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"Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie.
Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d'une rue, à faire une addition et une multiplication.
Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu'est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu'ils aient une idée de l'homme, il faut qu'ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l'égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la tendresse."
"Il faut d'abord que vous appreniez aux enfants à lire avec une facilité absolue, de telle sorte qu'ils ne puissent plus l'oublier de la vie et que, dans n'importe quel livre, leur œil ne s'arrête à aucun obstacle."
Tel est l'essentiel du message que Jean Jaurès veut passer, en 1888, aux enseignants des plus jeunes enfants. La maîtrise de la lecture, associée à la curiosité naturelle de la jeunesse, ouvrira toutes les portes, pense t'il.
Rédigé avant que le jeune député Jaurès ne devienne socialiste, le message percute de plein fouet l'éducation classique de l'époque. Son "J'en veux mortellement à ce certificat d'études primaires...", certificat qui constituait le graal pour la majorité des élèves en ce début de 21ème siècle, (il y avait en tout moins de cent mille collégiens et lycéens lorsque Jaurès écrit son article), est à cet égard significatif.
Ce message est encore totalement d'actualité : combien d'enfants échouent aujourd'hui en primaire ou au collège en raison d'une mauvaise maîtrise de la lecture ? Sans doute des dizaines de milliers tous les ans...
Pour autant, il n'est peut-être plus suffisant. Les réseaux sociaux et leur immédiateté, le poids des images et la vitesse de leur diffusion, conduiraient sans doute Jaurès à compléter son propos en mettant en priorité très haute, à égalité avec la maîtrise de la lecture, "l'éducation à l'esprit critique"... Car maîtriser la lecture ne suffit plus. Il faut également savoir résister au choc de l'image, recouper les sources d'information pour se faire une opinion, etc.
La lettre de Jean Jaurès reste d'une totale pertinence, notamment parce qu'il pousse à prioriser fortement le contenu des enseignements, mais je ne doute pas que l'auteur l'aurait complétée pour associer "lecture agile" et "esprit critique".
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/10/22/lettre-aux-instituteurs-et-institutrices-jean-jaures-fondation-jean-jaures-dune-actualite-criante/
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