Tout semble aller pour le mieux dans un monde devenu meilleur, pourtant...
Convoquant tout autant le roman d'anticipation que la littérature de suspense, Sophie Loubière nous offre une plongée fascinante et terrifiante dans un monde rétrofuturiste visionnaire. Une oeuvre totale par une grande voix du roman noir français.
La femme, un produit sans grand avenir ?
2224. Depuis le Grand Effondrement de la civilisation fossile et les crises qui ont suivi, l'humanité s'est adaptée. Économiser les ressources, se protéger du soleil, modifier son habitat, ses besoins, et adhérer au tout-recyclage.
Y compris celui des femmes.
Afin d'enrayer le déclin de la population, toute femme de cinquante ans est retirée de son foyer pour laisser la place à une autre, plus jeune et encore fertile.
L'heure a sonné pour Rachel. Solide et sereine, elle est prête. Mais qu'en est-il de son mari et de ses enfants ? Car personne n'est jamais revenu du Grand Recyclage. Et Rachel sent bien que le Domaine des Hautes-Plaines n'est pas ce lieu de rêve que promet la Gouvernance territoriale aux futures Retirées...
Tout semble aller pour le mieux dans un monde devenu meilleur, pourtant...
Sophie Loubière, journaliste et auteure de polars vient de signer avec Obsolète, un roman d'anticipation, une dystopie pour reprendre ce qui qualifie ce genre très à la mode mais dont on redoute souvent la trop grande facilité.
Mais quelques très bons avis nous ont finalement convaincus de plonger dans ce conte philosophique et de répondre à l'appel du futur de l'auteure qui nous expédie 240 ans après le 1984 de George Orwell.
En 2224, Big Brother est devenu écolo : bien obligé pour tenter d'enrayer l'extinction de l'humanité.
Histoire de mettre le lecteur au diapason, Sophie Loubière y va même d'une exergue bien sentie :
[...] À ma descendance. Puisse-t-elle connaître un monde formidable.
● On aime :
❤️ Sophie Loubière a choisi de ne pas déstabiliser son lecteur par une anticipation de techno parade. Bien au contraire, chacun des détails de la vie en 2224, pris isolément, est crédible voire réaliste. Mais c'est leur accumulation qui dérange et crée un certain malaise : l'auteure se moque pas mal de 2224 et préfère brosser une féroce critique de notre monde actuel, celui d'aujourd'hui en 2024.
❤️ le monde de 2224 semble paradisiaque, ce qui reste de notre civilisation y est bon, beau et gentil, écolo-recyclable même, et l'on s'y souhaite "belle journée" à tout bout de champ !!!
Mais on frémit bientôt à l'idée qui est au coeur de l'intrigue : ces femmes ménopausées, qui ne sont plus en mesure de procréer pour reconstituer l'humanité, et que l'on "retire" du circuit pour que les hommes puissent fonder une nouvelle famille.
Une alternative à la polygamie nous dira-t-on.
Sauf que personne ne sait vraiment ce que deviennent les "retirées" quand elles partent pour le fameux "Domaine des Hautes Plaines", même si l'on se doute bien que l'auteure est suffisamment habile pour ne pas nous resservir un simple remake féministe de Soleil vert.
Bref on est très impatient d'apprendre ce qu'il advient des "retirées" ...
❤️ Pour corser encore le suspense, Sophie Loubière ne renie pas ses origines d'auteure de polars et nous a préparé quelques morts suspectes, impensables dans ce monde idyllique où la violence n'existe plus et donc où l'on ne sait plus pratiquer une autopsie !
❤️ On apprécie quelques petites inventions savoureuses (qu'on vous laisse découvrir) comme l'euthanasie raisonnée ou l'enterrement de vie de maman, ou encore ces bracelets régulateurs d'humeur.
Tout cela est évidemment très inconfortable, l'humour est grinçant, on ne sait trop quelle est la part du second degré, si c'est du lard ou du cochon, ou plutôt on se doute bien que l'auteure nous invite à jeter un oeil inquiet du côté obscur de la force.
❤️ On s'inquiète aussi de la manipulation exercée par une IA (la version 2224 d'Alexa ou Siri s'appelle Maya) qui va jusqu'à imiter Orwell et créer une "novlangue".
