un milieu paisible, bienveillant et solidaire. » Comment une telle déviance a-t-elle pu se produire ?
Voilà donc le lecteur sous le joug d’un double suspense, l’affaire criminelle à vrai dire presque au second plan tant l’on se pique de curiosité pour ce qui attend les Retirées. « Le Domaine des Hautes-Plaines. Le Grand Recyclage. Tout ça ne serait qu’un immense canular. (…) Quand j’étais gosse, j’ai entendu mes mères parler d’une broyeuse géante, et ça m’a fichu une sacrée frousse. » Pourtant, conditionnés par Maya, la bienveillante IA au service de la Gouvernance Territoriale qui accompagne chacun depuis le berceau, tous acceptent le sacrifice pour la perpétuation de l’humanité, la séparation définitive sonnant comme une mort, on l’espère seulement sociale, assortie de la promesse non vérifiable d’un paradis réservé aux femmes.
Suspense donc, mais aussi humour noir et critique grinçante de notre époque à laquelle le récit, dans son ensemble terriblement inquiétant malgré l’imagination souvent savoureuse et plutôt positive accompagnant ses mille détails, tend une sorte de miroir grossissant. A noter que si le monde de 2224 a accompli globalement dans cette histoire de gros progrès qu’il nous oppose, à nous les humains de 2024, de toute la hauteur de son incrédulité face à nos erreurs, reste, en plus des dangers du mensonge et de la manipulation ouvrant la porte à toutes les dérives, même insoupçonnées, une variable d’ajustement : l’éternel sacrifice de la condition féminine. Là encore, l’auteur attire l’attention sur une réalité contemporaine, poussant jusqu’à l’obsolescence l’invisibilité ressentie par les femmes, une fois la cinquantaine passée.
L’on s’amuse autant que l’on frémit de la projection complète et réfléchie que Sophie Loubière fait de notre avenir dans un savant dosage de suspense et d’humour : une projection dystopique qui ne fait qu’outrer notre présent pour une critique en règle.
Sophie Loubière, journaliste et auteure de polars vient de signer avec Obsolète, un roman d'anticipation, une dystopie pour reprendre ce qui qualifie ce genre très à la mode mais dont on redoute souvent la trop grande facilité.
Mais quelques très bons avis nous ont finalement convaincus de plonger dans ce conte philosophique et de répondre à l'appel du futur de l'auteure qui nous expédie 240 ans après le 1984 de George Orwell.
En 2224, Big Brother est devenu écolo : bien obligé pour tenter d'enrayer l'extinction de l'humanité.
Histoire de mettre le lecteur au diapason, Sophie Loubière y va même d'une exergue bien sentie :
[...] À ma descendance. Puisse-t-elle connaître un monde formidable.
● On aime :
❤️ Sophie Loubière a choisi de ne pas déstabiliser son lecteur par une anticipation de techno parade. Bien au contraire, chacun des détails de la vie en 2224, pris isolément, est crédible voire réaliste. Mais c'est leur accumulation qui dérange et crée un certain malaise : l'auteure se moque pas mal de 2224 et préfère brosser une féroce critique de notre monde actuel, celui d'aujourd'hui en 2024.
❤️ le monde de 2224 semble paradisiaque, ce qui reste de notre civilisation y est bon, beau et gentil, écolo-recyclable même, et l'on s'y souhaite "belle journée" à tout bout de champ !!!
Mais on frémit bientôt à l'idée qui est au coeur de l'intrigue : ces femmes ménopausées, qui ne sont plus en mesure de procréer pour reconstituer l'humanité, et que l'on "retire" du circuit pour que les hommes puissent fonder une nouvelle famille.
Une alternative à la polygamie nous dira-t-on.
Sauf que personne ne sait vraiment ce que deviennent les "retirées" quand elles partent pour le fameux "Domaine des Hautes Plaines", même si l'on se doute bien que l'auteure est suffisamment habile pour ne pas nous resservir un simple remake féministe de Soleil vert.
Bref on est très impatient d'apprendre ce qu'il advient des "retirées" ...
❤️ Pour corser encore le suspense, Sophie Loubière ne renie pas ses origines d'auteure de polars et nous a préparé quelques morts suspectes, impensables dans ce monde idyllique où la violence n'existe plus et donc où l'on ne sait plus pratiquer une autopsie !
❤️ On apprécie quelques petites inventions savoureuses (qu'on vous laisse découvrir) comme l'euthanasie raisonnée ou l'enterrement de vie de maman, ou encore ces bracelets régulateurs d'humeur.
Tout cela est évidemment très inconfortable, l'humour est grinçant, on ne sait trop quelle est la part du second degré, si c'est du lard ou du cochon, ou plutôt on se doute bien que l'auteure nous invite à jeter un oeil inquiet du côté obscur de la force.
