"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans une petite ville du Maine, la veille de Noël, toute la communauté s'apprête à célébrer les cent ans de Betty Holmes, l'ancienne institutrice. À la stupeur générale, en ce jour de fête, Miss Holmes fait des révélations surprenantes sur une mystérieuse disparition vieille de soixante ans et sur un de ses anciens élèves devenu célèbre. Betty ne verra pas Noël...
Dans cette petite ville du Maine, à la veille de Noël 1999, une cérémonie se prépare pour fêter les cent ans de Betty Holmes, l'ancienne institutrice, devenue muette quarante ans auparavant suite à un drame. Aussi la stupeur règne lorsque Betty, au lieu de souffler les bougies demande à voir l'ancien policier auquel elle a des révélations à faire.
Initialement paru en 2010, ce livre se paie une réédition augmentée par les illustrations de Thomas Ott, en noir et blanc. Ce roman noir et court installe une ambiance très Amérique profonde, dans une petite ville où tout le monde se connaît, se fréquente ou s'évite. De fait, Betty Holmes a vu passer pas mal d'adultes alors bambins dans sa classe.
Joseph Incardona que je découvre avec ce titre a une plume légère et décalée. Il n'est pas avare de situations loufoques, d'interventions de ses personnages dans son histoires, d'humour, d'ironie. "Elle se signa, tira le drap sur le visage de Julie et consigna son rapport au coroner. Et comme d'habitude, le coroner Smith n'y relèverait aucune faute de grammaire ni d'orthographe. En dehors de ses penchants pédophiles, cette petite bite de Rooney [l'ancien instituteur qui a remplacé Betty] n'avait pas eu son pareil pour apprendre à lire et à écrire aux enfants." (p.28)
J'ai aussi beaucoup aimé le fait que si l'histoire est basée autour des révélations de Betty, le roman prend le temps d'écrire sur des personnages secondaires qui ne font qu'une apparition dans l'intrigue mais continuent d'évoluer en marge. Ils peuvent même se demander pourquoi ils sont toujours là.
Bref, ce court roman est étonnant et ménage ses effets, ses surprises pour le plus grand plaisir du lecteur. Rien de superflu, rien de manquant. Format idéal et écriture plaisante qui colle parfaitement au sujet, à l'époque et au lieu.
Choisir un roman simplement parce que sa couverture a attiré votre regard, parce que en y regardant de plus près le nom de l’auteur, Joseph Incardona, vous dit que vous ne risquez rien, parce que vous ne savez rien de ce dont parle cet ouvrage et vous régaler en une soirée de ses quatre-vingt-seize pages : c’est la magie de la lecture.
Un grand plaisir, même… car je trouve que ce roman révèle, s’il en était besoin, toutes les qualités de cet auteur capable, en quelques pages seulement de nous raconter un drame à la manière d’un roman noir mais… bourré d’humour, n’hésitant pas à utiliser tous les poncifs du genre. Ce soir-là, le 24 décembre 1999, la neige tombe à gros flocons sur Durham, petite ville du Maine dans laquelle se prépare un événement majeur : l’anniversaire de Betty Holmes, et pas n’importe lequel puisqu’elle va avoir cent ans le lendemain. Betty était l’institutrice du village, relevée de ses fonctions à la suite de la disparition de trois de ses élèves dont les corps n’ont jamais été retrouvés. Muette depuis ce temps-là, elle va retrouver la parole pour faire une annonce majeure.
Mais, de mon point de vue, l’important n’est pas seulement là. Il se trouve aussi dans l’écriture, enlevée, travaillée, descriptive à souhait et drôle qui plus est. Satire du roman noir américain, l’auteur n’hésite pas à caricaturer personnages et situations. Tout est prétexte à portraits jubilatoires "Sarah regarda le cul parfait de Sally, moulé dans sa blouse une taille trop petite…L’envers valait l’endroit. Les nichons de Sally Duchaussois semblaient être en bisbille avec la fermeture Eclair…", réflexions drolatiques, moments rocambolesques "…David Bloom avait livré trois couronnes mortuaires en lieu et place des bouquets prévus pour décorer le réfectoire." Et je ne spolierai pas la fin, absolument magistrale.
En un mot, un petit récit qui a tout d’un grand. Et, si j’ajoute les superbes illustrations de Thomas Ott et la beauté du papier écru, inutile de vous dire que je ne regrette pas ce choix.
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