❤️ Bref, seul le lecteur vraiment naïf voudra bien croire que Sophie Loubière s'intéresse plus à 2224 qu'à 2024 ...
C'est un miroir éblouissant et à peine déformant que nous tend l'auteure.
2224. Le monde tel que nous le connaissons a disparu. Pour une bonne partie sous les eaux ( façon Kevin Costner mais avec plus de terre émergées) Sur terre et sur mer, c’est chaleur , tempête , vent, soleil assassin . Le coupable ? le réchauffement climatique, bref, l’homme.
Les survivants se sont organisés, leur existence ne tenant qu’à un fil. Pour survivre il faut se reproduire Si l’humanité 3meurt, la planète meurt.
Des décisions radicales ont été prises. C’est le grand recyclage. Les femmes de 50 ans reçoivent un avis de retrait et quittent alors mari et enfants pour le Domaine des Hautes-Plaines, lieu de rêve , promesse d’une autre vie. Mais dont personne ne revient… C’est le cas de Rachel , coiffeuse de son état , préparée depuis son plus jeune âge pour ce moment. Pour Keen,« Le mari de la coiffeuse » , la séparation est compliquée .Même si c’est pour le bien de la communauté.
Heureusement dans ce nouveau monde une IA bienveillante veille . Aucune religion, aucune crise, aucun conflit. Aucune raison de tuer son prochain donc, surtout avec un bracelet modérateur d’humeur au poignet
Au dessus de tout , une gouvernance mondiale , également bienveillante.
Alors comment expliquer la mort suspecte de 3 petites filles ?
Autant être clair , je suis passé à côté de ce polar dystopique. Plus dystopique que polar d’ailleurs. En théorie , ce qui aurait dû me plaire ☹. La lecture est agréable mais je n’ai pas été touché. Dommage..
Sophie Loubière nous avait habitué à des thrillers passionnants avec une approche sociétale. Obsolète est un roman d'anticipation tout aussi glaçant et addictif.
Nous sommes en 2224. Toutes les grandes catastrophes climatiques qui nous sont annoncées, sont arrivées et notre mode de vie consumériste a conduit au Grand Effondrement. La population a drastiquement diminué. La fertilité des hommes comme celle des femmes est très basse et il faut s'appliquer à repeupler la terre dans un monde repensé et aseptisé.
Les familles sont regroupées dans des villages gouvernés par une énigmatique grande autorité, la Gouvernance. Tous vivent dans une sorte de bulle. La violence a disparu, l'empathie est à la base de l'éducation, un bracelet implanté au poignet de chacun contrôle les émotions.
En parallèle, pour les femmes, il y a le Grand Recyclage. A 50 ans, ne pouvant plus donner naissance, elles sont devenues obsolètes et doivent quitter la colonie afin que les hommes puissent à nouveau procréer. Pour aller où ? Aucune n'en étant revenue, c'est un grand mystère qu'elles acceptent sans se poser de questions, endoctrinées depuis leur plus jeune âge.
Bravo à Sophie Loubière pour cet étonnant roman d'anticipation, original, féministe et pas si improbable que ça. Ses nombreux personnages sont fouillés, souvent attachants, hommes comme femmes. Elle n'a pas son pareil pour explorer l'âme humaine. Si c'est assez lent, parfois un peu long pour moi, c'est qu'il lui a fallu du temps pour installer cette nouvelle société et la rendre crédible.
Un roman difficile à résumer avec son univers futuriste et ses réflexions sur notre mode de vie, qu'il faut absolument lire.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/07/20/obsolete-de-sophie-loubiere/
"Le grand recyclage était une étape de la vie. Celle d'un passage vers une autre source de joie. Un horizon de lumière et de tous les possibles."
