La bibliothèque élégante d'un auteur de polars et thrillers
" Les grands majordomes sont grands parce qu'ils ont la capacité d'habiter leur rôle professionnel, et de l'habiter autant que faire se peut ; ils ne se laissent pas ébranler par les événements extérieurs, fussent-ils surprenants, alarmants ou offensants.
Ils portent leur professionnalisme comme un homme bien élevé porte son costume. C'est, je l'ai dit, une question de "dignité". " Stevens a passé sa vie à servir les autres, majordome pendant les années 1930 de l'influent Lord Darlington puis d'un riche Américain. Les temps ont changé et il n'est plus certain de satisfaire son employeur. Jusqu'à ce qu'il parte en voyage vers Miss Kenton, l'ancienne gouvernante qu'il aurait pu aimer, et songe face à la campagne anglaise au sens de sa loyauté et de ses choix passés...
La bibliothèque élégante d'un auteur de polars et thrillers
Kazuo Ishiguro, un Nobel de littérature incontestable !
Stevens est un majordome dévoué corps et âme à son maître... Quel bilan établir alors que, vieillissant, il sent ne plus être en accord avec les besoins de son nouveau maître ? Car la société anglaise a bien changé depuis l'avant jusqu'à l'après seconde guerre mondiale.
Cette réflexion, Stevens la pensera durant son voyage pour retrouver son ancienne gouvernante, Miss Kenton... devenue Mrs Benn.
Discrétion, loyauté, dignité...quelles autres qualités pour être un "grand majordome" ? De ces qualités résultent des choix : font-ils sens dans le grand mouvement du monde ?
Mr Stevens, majordome a servi avec rigueur et fidélité un lord Anglais pendant environ 35 ans de 1920 à 1955. Suite au rachat de la propriété, son nouvel employeur, un riche américain lui octroie quelques jours de congés. Un voyage à la recherche de Miss Kenton, ancienne intendante lui fait découvrir la campagne anglaise qu’il parcourt avec gourmandise en se remémorant son passé, le faisant ainsi découvrir au lecteur. Un livre magnifique d’où se dégage une atmosphère nostalgique des événements passés avec parfois l’amertume d’avoir raté une occasion, tant la haute estime de son devoir primait toute autre circonstance. Cette parenthèse enchantée offre au majordome l’opportunité de s’interroger sur la façon d’exercer son art, d’évaluer la façon dont il a habité et habite sa fonction comme un véritable sacerdoce. Très belle découverte !
Nostalgie, mélancolie et poésie sont les mots qui viennent à l'esprit à la lecture de ce voyage. De ces voyages devrais-je dire. Voyage physique, voyage dans le temps et voyage intérieur pour ce majordome en pleine réflexion sur l'avenir et sur le sens de son rôle dans la société. Pas une vraie remise en question, il n'en est plus capable.
Vers la fin, un inconnu rencontré sur un banc lui explique que le soir est le meilleur moment de la journée, celui où l'on peut enfin se relaxer après avoir accompli son devoir.
Voilà ce à quoi, Stevens n'a pas droit. Son devoir n'est jamais terminé, pas plus que son apprentissage.
Tout corseté dans sa dignité, il sait qu'il est passé à côté de l'amour et d'une vie d'homme mais se refuse à y penser plus avant et reste avant tout un majordome.
Une ambiance surannée, très "british". Un style à la hauteur du sujet. Une belle oeuvre avec en filigrane cette interrogation : un majordome, aussi grand soit-il, doit-il toujours soutenir son employeur ?
Ishiguro est le plus britannique des romanciers japonais et il le démontre dans ce petit bijou so british. Ce récit à la 1ere personne d'un majordome anglais, Mr. Stevens est plein de délicatesse, de poésie et d'une nostalgie saisissante.
Stevens est majordome depuis toujours. Il a été au service de l'une des plus grandes maisons de l'artistocratie anglaise, à Darlington Hall. Il a toujours exercé ses fonctions avec la plus grande dignité, une discrétion à toute épreuve et un sens du sacrifice qui ont fait de lui un grand majordome. Aujourd'hui, il travaille toujours à Darlington Hall mais au service d'un riche américain qui a racheté la propriété. La tendance au badinage de ce nouvel employeur et les exigences des temps modernes déstabilisent Stevens, qui tente par tous les moyens de reprendre le contrôle de son travail.
C'est l'été 1956 et suite à une lettre de Miss Kenton, ancienne intendante de Darlington Hall, Stevens part en voyage dans le but de la revoir et de lui demander peut-être de revenir travailler à ses côtés.
La contemplation des paysages splendides de la campagne anglaise invite le majordome à se remémorer les moments marquants de son existence, consacrée entièrement à sa tâche, des sacrifices consentis, des amours manquées aussi peut-être.
