"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Aux la tranquillité ! Convaincus par un agent immobilier, Martial et Odette quittent leur banlieue pour passer leur retraite dans une résidence ultramoderne et ultrasécurisée du Sud de la France. Les prospectus décrivaient un univers paradisiaque mais, à leur arrivée, les lieux sont quasiment inoccupés. Quand des gitans s'installent à proximité de leur prison dorée, la paranoïa ne tarde pas à s'installer. Et si la vraie menace venait de l'intérieur ?
Bijou d'humour noir
Un concentré d'humour pour ce petit joyau où le noir persiste... dans l'humour bien sûr, et dans la vie des protagonistes, qui semblait rose aux premières pages et qui s'obscurcit au fur et à mesure.
Tout commence gentiment pour ce petit couple de retraités qui emménagent dans une nouvelle résidence avec grilles, caméra et gardien, où le calme est de rigueur. Ils sont au comble de la joie lorsque d'autres résidents finissent par s'installer aussi, un autre couple et aussi une femme seule. Tout ce beau monde copine autour de la piscine et demande l'intervention d'une animatrice pour les occuper. Nadine investi alors le "club-house" pour concocter des petites après-midi calmes.
Un épisode singulier commence à gripper la machinerie bien huilée ? C'est le gardien qui tue à coups de pelle un chat qui avait réussi à s'introduire dans l'enceinte de la résidence. À partir de là, tout le monde dysfonctionne ! Et le beau petit monde éclate en neutrons indisciplinés...
Les pages se tournent toutes seules, c'est drôle, c'est morbide, c'est formidable et c'est français Madame !
Je ne connaissais pas cet auteur mais faisait plutôt confiance à la maison d'édition Zulma dont j'adore les couvertures géométriques (qui me rappellent les papiers peints de mon enfance) et les choix éditoriaux.
Et puis le titre est à la fois intriguant est superbe...
Seul bémol, un peu court, mais ça peut aussi être un avantage.
La retraite arrivée, Martial et Odette cèdent aux sirènes d'une alléchante publicité pour Les conviviales, une résidence pour seniors, dans une région où le soleil est promis toute l'année. « C'était comme de vivre toujours en vacances ». Un ensemble de petites maisons dédiées au confort, agrémenté d'une piscine et d'un club house, et surtout parfaitement sécurisé, avec caméras de surveillance, clôture électrique et gardien farouche. Le paradis , quoi !!
En réalité, « une espèce de camp militaire, donnant l'apparence glacée d'une carte postale, où tout semblait faux » et "où toutes les maisonnettes se dupliquaient comme autant de monuments funéraires chics et choc »
Martial et Odette sont les premiers arrivants, les autres tardent à arriver, d'abord un couple, puis une femme seule. On s'observe puis on sympathise, on se reçoit, on organise de petites virées. Les Conviviales prennent vie ! …...jusqu'au jour où le gardien leur signale la présence d'un camp de Gitans dans la commune et insiste sur le danger potentiel qu'ils peuvent constituer . Cette annonce anxiogène entraîne une sorte de paranoïa. Ne conviendrait-il pas de s'armer ? L'un des habitants déclare posséder un pistolet..... on discute......les hommes s'entraînent. « Ca va péter ! » prédit-on. Le rêve vire au cauchemar.........justifiant le beau titre à connotation poétique et mystérieuse du roman .
Pascal Garnier montre ici le fonctionnement d'un groupe en vase clos, qui vit une aventure collective . Il observe ses personnages avec une savoureuse ironie mais aussi avec quelque tendresse. S'il épingle leurs défauts, ils échappent ( sauf pour le gardien) à la caricature.
Il regarde avec une certaine indulgence les petites faiblesses de chacun de ces seniors et offre au lecteur l'image de celui qu'il pourrait devenir bientôt (ou qu'il est déjà....)
LUNE CAPTIVE DANS UN OEIL MORT a constitué ma dernière lecture de 2020 . J'ai ainsi agréablement terminé l'année , par cette petite comédie de mœurs douce et cruelle, empreinte d'humour. J'y ai retrouvé le Pascal Garnier dont j'avais déjà apprécié l'art de traiter de choses graves avec poésie et légèreté .
A nouveau, Pascal Garnier a signé une pépite dans le domaine du roman d’atmosphère. C’est tendu et noir mais bourré d’humour grinçant et de vérités. La sécurité est devenue un produit phare de la consommation et particulièrement chez les femmes seules et les gens âgés. Une résidence ultra sécurisée vient de sortir de terre dans le Sud et deux couples et une femme vont y acheter leurs dernières maisons, celle où ils ont l’intention de passer leurs retraites au calme et en paix. Mais c’est sans compter avec l’humain en communauté et ce que cache chacun tant en caractère, cicatrices de la vie, préjugés, faiblesse d’esprit voire de folie.
C’est du Garnier pure souche, suant de talent pour croquer la vie contemporaine et son instabilité et exceller dans des portraits très réussis de la génération vieillissante face à la fin de vie, souvent des proies faciles pour les pièges à rêve...