Un long voyage, un tunnel sans fin, la gouvernance territoriale, les cheveux qui se dressent sur la tête, le bruissement des flammes, du Chicomalt, une aube vivante, un parfum de cannelle, une Retirée, le Domaine des Hautes Plaines, deux siècles de tempête, la grâce du plaisir, une colonie de coquillages, des moustiques tropicaux, des documents numériques, des frustrations tenaces, un squelette rouillé, des crevettes rouge vif, la salle des reconstitutions historiques, la réalité du handicap, une nuit de désastre, les stimuli visuels, un bâton de réglisse, une clôture naturelle, une note cristalline, des souvenirs vigoureux, une démarche sereine, des inégalités, ne plus pouvoir faire marche arrière, dupliquer le vivant, un musée de réputation mondiale, les apprenants, la mise en commun d'un capital humain, une grande fierté, un peuple de rituels, une douleur ancienne, tenir des fiches, un satin jaune dragée, un fil tiré à rebours, un mauvais calibrage, un muret de vieille pierre, un univers bienfaisant et confortable, une sentinelle du ciel, une dynamique morbide, un concentré de vitalité, le ruban de l'agonie, le murmure de la terre, un Centre communal d'humification, mettre les choses en ordre, désenraciner sa vie, une cérémonie remplie d'amour, des expérimentations scientifiques, un avis de retrait, un délice amer et sucré, une situation exceptionnelle, une fleur sur des sépultures...
Elle est "petite mais déjà si grande".
Elle pense que son prénom est une fatalité.
Elle aimerait découvrir ce qui reste de la planète...
Elle aimerait se sentir libre de son corps.
Maya sait normaliser, modeler, gérer, organiser, prédire, automatiser, stimuler, résoudre des problèmes...
Depuis longtemps, Rachel se pose beaucoup de questions.
Elle ne croit pas à ce qu'on lui raconte.
Elle sait que tout le monde est surveillé.
Elle a du recul sur certaines choses.
Elle pense que quelque chose ne fonctionne pas avec son bracelet.
Mais elle est prête à faire ce qu'elle va devoir faire.
Il lui reste 28 jours.
Néo ne comprend toujours pas comment les générations précédentes ont si peu anticipé sur les conséquences du réchauffement climatique.
Il adore plonger dans une ville engloutie et y trouver des objets.
Ce roman est génial, original, glaçant, intrigant, surprenant.
J'ai éprouvé beaucoup d'émotions différentes, avec une infinité de nuances, et je me suis aussi beaucoup posée de questions sur la phase d'obsolescence, sur l'euthanasie raisonnée, sur l'évolution d'une société...
" Bonjour, la vie !"
La richesse d'"Obsolète" réside dans sa capacité à peindre un monde futuriste où les échos de notre présent résonnent avec puissance. Sophie Loubière tisse habilement une toile où les conséquences de notre héritage de consommation et de pollution se font sentir deux cents ans après le Grand Effondrement de 2050. Dans cette société dirigée d'une main de fer, où les émotions sont contrôlées et la violence éradiquée, les femmes se voient assigner un destin aussi choquant qu'inéluctable : le Grand Recyclage à l'aube de la cinquantaine.
Ce roman transcende le simple récit dystopique en explorant les thèmes complexes de la maternité, de l'équilibre des genres et de l'adaptation à un monde en mutation. Sophie Loubière offre une réflexion saisissante sur l'évolution des rapports entre les sexes, questionnant avec perspicacité la place des femmes dans une société qui les rend obsolètes après un certain âge.
Mais "Obsolète" ne se contente pas de dresser un tableau sombre de l'avenir. À travers une prose riche et nuancée, l'autrice offre des lueurs d'espoir, suggérant que même dans les périodes les plus tumultueuses, l'humanité peut trouver des voies vers la résilience et la rédemption. Son exploration des technologies du futur, des questions environnementales et des dynamiques sociales est à la fois captivante et profondément pertinente.
"Obsolète" est bien plus qu'une simple anticipation ; c'est un appel à la réflexion, une invitation à envisager notre propre avenir à la lumière des défis qui nous attendent.
« Obsolète » est un thriller dystopique totalement dingue ! Sophie Loubière a imaginé un monde où tout mais vraiment tout se recycle. Écrit ainsi, vous me direz que ça serait un idéal. Oui, enfin pas vraiment et surtout, pour les femmes…
Dorénavant en 2224, même les femmes ont une date de péremption. En effet, une fois atteint l’âge de 50 ans, elles doivent quitter mari et enfants afin de rejoindre le Domaine des Hautes-Plaines. C’est un lieu vendu comme un petit paradis terrestre, où après ce Grand Recyclage, les femmes peuvent y vivre une seconde vie. Quant à sa place dans leur ménage, elles seront occupées par une plus jeune qui, fertile, enfantera d’autres enfants pour contrer le déclin de la population.
