"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Delft, novembre 1667. Magdalena Van Beyeren se confie à son journal intime. Mariée très jeune, elle a dû renoncer à ses rêves d'aventure sur les bateaux de son père, administrateur de la Compagnie des Indes orientales. Là n'est pas la place d'une femme... L'évocation de son enfance, de sa vie d'épouse et de mère va lui permettre l'aveu d'un lourd secret et de ses désirs interdits. Inspiré par un tableau d'Emmanuel De Witte, ce premier roman lumineux, coup de coeur des lecteurs et de la presse, dessine le beau portrait d'une femme droite et courageuse dans le peu d'espace qui lui est accordé.
Livre qui ne laisse pas indifférente. Par son écriture précise, lumineuse et sincère, Gaëlle JOSSE nous baigne dans l'intimité d'une femme dans les années 1700 qui ne peut vivre la vie qu'elle aurait souhaitée. Elle se confie
à son journal intime et évoque son enfance, sa vie d'épouse puis de mère. Le destin professionnel qu'elle avait dessiné ne pourra malheureusement jamais s'accomplir puisque FEMME.
Ce court roman est un bijou!
GAELLE Josse a un style fluide, économe, très visuel et poétique à la fois.C'est un plaisir de plonger dans le 17 eme siècle partager la vie et les pensées de Magdalena à Delft. Très bonne idée d'en avoir fait la narratrice du récit, on est ainsi dans une proximité avec elle , on éprouve de l'empathie.
Magdalena est issue de la bourgeoisie flamande, elle assiste son père armateur, dans le commerce des épices et se montre travailleuse et rigoureuse.
.Elle épouse Pieter un capitaine de navire dépourvu de fortune . le père de Magda lui cède sa charge.
Les enfants grandissent. Pieter et Magdalena ne se connaissent plus comme mari et femme. Magda se sent vieillir et est recluse dans des heures silencieuses,
Alors elle demande à un artiste de la peindre de dos et c'est ce tableau que l'auteure explore pour aboutir à un récit.
Très court roman de quatre vingt neuf pages qui est écrit comme un extrait de journal intime de Magdalena Van Beyeren et qui se situe à la fin du XVIIème siècle en Hollande. Elle rêvait de faire comme son père, arpenter les mers et gérer la compagnie des Indes orientales. Mais parvenue à l'âge d'être femme, elle a dû renoncer à ses rêves et devenir une épouse modèle.
Même si elle a des idées d'avant-garde, notamment en ce qui concerne la capacité des femmes à gérer les affaires, elle accepte volontiers de se soumettre aux diktats de la société de l'époque : une femme se doit d'être exemplaire et d'être au service de son époux.
L'écriture de ce roman, d'une très grande douceur, est un véritable régal où chaque mot est pensé et où la construction de phrase fait qu'on le lit comme on regarde un peinture. On prend le temps de s'arrêter, de savourer chaque moment.
Merci à l'auteur pour ce très beau cadeau.
https://quandsylit.over-blog.com/2023/04/les-heures-silencieuses-gaelle-josse.html
Quelle est cette femme vue de dos sur le tableau d'Emmanuel de Witte peint au 17ème siècle. Gaëlle Josse nous la décrit avec délicatesse, simplicité, poésie malgré ses tourments et ses frustrations.
Magdalena Van Beyeren fut une jeune fille aimante, envers sa famille. Puis une femme amoureuse, de son mari. Mais celui-ci, après un accouchement qui a failli coûter la vie de son épouse, décide de la protéger en délaissant le lit conjugal.
Magdalena se confie à son journal intime...
Un court roman inspiré par un tableau où le personnage principal tourne le dos au peintre. C'est un peu comme si l'héroïne du roman se refusait à regarder la vie en face...
Ce n'est pourtant pas la tonalité du livre, une sorte d'autobiographie couchée sur un journal intime. Magdalena occulte peu de 20 années de sa vie, entre 16 et 36 ans. Seul le dénouement n'est pas totalement assumée par celle qui est devenue une femme mûre, écoutée par son époux mais affectivement délaissée...
Il faut saluer l'écriture de Gaëlle Josse, à la fois riche et facile à lire. Ce premier roman est une très belle réussite. Au point qu'on se prend à regretter que l'autrice n'ait pas broder un peu plus autour du destin de son personnage principal.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.unblog.fr/2022/12/23/les-heures-silencieuses-gaelle-josse-jai-lu-intimiste/
Tandis que les autres épouses des notables de Delft s’enorgueillissent de leurs portraits peints à la nouvelle manière de Vermeer - qui, balance en main devant ses bijoux, qui, écrivant une lettre dans son intérieur bourgeois -, Magdalena choisit, elle, le peintre De Witte, pour se faire représenter de dos, jouant de l’épinette dans l’intimité de sa chambre, ouverte sur l’enfilade des autres pièces de sa calme demeure. Saisissant l’invite que nous adresse ce tableau, Gaëlle Josse nous entraîne à la rencontre de cette femme, dans le secret de son existence ordonnée de digne maîtresse de maison, comme il sied, en ce XVIIe siècle, à l’épouse de l’administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.
Malgré les capacités dont elle fait preuve très tôt aux côtés de son père dans l’administration de ses affaires, Magdalena n’est que la fille aînée d’une riche famille d’armateurs sans héritier mâle. C’est donc à son mari, Pieter van Beyeren, que revient la charge paternelle à la tête de la compagnie maritime, pendant que Magdalena se retrouve bien vite absorbée, au fil de ses couches successives, par la gestion domestique du foyer.
