"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lyon, 1948. À quinze ans, Marcel est atteint d'un mal contagieux. Lui qui a grandi sans père doit aussi quitter sa mère pour rejoindre le sanatorium de S.
Là-haut, face au mont Blanc, Marcel découvre une société à part, où rode la tragédie malgré le confort et l'abondance. Un lieu d'enfermement mais de liberté pour l'adolescent car, dans les interstices laissés par les soins, avec l'excentrique Scala et la lumineuse Valentine, c'est la vie qui palpite.
Un monde ambivalent, en lutte contre un mal qui lui donne sa raison d'être, chahuté au fil des décennies par les progrès contre la maladie. Et quand elle sera vaincue, quelle trace restera-t-il de ce que Marcel et ses semblables ont vécu ?
Avec cette fresque somptueuse, Adrien Borne ressuscite l'âge d'or des sanatoriums et, contre l'effacement des lieux et des êtres, fait résonner les destins de ceux qui n'ont pas eu le temps de tout.
L'île du là-haut par Adrien Borne, Lu par Xavier Baur, Audiolib, 2024 (1ère édition : JC Lattès, 2024).
Un titre énigmatique, métaphore d’isolement et d’espoir…
Roman d’apprentissage, récit d’enfermement, histoire des sanatoriums, gestion des maladies contagieuses, accès aux soins, histoire familiale, correspondance à sens unique, huis-clos… Ce roman aborde une grande variété de sujets et propose plusieurs clefs de lecture.
Marcel, un adolescent lyonnais, est atteint de tuberculose et doit être interné dans un sanatorium dans les montagnes. Une nouvelle vie lui est annoncée avec un espoir de guérison, là-haut, face au Mont Blanc.
À 15 ans, Marcel, issu d’un milieu modeste, est élevé par une mère méritante. Quand il arrive dans cet établissement, fréquenté par une patientèle relativement aisée, sorte de micro-société à part, où rode la tragédie malgré le confort et l’abondance, il s’interroge sur la provenance de l’argent nécessaire au paiement de son séjour. Le jeune homme qui n’a pas connu son père se cherche des pères de substitution dans ce monde ambivalent : le médecin qui le soigne, un artiste excentrique, d’autres malades… Paradoxalement privé de libertés et livré à lui-même, Marcel noue des relations avec Gabrielle, une soignante, et Valentine, une jeune femme peintre, venue au chevet de sa sœur malade.
Une triple temporalité en alternance de points de vue : la fin des années 1940, les années 1970, de nos jours… Adrien Borne raconte le devenir d’un lieu, l’évolution de la manière de gérer la contagion, l’adaptation de la demande de soins, le souvenir des destins de ceux qui n’ont pas eu le temps de vivre assez longtemps pour se réaliser.
Sceptique au départ, je dois reconnaître que ce roman m’a embarquée. Je me suis attachée à Marcel, touchée par sa solitude et son rapport à la maladie. Les autres personnages sont pertinents, à la fois originaux dans leurs postures et singuliers.
Dans la version audio, une mention spéciale au narrateur, Xavier Baur, qui a su donner vie aux personnages et ressusciter l’atmosphère des sanatoriums, ces lieux de soins où l’on traitait « la peste blanche », nom donné à la tuberculose, reconvertis en maisons de santé pour les pathologies chroniques ou en centre de désintoxication.
Une découverte intéressante qui m’a donné envie de lire les autres livres d’Adrien Borne.
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#Lîledulàhaut #NetGalleyFrance #lesglosesdelapiratedespal
Lyon après la seconde guerre mondiale, Marcel, 15 ans doit laisser sa famille et son ami d'enfance Andréa pour vivre au Sanatorium sur le plateau d'Assy, suite à sa maladie la peste blanche. Marcel vivant dans le quartier adulte du pavillon S de l'établissement de soin rencontre l'excentrique Scala artiste qui travail la cire et de Valentine, occupée à repeindre le mur de la crypte.
Récit historique et d'apprentissage "L'île du là-haut" s'étale sur une longue période alternant trois temporalités. La poésie et les émotions sont très présents. Nous faisons des va et vient entre présent et souvenirs, la plume et simple, des phrases courtes, un style efficace et juste. Les personnages sont attachants, bouleversants, Une tranche de vie au coté des curistes ou résidents du sanatorium.
