L'Émerveillement se propose d'étudier la notion de présence telle qu'elle s'énonce dans la littérature et la peinture des XIXe et XXe siècles.
De fait, les plus grands poètes comme les plus grands peintres - Valéry, T.S. Eliot, Pavese, Celan, Ritsos, Lorca, mais aussi Van Gogh, Cézanne, Matisse, Chirico, Bonnard, Chagall - ont construit leur oeuvre autour de cette interrogation. Bonnefoy en a fait une pièce maîtresse de sa poésie, tout comme Pessoa ou Rilke ; Giacometti l'a maintes fois invoquée, Balthus aussi, et Kandinsky ; et dans le champ critique, le terme est employé tour à tour par Lévinas au sujet d'Apollinaire, par Didi-Huberman à propos de Tapiès et par Dupin pour l'oeuvre de Miro. - Tout a beau séparer les mondes techniques et créatifs de ces poètes et de ces peintres, la notion centrale de présence permet de les envisager ensemble, en ce qu'elle engage chaque fois un rapport à la question de l'être.
Qu'est-ce qui se dit en effet de l'être, de l'être-là, de l'être au monde, quand Butor dit des toiles de Rothko qu'elles sont des mises en scène de la présence ? Qu'est-ce qui prend valeur ontologique quand Blanchot pense la question de la présence dans la poésie héritière du romantisme allemand ? Qu'est-ce encore qui se dit quand Philippe Lacoue-Labarthe parle de la présence dans l'expérience de l'extase en poésie ?
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