A cette époque, quand ce n’est pas la mère qui meurt en couches, il faut bien des naissances pour que la mortalité infantile laisse, rescapé de la douleur, quelque concret espoir de descendance. Bienheureuse Magdalena, qui, aujourd’hui, après tant d’épreuves et de deuils, en est à s’inquiéter du mariage de ses aînées et de l’éducation de ses trois autres enfants survivants, quand sa malheureuse sœur Judith connaît l’infortune d’être bréhaigne. Pourtant, à trente-six ans, après un ultime enfant mort-né qui a bien failli l’emporter dans la mort, il lui faut se plier au choix de son mari de cesser entre eux tout commerce conjugal, au nom d’une prévenance qui ne coûtera sans doute à cet homme que le prix de quelque courtisane, pour le raisonnable avantage de ne pas risquer de perdre une mère pour ses enfants et une conseillère précieuse pour ses affaires.
Pas plus qu’enfant Magdalena n’a jamais soufflé mot du terrible drame dont elle fut témoin et qui la ronge encore dans ses cauchemars, rappelant au passage combien incertaine et dangereuse la vie demeure, même au sein de ces habitations cossues, cette femme mûre avant l’âge n’a l’habitude, ni de s’épancher, ni de s’apitoyer sur son sort. C’est donc sur un ton égal et mesuré, en une parenthèse brièvement ouverte dans une existence affairée qui se hâtera de la rappeler à elle, qu’elle confie à quelques feuilles de papier que personne ne parcourra jamais, afin, écrit-elle, « de mettre de l’ordre dans mon cœur, et un peu de paix dans mon âme », les peines et les joies qui, en toute discrétion, ont jalonné sa vie de femme toujours maîtresse d’elle-même. Dans son dévouement aux siens et à la marche de sa maison, dans sa loyauté à un époux qui l’estime et la respecte avec la même équanimité un peu distante, enfin dans sa circonspection vis-à-vis de l’agitation du monde et des coups du sort de la fortune - un navire étant si vite perdu ou une cargaison si facilement gâtée, la peste ou le simple fait d’enfanter vous fauchant avec une telle facilité -, transparaissent les inquiétudes d’une femme consciente que son existence bourgeoise ne la garantit nullement de la fragilité de la vie, et que le bien-être de sa famille, tout comme l’avenir de ses enfants, nécessitent un investissement de tous les instants.
Ce premier roman de Gaëlle Josse révèle déjà une plume pleine de musicalité, de finesse et de sensibilité, capable de rendre vie en très peu de pages, à partir d’un tableau qui a traversé les siècles et sans aucun doute d’une certaine imprégnation de ce que l’on connaît du XVIIe siècle néerlandais, à une femme criante de vérité dans la moindre facette de sa personnalité, de ses émotions, de son expression écrite et de son contexte historique. Une narration passionnante, pour tous les amoureux de la peinture, de l’histoire, mais aussi, tout simplement, des textes inspirés et bien écrits, auxquels cette auteur nous a désormais accoutumés. Et une lecture qui, par hasard, entre tout à fait en résonance avec une autre ces derniers jours : Un regard bleu de Lenka Hornakova-Civade.
Dans son premier roman, Gaelle Josse part d'un tableau du 17è siècle peint par Emmanuel de Witte : "Intérieur avec une femme jouant de l'épinette".
Portes et fenêtre nous permettent à notre regard de traverser la maison.
Au premier plan figurent un uniforme et une épée suggérant la présence d'un homme dans le lit, puis une femme représentée de dos jouant sur son clavecin puis une servante affairée à laver le sol au fond.
Quel mystère , quels évènements peuvent se cacher derrière cette représentation ? Pourquoi cette femme n'a pas voulu être représentée de face, comme si elle souhaitait taire quelque chose ? Un drame intime ne se cache t'il pas ici ? L'auteur propose sa version en imaginant une femme prénommée Magdalena qui va livrer à un journal intime ce qu'elle ne peut dire ouvertement. sa vie de famille, le drame qui va bouleverser sa vie et ses désirs inavouables. Un plaisir de lecture, tout dans ce que livre la narratrice est doux, ouaté, en quelque sorte à l'image du tableau ...
Dans ce court roman Gaëlle Josse nous dresse le portrait de Magdalena épouse du directeur de la Compagnie des Indes à Delft. Son journal qui courre sur les mois de novembre et décembre 1667, peint par petites touches une femme et rappelle le tableau de la couverture dont il est aussi question dans le roman.
J’ai beaucoup aimé ce roman délicatement écrit empreint de ses heures silencieuses où Magdalena se livre dans le calme de sa chambre. Le personnage revient sur son passé, ses parents. Jeune fille intelligente, elle a pu grandir à côté de son père . Mais, son statut de femme ne pourra lui permettre de reprendre l’affaire paternelle. Elle raconte sa rencontre avec son mari, sa vie de mère avec ses joies et ses drames face à la perte d’un enfant, ses désirs inavoués, sa culpabilité rentrée. Les pages sont ainsi empreintes d’une mélancolie qui nous touche. Magdalena nous livre ses tourments, ses secrets, son cœur aussi avec une infinie simplicité et l’ensemble retentit en nous. L’écriture inspirée et poétique de Gaëlle Josse se confond merveilleusement avec les mots de Magdalena. Se devine même au-delà une peinture de cette société bourgeoise où la femme est avant tout épouse et mère et où les plaisirs comme la musique offrent un baume sur l’ennui des jours.
On imagine lire ses heures silencieuses devant un âtre qui crépite à la lueur de bougies qui nous transportent au plus près de cette femme d’un autre siècle.
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