"Il se souvient. Il se souvient de tout.
Même du cercueil et de l'allée 52, pas si loin du jardin du Souvenir, où Marcel a été enterré et, quelques années plus tard, sa mère Louise avec lui. Sur les pentes de la Croix-Rousse, après avoir rêvé de l'amour sur les pentes d'une montagne autrement plus immense et généreuse.
Il se souvient de sa promesse à lui-même, naïve, adolescente, sincère, infinie, de devenir le médecin qui ne lui a pas sauvé la vie. Comme on entre en religion pour de mauvaises raisons. Comme on fait à l'adolescence, sans demi-mesure, plein et tout entier, sans dévier d'une trajectoire, même très instable. Comme on aime pour une éternité à court terme ou non. Comme on va au bout d'un serment fait à soi-même."
L’île du Là-haut d’Adrien Borne est un roman à la fois intime et historique, qui fait revivre l’époque des sanatoriums, ces lieux isolés, destinés à combattre la tuberculose, cette « peste blanche » qui frappait durement. À travers le regard de Marcel, un adolescent de 15 ans envoyé dans le sanatorium de S. au pied du mont Blanc en 1948, l’auteur partage avec nous le poids de la maladie, de l’enfermement, et les liens fragiles tissés dans ces lieux de soins.
« — Marie Curie, figure-toi. La grande Mme Curie. D’ailleurs, comme toi, elle s’est évanouie d’épuisement à son arrivée. C’était un peu avant la guerre, quelques années avant.
— La dame des sciences ?
— Oui, voilà, la dame des sciences et du Vadium.
— Vadium ? Radium ?
— Exactement. Une tête solide, cette femme... c’est moi qui lui prenais la température, tu sais. Mais elle voulait toujours vérifier le chiffre elle-même, en tenant le thermomètre dans ses doigts brûlés. C’est la science, la science, la science, ces gens-là, c’est quelque chose, les chiffres jusqu’au bout, même pour si peu qu’une température. »
Marcel, déchiré par l’absence de père (inconnu) et la solitude imposée par la maladie, découvre un univers singulier où la vie continue malgré tout, dans un sanatorium pour personnes aisées. Il se lie d’amitié avec Scala, un artiste excentrique qui dessine, sculpte la cire, et Valentine, une jeune femme douce, chargée de décorer la crypte du sanatorium. Ces personnages atypiques accompagnent Marcel dans sa quête de sens, alors qu’il oscille entre le désir de guérison et les émois de l’adolescence.
L’auteur alterne les époques, les années 1948-49, lorsque Marcel arrive au sanatorium et 1970, lorsqu’un sanatorium pour enfants est frappé par une tragédie avec l’éboulement du Roc des Fiz, ainsi que 2018, avec les souvenirs d’un ancien directeur face à un lieu déserté.
« Ce bruit sourd reste l’un des glissements de terrain les plus meurtriers jamais survenus en France. La montagne s’est rompue. Elle a tué dans des proportions inimaginables ou alors est-ce l’homme qui a tué à trop vouloir s’approcher. »
Cette construction narrative, entre passé et présent, tisse une fresque où les paysages grandioses, sublimes, sont autant de mises en exergue des fragilités humaines.
Adrien Borne signe une œuvre poignante, dans laquelle chaque mot résonne comme le souffle court des patients. L’île du Là-haut évoque autant la lutte contre la maladie que les liens fugaces formés dans ce monde suspendu. Une véritable ode à la mémoire et aux fantômes qui peuplent ces lieux abandonnés et oubliés.
Un livre à découvrir sans hésiter !
#Lîledulàhaut #NetGalleyFrance
Marcel a quinze ans lorsqu’il doit quitter sa mère pour aller vivre dans un sanatorium, en 1948.
Cet immense paquebot est un monde à part qui abrite des personnes atteintes de tuberculose, qui isole les malades entre eux, qui les coupe du monde, de leurs amis, de leur vie d’avant.
Adrien Borne, à travers ce roman, rend un immense hommage aux sanatoriums qui n’existent plus. Il nous enjoint à ne pas oublier toutes ces personnes qui ne sont jamais redescendues de la montagne. Celles qui y sont mortes, celles qui ont eu peur de retourner dans le monde des vivants, celles qui ont choisi d’en faire leur vie.
