J’aime beaucoup les romans de Douglas Kennedy, même si pendant longtemps ses intrigues ont respecté un schéma récurent : un homme (ou une femme) est parfaitement heureux dans sa vie et connait la plénitude et la réussite lorsque d’un évènement vient tout foutre en l’air. Après avoir touché le...
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J’aime beaucoup les romans de Douglas Kennedy, même si pendant longtemps ses intrigues ont respecté un schéma récurent : un homme (ou une femme) est parfaitement heureux dans sa vie et connait la plénitude et la réussite lorsque d’un évènement vient tout foutre en l’air. Après avoir touché le fond, une longue reconstruction s’opère et ses héros finissent par retrouver un semblant d’équilibre, plus mesuré, plus nuancé qu’avant. Depuis quelques romans, Kennedy se détache de cette trame en forme de figure imposé et cela rends sont travail encore plus riche et intéressant. « Mirage », c’est l’histoire de Robyn, comptable, bien les pieds sur terre, qui a épousé sur le tard Paul, un artiste un peu maudit, un peu bohème, très différent d’elle. Mais ils s’aiment et envisagent de faire un bébé. Lorsque Paul organise un petit séjour surprise au Maroc, Robyn se dit que ces vacances en duo vont lui permettre de tomber enceinte. Tout se passe bien, même si une fois sur place elle trouve son mari étrangement nerveux. Et puis un matin, au détour d’un mail reçu, un secret de Paul est éventé et c’est le drame : Robyn, très en colère, quitte la chambre d’hôtel en lui laissant une lettre assassine. Quand elle revient, Paul a disparu, il y a du sang sur le mur et la police locale commence à la suspecter. Commence alors pour la comptable américaine un périple quasi clandestin à la recherche de son mari, à travers tout le Maroc. C’est un très bon cru que ce « Mirage », dépaysant, plein de rebondissement et de suspens. Le personnage de Robyn, auquel on s’attache immédiatement, va connaitre une traversée du désert dans tous les sens du terme, à la poursuite d’un homme dont on a senti dés les premières pages qu’on avait à faire à une sorte de « planche pourrie ». Paul est le genre de type dont on dit à nos copine « Fais gaffe, ce type ne va t’attirer que des ennuis derrière son air charmant ». Un peu plan-plan jusqu’à la révélation de ce fameux secret (que je n’ai pas vu venir d’ailleurs, bizarrement), le roman devient presque alors un roman d’aventure à travers tout le Maroc et Robyn y fera des rencontres pour le pire mais aussi le meilleur. Elle, la féministe, ne devra ironiquement son salut qu’à une burka enfilée prestement. Elle découvrira que son mari est encore plus fragile et instable qu’elle ne l’imaginait, et pourtant, l’affection et une vague culpabilité la pousse à le rechercher encore et encore du Nord au Sud du Maroc. Avec une fin douce amère (mais plus douce qu’amère), Kennedy aura décrit le voyage intérieur d’une femme de 40 ans qui ne s’était jamais vraiment trouvé et qui se découvre elle-même, dans ce pays écrasé de chaleur et aux mœurs si différents de son Amérique natale. Kennedy a beaucoup mis en scène des héros masculins au début de sa carrière, mais je trouve qu’il n’est jamais meilleur que lorsque il choisi de se mettre dans la peau d’une femme, voir « Une relation dangereuse » ou « La poursuite du bonheur ». « Mirage » est un de ses meilleurs romans.
En fait je le recommence après l'avoir abandonné au bout d'une centaine de pages. Là je vais tenter d'aller au bout mais pas convaincue...