Je n’ai jamais commencé un livre de Pascal Garnier sans pouvoir faire autrement que le lire d’une traite. Le suspense est prenant. Le travail d’écriture remarquable livre une lecture facile et rapide. Merci aux Editions Zulma d’avoir réédité l’œuvre complète de ce très regretté écrivain d’exception décédé en mars 2010 dans sa maison ardéchoise.
une residence de luxe hyper sécurisée le monde idéal et quand tout part progressivement en vrille, de l'humour noire à souhait mais quelle belle satyre de notre société de consommation angoissante d'aujourd'hui, un livre hors normes.
Pascal Garnier est un auteur méconnu. Je l'ai découvert par hasard sur un présentoir de Virgin ... depuis, je suis un inconditionnel.
Chacun de ses livres est un bijou de lecture, pour 3 raisons.
La première, c'est écrit avec un style simple, imagé, sans prétention, sans chercher à perdre le lecteur dans un labyrinthe de vocabulaire et de grammaire.
La deuxième, c'est l'histoire. Chaque fois, étonnant, surprenant, détonnant. Un mélange de tendresse et de méchanceté.
La troisième, c'est qu'on ne peut jamais lâcher un livre que l'on a commencé.
On a souvent comparé Garnier à Simenon. C'est vrai que cela y ressemble mais Garnier est oh combien plus près de notre quotidien !
Enfin le retraite est là ! et pourquoi ne pas quitter la ville et s’envoler vers le soleil dans une de ces résidences où l’on peut trouver le confort et la sécurité ? maison de plain-pied, piscine chauffée, gardien, club-house le paradis après une vie de labeur…… mais le paradis prend un drôle d’air : les quelques personnes qui on commencé à intégrer la résidence « les conviviales », paisibles retraités, laissent apparaître au fil des jours des failles, des comportements bizarres. Petit à petit Pascal Garnier nous invite à découvrir, crescendo, la face cachée de ces seniors qui semblaient de prime abord faire partie de ces gens que vous croisez tous les jours, de ces personnes avec des existences banales faites de joies, de soucis, d’habitudes, de tics de vieux couple, et puis tout dérape dans la chaleur estivale et le paradis promis se transforme en un enfer où les peurs, les blessures éclatent au soleil.
Magistral roman noir de Pascal Garnier (décédé en 2010) qui en quelques 150 pages nous mène avec un savant dosage vers l’explosion finale. Tranquille la vie de senior ? Hum, pas si sûr !
Avant d’entrer dans le texte, on perçoit ce livre comme un bel objet : couverture originale et classieuse, titre intrigant et planant, prière d’insérer prometteur (sur le livre, sur l’auteur), mise en page lumineuse : un livre à offrir à de bons amis. Un livre à offrir à soi-même également car la lecture en est agréable et pertinente.
Le récit change de genre et de rythme à la mi-parcours. Dans sa première partie, il se fait comédie sociale en installant de gentils personnages - à l’exception du gardien (on y verrait l’inoubliable Dufilho), en retraite aisée dans une résidence méridionale sécurisée. On pense aux gags qu’auraient imaginés Jacques Tati, à l’honneur actuellement ; Pascal Garnier est dans cette veine, jouant du comique de situation (la barrière qui ne s’ouvre plus) ou d’évocation (« Marlène portait un peignoir rayé bleu et blanc et un drôle de petit chapeau pointu du même tissu qui la faisait ressembler à une cabine de bain) »).
A partir de la page 90 rien ne va plus dans l’univers anxiogène du camp retranché, la gentille comédie vire au drame, au drame dur (coups de feu, cadavre à faire disparaître, morts brutales, incendie) et l’auteur fait preuve de la diversité de sa palette qui vire du rose au noir, humour inclus. Derrière les sourires de gens heureux se cachaient de sombres coulisses (trauma de l’enfance, perte d’un enfant, vide de l’existence…). Cette fable sociale allie avec talent une pitoyable comédie humaine au sinistre phénomène contemporain de ghetto de riches. Elle donne à rire et à penser.
Les Conviviales, résidence où la protection et la sécurité sont garanties, accueillent Martial et Odette, Maxime et Marlène, deux couples, et Léa, femme seule, tous séniors. Le gardien est M. Flesh et l'animatrice du club-house, Nadine. Dans cette sorte de huis-clos, la vie s'organise tant bien que mal. Ces séniors ne sont pas exempts de petites lachetés. Ils croient tout ce qui est dit à la télé : insécurité, violences, jeunesse en perdition, ... Certains sont racistes, homophobes. Ni moins, ni plus que les autres. Ce sont des gens normaux tels qu'aime les écrire Pascal Garnier, avec leurs faiblesses, leurs blessures et leurs limites. Comme à son habitude, Pascal Garnier met en place personnages et lieux, gentiment, jusqu'au moment du clash, ici jusqu'à cette fameuse lune captive dans un oeil mort -quel titre formidable !.
J'aime bien les romans de P. Garnier. J'ai bien aimé celui-ci encore, mais j'y ai trouvé quelques longueurs. On se demande parfois dans quelle direction l'auteur veut nous emmener et où lui-même veut aller. Mais je pense aussi que ces questionnements amènent une surprise plus grande quant au dénouement. Pas le meilleur Garnier selon moi, mais tout à fait honorable. Et puis, un auteur qui met en exergue une phrase d'Alain Bashung ("Une poussière dans l'oeil et le monde entier soudain se trouble") mérite forcément qu'on s'arrête un moment sur son livre. Parole d'amateur de Bashung !
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