Il nous fait revivre un univers particulier entre la vie et la mort, au grand air, dans une nature faite de parois rocheuse grises. Il nous attache à Marcel, ce jeune adolescent qui va apprendre entre ces murs à devenir un homme, qui va voir ses amis partir, qui va découvrir le désir et continuer à chercher un père qu’il n’a jamais connu.
Il nous parle de ce monde construit autour d’une maladie qui va disparaitre, de silences et nous peint des scènes inoubliables dont celle d’un quai de gare.
C’est touchant, c’est élégant, c’est une page d’histoire qu’il ne faut pas oublier.
Alors qu’il vivait tranquillement à Lyon, Marcel voit sont univers s’écrouler, à l’annonce du diagnostic de la maladie, la peste blanche comme on l’appelait à l’époque. Il est décidé alors de l’isoler et on l’envoie au plateau d’Assy, face au Mont Blanc. Déjà attristé parce qu’il n’a pas pu dire au revoir à son ami d’enfance Andréa, au nom de la contagiosité, il se retrouve isolé de son milieu familial et amical, et exilé loin, très loin.
Après un trajet difficile, il se retrouve au pavillon S, avec des adultes, pavillon que sa mère à choisi pour la qualité des soins, et isolé dans sa chambre pour ne contaminer personne. Seule Gabrielle, l’infirmière lui apporte soins et réconfort. Mais, Marcel a seulement quinze ans, alors, isolé (une fois de plus) au milieu des adultes.
Quand il sort enfin de sa chambre, il faut faire connaissance avec les lieux et les autres patients. Étrangement, lorsqu’il franchit le seuil de la salle à manger, il découvre une poire en cire et il met alors en place un mécanisme de défense : les soins coûtent cher, sa mère (mère célibataire) ne peut pas selon lui payer les soins, alors peut-être s’agit-il d’une attention de son père, dont il ne sait rien ?
Marcel va se faire deux amis, Scala un artiste extravagant qui travaille la cire et Valentine qui est chargée de décorer la crypte (chaque sanatorium a une chapelle pour que les patients puissent se recueillir, prier) tandis que sa sœur malade reçoit des soins dans l’établissement.
A travers l’histoire de Marcel, la dureté de l’isolement, de la solitude des affres de l’adolescence, le sentiment amoureux qui le fait rêver mais souffrir, Adrien Borne nous raconte l’histoire du Plateau d’Assy et des sanatoriums, en axant son récit sur trois périodes qui s’entrecroisent : 1948 avec l’arrivée de Marcel au pavillon S, 1970 avec la catastrophe du Roc des Fiz, où un éboulement massif a entraîné la montagne et le sanatorium, faisant 71 morts dont 53 enfants, et 2018 où un vieux médecin désabusé se souvient de la splendeur passée du plateau.
Evidemment, en 1970, un technocrate, imbu de lui-même parachuté du haut niveau de L’État, décide de tout transformer : il n’y a plus de tuberculeux, alors plus besoin des bâtiments, qui coûtent trop cher alors transformons, transformons, économisons, (la gestion comptable de la médecine était déjà à l’œuvre) …
J’ai adoré ce roman, comme j’ai aimé « Mémoire de soie » et « La vie qui commence » d’Adrien Borne, le ton quasi chirurgical par moment, et la pudeur lorsqu’il aborde les émotions des personnages. J’aime beaucoup le titre : « L’île du Là-haut », qui décrit bien la situation du lieu, le côté isolé de la terre et des hommes et rappelle au passage qu’on surnommait les sanatoriums « les paquebots ».
Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C Lattès qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.
#Lîledulàhaut #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/08/31/lile-du-la-haut-dadrien-borne/
Impression bizarre que cet ouvrage.
Après avoir eu du mal à y entrer, mon intérêt n’a commencé à être titillé. Je voulais connaître les aventures de ce si jeune garçon dans ce sanatorium, avec ses rebellions et amitiés.
Le problème, c’est qu’à la fin de ma lecture, j’ai eu l’impression qu’elle avait été en dents de scie : un chapitre : j’aime, une autre chapitre : bof.