❤️ On s'inquiète aussi de la manipulation exercée par une IA (la version 2224 d'Alexa ou Siri s'appelle Maya) qui va jusqu'à imiter Orwell et créer une "novlangue".
❤️ Bref, seul le lecteur vraiment naïf voudra bien croire que Sophie Loubière s'intéresse plus à 2224 qu'à 2024 ...
C'est un miroir éblouissant et à peine déformant que nous tend l'auteure.
2224. Le monde tel que nous le connaissons a disparu. Pour une bonne partie sous les eaux ( façon Kevin Costner mais avec plus de terre émergées) Sur terre et sur mer, c’est chaleur , tempête , vent, soleil assassin . Le coupable ? le réchauffement climatique, bref, l’homme.
Les survivants se sont organisés, leur existence ne tenant qu’à un fil. Pour survivre il faut se reproduire Si l’humanité 3meurt, la planète meurt.
Des décisions radicales ont été prises. C’est le grand recyclage. Les femmes de 50 ans reçoivent un avis de retrait et quittent alors mari et enfants pour le Domaine des Hautes-Plaines, lieu de rêve , promesse d’une autre vie. Mais dont personne ne revient… C’est le cas de Rachel , coiffeuse de son état , préparée depuis son plus jeune âge pour ce moment. Pour Keen,« Le mari de la coiffeuse » , la séparation est compliquée .Même si c’est pour le bien de la communauté.
Heureusement dans ce nouveau monde une IA bienveillante veille . Aucune religion, aucune crise, aucun conflit. Aucune raison de tuer son prochain donc, surtout avec un bracelet modérateur d’humeur au poignet
Au dessus de tout , une gouvernance mondiale , également bienveillante.
Alors comment expliquer la mort suspecte de 3 petites filles ?
Autant être clair , je suis passé à côté de ce polar dystopique. Plus dystopique que polar d’ailleurs. En théorie , ce qui aurait dû me plaire ☹. La lecture est agréable mais je n’ai pas été touché. Dommage..
Sophie Loubière nous avait habitué à des thrillers passionnants avec une approche sociétale. Obsolète est un roman d'anticipation tout aussi glaçant et addictif.
Nous sommes en 2224. Toutes les grandes catastrophes climatiques qui nous sont annoncées, sont arrivées et notre mode de vie consumériste a conduit au Grand Effondrement. La population a drastiquement diminué. La fertilité des hommes comme celle des femmes est très basse et il faut s'appliquer à repeupler la terre dans un monde repensé et aseptisé.
Les familles sont regroupées dans des villages gouvernés par une énigmatique grande autorité, la Gouvernance. Tous vivent dans une sorte de bulle. La violence a disparu, l'empathie est à la base de l'éducation, un bracelet implanté au poignet de chacun contrôle les émotions.
En parallèle, pour les femmes, il y a le Grand Recyclage. A 50 ans, ne pouvant plus donner naissance, elles sont devenues obsolètes et doivent quitter la colonie afin que les hommes puissent à nouveau procréer. Pour aller où ? Aucune n'en étant revenue, c'est un grand mystère qu'elles acceptent sans se poser de questions, endoctrinées depuis leur plus jeune âge.
Bravo à Sophie Loubière pour cet étonnant roman d'anticipation, original, féministe et pas si improbable que ça. Ses nombreux personnages sont fouillés, souvent attachants, hommes comme femmes. Elle n'a pas son pareil pour explorer l'âme humaine. Si c'est assez lent, parfois un peu long pour moi, c'est qu'il lui a fallu du temps pour installer cette nouvelle société et la rendre crédible.
Un roman difficile à résumer avec son univers futuriste et ses réflexions sur notre mode de vie, qu'il faut absolument lire.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/07/20/obsolete-de-sophie-loubiere/
"Le grand recyclage était une étape de la vie. Celle d'un passage vers une autre source de joie. Un horizon de lumière et de tous les possibles."
Un long voyage, un tunnel sans fin, la gouvernance territoriale, les cheveux qui se dressent sur la tête, le bruissement des flammes, du Chicomalt, une aube vivante, un parfum de cannelle, une Retirée, le Domaine des Hautes Plaines, deux siècles de tempête, la grâce du plaisir, une colonie de coquillages, des moustiques tropicaux, des documents numériques, des frustrations tenaces, un squelette rouillé, des crevettes rouge vif, la salle des reconstitutions historiques, la réalité du handicap, une nuit de désastre, les stimuli visuels, un bâton de réglisse, une clôture naturelle, une note cristalline, des souvenirs vigoureux, une démarche sereine, des inégalités, ne plus pouvoir faire marche arrière, dupliquer le vivant, un musée de réputation mondiale, les apprenants, la mise en commun d'un capital humain, une grande fierté, un peuple de rituels, une douleur ancienne, tenir des fiches, un satin jaune dragée, un fil tiré à rebours, un mauvais calibrage, un muret de vieille pierre, un univers bienfaisant et confortable, une sentinelle du ciel, une dynamique morbide, un concentré de vitalité, le ruban de l'agonie, le murmure de la terre, un Centre communal d'humification, mettre les choses en ordre, désenraciner sa vie, une cérémonie remplie d'amour, des expérimentations scientifiques, un avis de retrait, un délice amer et sucré, une situation exceptionnelle, une fleur sur des sépultures...