Imprégné d'une nostalgie douce-amère, le roman d'Ishiguro nous parle du temps qui passe, d'une époque révolue que l'on veut s'appliquer à ne pas regretter :
« Après tout, que pouvons-nous gagner à toujours regarder en arrière, et à nous blâmer nous-mêmes parce que notre vie n'a pas pris exactement la tournure que nous aurions souhaitée ? »
On s'interroge sur notre existence avec Stevens, et tout au long du roman, on se dit qu'il n'est peut-être pas trop tard, que la vraie vie peut encore commencer, pour lui, pour nous?
Sous des faux airs de « Downton Abbey » ce roman invite à l'introspection, grâce à une écriture magistrale qui fait jaillir tout en pudeur l'émotion et la réflexion.
Très envie de découvrir l'adaptation pour le cinéma de ce chef-d'oeuvre!
Quel roman agréable à lire.
On se laisse bercer par cette ambiance "vieille Angleterre" où Stevens, Majordome pour de grandes familles anglaises, se souvient de sa vie consacrée aux autres.
Que l'écriture est fine, maîtrisée. Il y a de la nostalgie, une atmosphère surannée avec ce petit côté désuet, sans oublier le second degré, qui rend cette lecture si apaisante et intéressante.
Un roman pour les lecteurs qui aiment se laisser porter par la beauté des mots.
J'ai énormément apprécié ce livre pourtant que raconte t'il:la vie d'un majordome qui s'est voué corps et âmes au service de châtelains. Cela pourrait être ennuyeux mais c'est tout le contraire, ce livre est magnifique.
Disons-le immédiatement, il ne faut pas s'attendre avec ce roman à une action trépidante. Certains pourront même considérer qu'il ne se passe rien. Et pourtant il s'y passe mille choses qui relèvent souvent de la posture et des non-dits.
Stevens est majordome, un grand majordome probablement, resté au service de Lord Darlington pendant des années puis de Monsieur Farraday, un riche américain qui rachète Darlington Hall après le décès de ce dernier. Monsieur Farraday propose à Stevens de profiter de quelques jours de vacances. Celui-ci décide alors de visiter la campagne anglaise et de rendre visite à Miss Kenton, l'ancienne gouvernante qui a quitté Darlington Hall il y a des années pour se marier.
A l'occasion de ce voyage, qui donnera lieu à de nombreux imbroglios puisque Stevens conduit la luxueuse voiture de son maître, Stevens remonte le fil de ses souvenirs, lorsque Darlington Hall était, dans les années 20, à son apogée et que Lord Darlington était un personnage influent qui faisait venir chez lui les plus grands de ce monde. Stevens nous raconte sa vie de majordome, à servir les autres quitte à s'oublier lui-même. Pour lui, un grand majordome fait preuve de dignité, c'est à dire cette capacité à toujours rester dans son rôle quoiqu'il arrive, que des jeunes servantes au service de Darlington Hall soient renvoyées uniquement parce qu'elles sont juives ou que Miss Kenton, dont il est très proche, quitte le domaine pour se marier. Stevens fait preuve d'un professionnalisme et d'une abnégation à toute épreuve sans jamais exprimer ses propres sentiments. Et du fait de cette position, on se demande, à l'instar de Miss Kenton qui s'interroge sur son propre cas, si Stevens n'est pas passé à côté de sa vie…
Il n'y a pas de regret dans les propos de Stevens mais on sent une certaine nostalgie de cette période glorieuse où les plus grands hommes politiques affluaient à Darlington Hall et où il partageait le chocolat chaud du soir avec Miss Kenton. Et dans une tentative désespérée de faire revivre cette époque bénie, Stevens entreprend son voyage dans l'espoir de faire revenir Miss Kenton à Darlington Hall. A travers son récit, Stevens essaye également de réhabiliter Lord Darlington qui joue un rôle flou auprès des Allemands tant après la première guerre mondiale qu'au moment du nazisme. Il y a de l'humour également dans ces "Vestiges du jour", de l'humour anglais pince-sans-rire, notamment lorsque Stevens s'interroge véritablement sur son peu de répartie face à Monsieur Farraday ou lors de ses rencontres avec les "locaux de l'étape".
Je n'ai pas vu le film avec Anthony Hopkins et Emma Thompson mais je suis curieuse de savoir comment le réalisateur a réussi à sauter d'une époque à l'autre, des années 20 aux années 50 pendant lesquelles Stevens entreprend son voyage. En tout cas il ne faut définitivement pas passer à côté du livre qui est une merveille…
La critique complète sur : https://riennesopposealalecture.blogspot.com/2018/12/les-vestiges-du-jour-de-kazuo-ishiguro.html
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