Dommage, car le sujet était bien attirant.
Octobre 1948 à Lyon, Marcel vit avec uniquement sa mère, mais Marcel est malade et doit tout quitter pour le sanatorium de S sur le plateau d'Assy. Envoyé tout là-haut pour essayer de vaincre la tuberculose qui l'envahit, un périple beaucoup trop intense pour un enfant comme lui, surtout qu'il est le seul enfant dans ce sanatorium de "riche". Marcel va petit à petit découvrir les lieux : grand, beau, luxueux, à la recherche de son histoire, et de ce père qu'il ne connait pas.
Là-haut, Marcel découvre une vie d'enfermement, d'attente mais aussi Valentine et ses peintures et Scala, un artiste lui-même, un peu excentrique. A travers le récit de Marcel, quelques chapitres avancent dans le temps pour nous apprendre qu'en avril 1970, la montagne se décroche, en emportant une partie de l'ancien sanatorium.. jusqu'en 2018 où une commissaire priseur encore un homme ayant connu les lieux pour faire la lumière sur des masques retrouvés..
Adrien Borne revient avec cette fresque habilement déroulée pour redonner vie aux sanatoriums et aux fantômes des lieux. Car ce roman est un roman sur la beauté des paysages, la beauté des sanatoriums, sur le temps suspendu, sur les silences, sur l'attente et les émotions. Adrien Borne fait du petit Marcel, un personnage tellement attachant, où l'enfermement ui rend la vie dure mais aussi tellement palpitante auprès de Valentine et Scala.
Happé par l'histoire "semi-historique", par le lieu, par les personnages, j'ai retrouvé la plume que j'avais tant aimée avec "Mémoire de soie" à la fois poétique, tragique, dans l'urgence, où toute la beauté des personnages en sont décuplés. Bref, une nouvelle fois, c'est une réussite, un véritable moment d'évasion à travers le sanatorium de S et cette fin tellement émouvante !
Trois périodes jalonnent ce roman qui se déroule au sein d'un sanatorium de standing pour adultes sur le plateau d'Assy, en Haute-Savoie.
De septembre 1948 à février 1949 : Marcel, 15 ans, tuberculeux y est envoyé par sa mère pour bénéficier des meilleurs soins et des conditions de vie les plus confortables possible. Seul adolescent au milieu d'adultes, il noue deux amitiés improbables : avec Scala, un excentrique, la cinquantaine, qui moule des fruits en cire et avec Valentine, dont la sœur est une patiente et qui décore la crypte du sanatorium de peintures.
L'année 1970 qui voit le sanatorium pour enfants être détruit par un éboulement et celui des adultes voué à la fermeture ou à une reconversion suite à la baisse drastique du nombre de malades.
Juin 2018 : l'ancien directeur du sanatorium pour adultes maintenant complètement à l'abandon, 85 ans, se souvient de celles et ceux qui ont espéré, qui ont été guéris, qui sont morts et dont le souvenir habite ces lieux déserts.
Adrien Borne fait revivre la vie quotidienne d'un sanatorium, non seulement son fonctionnement mais les attentes des malades, leur solitude face à une maladie contagieuse qui faisait peur et dont les porteurs étaient traités comme des pestiférés (d'ailleurs la tuberculose était surnommée la peste blanche). Il décrit l'abandon progressif de ces structures au fur et à mesure que la maladie était éradiquée.
Le personnage de Marcel est particulièrement attachant : élevé par une mère célibataire qui refuse de lui dire quoi que ce soit, il est en quête de son père qu'il croit voir dans chaque homme croisé au sanatorium. Seul enfant/adolescent dans un monde d'adultes, il est perdu mais ressentira bientôt amour et amitié qui le soutiendront dans son combat contre la tuberculose.
Le style de l'auteur est très ciselé avec des phrases très courtes pour Marcel comme si le souffle allait lui manquer mais aussi poétique.
Malgré toutes ces qualités, je ne me suis pas laissée entraîner dans ce roman, je m'y suis même par moment, ennuyée, peut-être par ce que la langue est trop travaillée pour laisser mes émotions s'exprimer ou parce que le monde dans lequel évoluent les personnages a heureusement disparu et m'est par trop étranger.
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