Certains, machistes pour la plupart, diront que c’est la vie rêvée pour tout homme. Pourtant, pour les maris de femmes dont l’heure du Grand Recyclage approche, les choses ne sont pas appréciées de la même façon, tout comme pour leurs enfants.
Attention, lecteurs, n’allez pas croire qu’il s’agisse d’un manifeste féministe. Bien loin de là. Non c’est un thriller menant souvent à la réflexion, car dans ce monde futur, les humains sont sous une autorité qui les surveille, jusqu’à leurs humeurs, contrôlées par des bracelets régulateurs.
Le style d’écriture de Sophie Loubière est fluide et tranchant. On aime découvrir ce monde réaliste où chaque détail y a été pensé et travaillé. Malgré quelques petites longueurs, j’ai été souvent agréablement surprise par le récit.
Bref, un thriller dystopique à mettre entre toutes les mains.
Thriller SF dystopique et d'émancipation. Sophie Loubière dans un monde futuriste mais proche, plusieurs intrigues réunis qui nous ferai presque croire à un scénario imaginé par les scénaristes de Black Mirror.
On retrouve de l'intensité et de la réflexion dans cette oeuvre abordant la chute de la civilisation, la fertilité, l'écologie, l'humanité et une enquête pour homicide.
Beaucoup d'émotion, un livre captivant et palpitant, une réflexion sur la péremption et l'obsolescence de l'humain, une multitude de personnages au caractères différents, les genres et les codes sont habillement entremêlés.
Une très bonne surprises.
"Qu'est-ce qu'une femme, au fond, sinon un homme non accompli ? s'interrogeait-elle avec ironie."
"Nous sommes de glaise. Malléables et protéiformes. Asséchez nos coeurs, et nous nous briserons tel du verre."
Nous sommes en 2224 et suite au Grand effondrement survenu en 2050, nos sociétés ont su se réinventer.
Revoir les modes d’habitation pour supporter les températures caniculaires et la montée des eaux. Réinventer des modes de consommation, plus raisonnés. Combattre toute forme de violence ou d’agressivité par la régulation des émotions et le développement de cours d’empathie. Repenser la vie en société en mettant en œuvre des principes d’autogestion. Mais surtout assurer le renouvellement de l’espèce humaine mise à mal par une forte baisse de la population et un effondrement de la fertilité. Et pour cela, la solution trouvée c’est le Grand Recyclage: le départ des femmes de plus de 50 ans vers un exil que l’on leur promet radieux pour permettre aux hommes encore fertiles de fonder une seconde famille.
En dépit d’un conditionnement des son plus jeune âge, ce départ inquiète Rachel, et l’idée de partir avec ses amies n’adoucit en rien l’angoisse de cette séparation. D’autant que d’étranges disparition frappent la communauté.
.
Ce roman est bluffant et complètement addictif. Roman d’anticipation, il est avant tout éminemment réaliste. Très documenté il nous plonge dans un futur qui a tout de probable. C’est aussi un roman policier dont l’intrigue bien qu a priori secondaire prend tout son sens lors de sa résolution. Il nous interroge sur les conséquences de notre inaction face à l’urgence climatique, et il est en ce sens particulièrement éclairant. Mais c’est surtout sur son analyse de la place des femmes qui est brillant. Suffit il d’annihiler les émotions pour faire tout accepter aux humains? Une société qui réduit les femmes à leur fonction reproductrice est elle viable? Quel impact cela a t-il sur le schéma familial? Et qui est le grand ordonnateur de tout ce système?
Autant de question à fois sociologiques, éthiques, voire philosophiques analysées avec beaucoup de finesse.
On ne peut s’empêcher de penser à « la servante écarlate » en lisant ce roman. Sophie Loubiere se pose en digne héritière de Margaret Atwood
Et vous, qu’en avez vous pensé ?
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