Elle est "petite mais déjà si grande".
Elle pense que son prénom est une fatalité.
Elle aimerait découvrir ce qui reste de la planète...
Elle aimerait se sentir libre de son corps.
Maya sait normaliser, modeler, gérer, organiser, prédire, automatiser, stimuler, résoudre des problèmes...
Depuis longtemps, Rachel se pose beaucoup de questions.
Elle ne croit pas à ce qu'on lui raconte.
Elle sait que tout le monde est surveillé.
Elle a du recul sur certaines choses.
Elle pense que quelque chose ne fonctionne pas avec son bracelet.
Mais elle est prête à faire ce qu'elle va devoir faire.
Il lui reste 28 jours.
Néo ne comprend toujours pas comment les générations précédentes ont si peu anticipé sur les conséquences du réchauffement climatique.
Il adore plonger dans une ville engloutie et y trouver des objets.
Ce roman est génial, original, glaçant, intrigant, surprenant.
J'ai éprouvé beaucoup d'émotions différentes, avec une infinité de nuances, et je me suis aussi beaucoup posée de questions sur la phase d'obsolescence, sur l'euthanasie raisonnée, sur l'évolution d'une société...
" Bonjour, la vie !"
La richesse d'"Obsolète" réside dans sa capacité à peindre un monde futuriste où les échos de notre présent résonnent avec puissance. Sophie Loubière tisse habilement une toile où les conséquences de notre héritage de consommation et de pollution se font sentir deux cents ans après le Grand Effondrement de 2050. Dans cette société dirigée d'une main de fer, où les émotions sont contrôlées et la violence éradiquée, les femmes se voient assigner un destin aussi choquant qu'inéluctable : le Grand Recyclage à l'aube de la cinquantaine.
Ce roman transcende le simple récit dystopique en explorant les thèmes complexes de la maternité, de l'équilibre des genres et de l'adaptation à un monde en mutation. Sophie Loubière offre une réflexion saisissante sur l'évolution des rapports entre les sexes, questionnant avec perspicacité la place des femmes dans une société qui les rend obsolètes après un certain âge.
Mais "Obsolète" ne se contente pas de dresser un tableau sombre de l'avenir. À travers une prose riche et nuancée, l'autrice offre des lueurs d'espoir, suggérant que même dans les périodes les plus tumultueuses, l'humanité peut trouver des voies vers la résilience et la rédemption. Son exploration des technologies du futur, des questions environnementales et des dynamiques sociales est à la fois captivante et profondément pertinente.
"Obsolète" est bien plus qu'une simple anticipation ; c'est un appel à la réflexion, une invitation à envisager notre propre avenir à la lumière des défis qui nous attendent.
« Obsolète » est un thriller dystopique totalement dingue ! Sophie Loubière a imaginé un monde où tout mais vraiment tout se recycle. Écrit ainsi, vous me direz que ça serait un idéal. Oui, enfin pas vraiment et surtout, pour les femmes…
Dorénavant en 2224, même les femmes ont une date de péremption. En effet, une fois atteint l’âge de 50 ans, elles doivent quitter mari et enfants afin de rejoindre le Domaine des Hautes-Plaines. C’est un lieu vendu comme un petit paradis terrestre, où après ce Grand Recyclage, les femmes peuvent y vivre une seconde vie. Quant à sa place dans leur ménage, elles seront occupées par une plus jeune qui, fertile, enfantera d’autres enfants pour contrer le déclin de la population.
Certains, machistes pour la plupart, diront que c’est la vie rêvée pour tout homme. Pourtant, pour les maris de femmes dont l’heure du Grand Recyclage approche, les choses ne sont pas appréciées de la même façon, tout comme pour leurs enfants.
Attention, lecteurs, n’allez pas croire qu’il s’agisse d’un manifeste féministe. Bien loin de là. Non c’est un thriller menant souvent à la réflexion, car dans ce monde futur, les humains sont sous une autorité qui les surveille, jusqu’à leurs humeurs, contrôlées par des bracelets régulateurs.
Le style d’écriture de Sophie Loubière est fluide et tranchant. On aime découvrir ce monde réaliste où chaque détail y a été pensé et travaillé. Malgré quelques petites longueurs, j’ai été souvent agréablement surprise par le récit.
Bref, un thriller dystopique à mettre entre toutes les mains.
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